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La Poésie Doit-Elle Nécessairement Embellir Le Monde Réel?

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n ruines » qui « est morte depuis longtemps » mais où les gens sont toujours présents. Il y a des enfants par « équipages » dans des autobus et dans les jardins et des « trains bondés », mais il donne le sentiment qu'ils avancent sans savoir où ils vont, comme si le temps s'était arrêté autour d'eux. On pourrait imaginer que ça se passe l'hiver (« lèvres gercées »), pendant la période de noël, puisque le poète fait référence à des vitrines de magasins ainsi qu'à des « robes [...] pailletées de diamants ». Mais il parle aussi de « poupées de laine » et d'« oiseaux bleus en carton » qui peuvent faire penser aux cadeaux des enfants cités dans le poème. L'évocation de cette période permet alors d'embellir le côté sombre de la ville et de faire rêver les gens qui s'y trouvent. Le temps est donc une notion importante chez certains poètes, puisqu'il fait souvent référence à la rêverie qui embellit, alors que les choses négatives qui s'y passent sont effacées.

Deuxièmement, dans la poésie lyrique amoureuse, le poète laisse parler ses sentiments, ce qui peut parfois accentuer sa vision des choses et donc détourner de la réalité. Malherbe dans son sonnet à Caliste, fait le mythe de cette dernière en disant qu'« il n'est rien de si beau » que sa beauté et que « C'est une œuvre où Nature a fait tous ses efforts » dès les premiers vers. Il va jusqu'à dire qu'elle n'est pas « chose mortelle » et que « sa voix ressuscit[e] les morts ». Le poète est tellement éblouit et ressent tellement de choses pour Caliste qu'il en perd la raison (« Qu'en dis-tu ma raison? ») et s'éloigne du possible en faisant la mythification de celle qu'il aime. Son amour prend le dessus sur sa raison. De la même façon Pierre de Ronsard fait l'éloge de sa bien aimée dans son poème Une beauté de quinze ans enfantine, puisqu'il parle de « beauté divine » et il prétend qu'elle peut « faire jours les nuits » et qu'elle peut acheminer les âmes jusqu'aux Astres. Il compare aussi son col à de la neige ou sa gorge à du lait. Il termine en comparant ses charmes à des « sorciers » qui ont su charmer sa raison. Il s'éloigne donc ici de la réalité grâce notamment à des métaphores qui témoignent de l'intensité de ses sentiments, ce que provoque bien le lyrisme.

Alors que d'un côté certains poètes embellissent bien la réalité, soit pour faire face au temps trop court, soit inconsciemment en étant dépassés par leurs sentiments, d'autres tentent au contraire de la montrer telle qu'elle est pour provoquer certaines réactions chez les lecteurs.

Pour cela nait notamment la poésie engagée : l'art est alors mis au service d'une cause. Mais le poète peut aussi décider de mettre en valeur des choses horribles, différentes de ce que les gens connaissent et de ce à quoi ils sont habitués.

Dans un premier temps, le poète, à travers la poésie engagée, décide de se servir de son pouvoir d'expression pour desservir une cause qui le touche. Dans Mélancholia, Victor Hugo dénonce l'injustice du travail chez les jeunes gens. Ici il s'agit d'une jeune orpheline de dix-sept ans seulement, qui doit se battre seule pour se nourrir elle ainsi que ses enfants, alors que son mari « est au cabaret pendant qu'elle travaille ». Il la décrit comme « maigre, blême » et seule, livrée à elle-même face au monde qui se moque d'elle. Il explique qu'elle est restreinte à vendre tout ce qui lui reste de précieux (« Tout est vendu! ») pour pouvoir combler ses besoins puisque tout est très cher, autant l'huile que le bois et le pain. A la fin, il ne lui reste même que la solution de la prostitution. Le lecteur a ici pitié de cette jeune-femme et c'est ce que recherche le poète dans cet écrit. Il veut provoquer une prise de conscience chez tous ceux qui le liront. De la même façon, Rimbaud cherche à rendre compte de l'horreur et l'injustice de la guerre dans Le Dormeur du Val, puisqu'il met en valeur l'innocence du cadavre d'un soldat, mort au combat et livré au sort que lui réservera la nature. Cette innocence est accentuée par l'association de ce cadavre à un dormeur (« dort », « dans son lit vert », « il dort », « il fait un somme », « il dort ») et le nomme d'ailleurs ainsi directement dans le titre du poème. Mais il ne cherche pas à cacher ce qui est arrivé à cet homme. Il dit à la fin qu'« il a deux trous rouges au côté droit » qui sont le résultat des balles qui l'ont tué. Lorsqu'il dit « il a froid » il peut peut-être imaginer cela en raison du teint pâle du cadavre. Ce sort est d'autant plus injuste que, comme Rimbaud le souligne, il s'agit d'« un soldat jeune ». Le lecteur a alors également pitié de ce pauvre soldat qui a perdu toute la vie qu'il avait encore devant lui dans un combat injuste. La poésie engagée montre donc bien la réalité telle qu'elle est puisqu'elle la révèle.

Dans un deuxième temps, le poète peut également choisir de parler de choses horribles et macabres qui divergent totalement de ce que les gens ont l'habitude de lire dans les poésies et qui est donc loin du traditionnel et du beau. Par exemple, dans La Ballade des pendus de Villon, il nous décrit d'une manière assez crue la situation du corps des pendus après

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