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Cartels

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e fixation des prix. Ce faisant, les firmes du cartel cherchent à échapper à la situation d’interdépendance stratégique présente sur les marchés concurrentiels. Cette interdépendance stratégique consiste pour chaque firme du marché à ne pas connaître la politique de prix choisie par ses concurrentes. Le profit de chaque firme dépend du prix qu’elle choisit, mais également du prix choisi par chacune des firmes concurrentes. L’objectif d’un cartel consiste donc à acquérir un pouvoir de marché suffisant pour passer d’une situation de concurrence où les firmes subissent le prix déterminé par l’offre et la demande à une situation où le cartel peut imposer le prix de marché que ses membres ont choisi d’un commun accord. On peut lister plusieurs facteurs influençant la formation de cartels.

* Elasticité de la demande

Si l’action du cartel est fondée sur la fixation des prix, la profitabilité d’une augmentation artificielle des prix par le cartel sera liée à l’élasticité-prix de la demande. L’élasticité-prix de la demande mesure le comportement des consommateurs lorsque le prix d’un produit augmente. Précisément, elle mesure le degré de sensibilité de la demande aux variations de prix.

L’élasticité-prix, notée ep est définie par :

Généralement, l’élasticité-prix est négative, ce qui traduit qu’une hausse du prix d’un bien entraîne une baisse de la demande de ce bien. Par exemple, signifie qu’une hausse de 10% du prix d’un bien sera suivie d’une diminution équivalente de 10% de la demande de ce bien. Si la demande sur un marché est inélastique ou peu élastique, c’est-à-dire que , cela signifie qu’une forte hausse des prix du bien proposé par la firme ne se traduira que par une petite baisse de la demande, donc une faible perte de part de marché pour la firme qui augmenterait le prix de son produit. Autrement dit, sur un marché présentant cette caractéristique, la clientèle est captive. Par conséquent, une augmentation artificielle des prix par un cartel ne serait pas trop pénalisante dans le sens où les firmes n’appartenant pas au cartel ne gagneraient que de faibles parts de marché.

L’élasticité-prix des produits de première nécessité est faible car il existe peu de produits substituables. Prenons l’autre exemple d’un homme d’affaire qui doit se rendre fréquemment dans un autre pays. Il ne peut pas envisager d’autres moyens de transport que l’avion. Aussi, même si le prix du billet d’avion augmente de manière significative, suite par exemple à la hausse du prix du pétrole, il n’aura pas de produit de substitution et sera contraint de supporter ce surcoût. Ce deuxième exemple fournit une première explication de la formation du cartel des suppléments carburant.

* Homogénéité des produits

L’atteinte d’un accord de fixation des prix entre les membres d’un cartel dépend crucialement du degré d’homogénéité des produits proposés sur le marché par les différents membres d’un cartel. Les produits offerts sur un marché sont homogènes lorsqu’ils possèdent des caractéristiques semblables. Autrement dit, deux produits homogènes sont perçus de manière identique par les consommateurs. L’homogénéité des produits est l’une des cinq hypothèses satisfaite par les marchés de concurrence pure et parfaite. Rappelons que ces cinq hypothèses sont : atomicité, homogénéité des produits, information parfaite, libre entrée, mobilité parfaite des facteurs de production.

Considérons un marché sur lequel les produits vendus sont hétérogènes, par exemple par ce que les coûts de production varient fortement selon les firmes implantées sur ce marché. En raison de ces différences de coûts, le prix choisi en commun par les membres d’un cartel n’apparaîtra pas aussi intéressant et profitables à toutes les firmes du cartel. La formation de cartels semble donc plus probable sur des marchés où les produits vendus sont homogènes. Parmi les marchés dont les produits sont homogènes, on trouve les marchés des matières premières et les marchés des produits agricoles.

La chaîne de production d’un bien peut être représentée par un segment de droite allant de la matière première au bien final en passant par un ou plusieurs biens intermédiaires. Il est raisonnable de penser que le degré d’homogénéité des biens n’est pas croissant au fur et à mesure que l’on avance sur le segment de droite en direction du bien final. C’est l’une des raisons pour lesquelles les marchés des biens intermédiaires sont davantage propices à la formation de cartels que le marché du bien final. Ce type de biens n’est pas directement vendu au grand public, ce qui explique pourquoi le grand public ne semble pas très concerné par l’actualité du démantèlement des cartels. Une exception notable est le cas du cartel des télécoms. La téléphonie mobile est en effet un bien final directement vendu au grand public, l’utilisateur final.

* Taille et concentration du marché

Un cartel aura davantage de facilité à se former lorsque le marché est de type oligopolistique ou s’il est fortement concentré. D’une part, le groupe de firmes composant le cartel doit représenter une grande partie des parts de marché (forte concentration). D’autre part, la coordination indispensable à l’intérieur d’un cartel nécessite la présence d’un petit nombre de firmes dans le cartel, et donc sur le marché. Si le nombre de firmes sur le marché est trop important, l’une d’elle doit tenir le rôle de coordinateur du cartel. La plupart du temps, la firme dominante jouera ce rôle.

D’un point de vue théorique, l’étude des oligopoles ne peut pas se faire par une analyse néo-classique de concurrence pure et parfaite. En effet, la présence d’un petit nombre de firmes sur un marché viole l’hypothèse d’atomicité et entraîne une interdépendance stratégique entre les acteurs du marché. Précisément, la stratégie de marché choisie par une firme (prix du produit, quantité produite, publicité et marketing) va influencer le profit de ses concurrentes, et dans le même temps, les stratégies choisies par ses concurrentes auront un impact sur le profit de la firme.

Ces situations d’interaction stratégiques oligopolistiques ont été modélisées au XIXème siècle par Cournot (1838) pour une compétition sur les quantités et par Bertrand (1883) pour une compétition sur les prix. Ces modèles sont les ancêtres de la théorie des jeux. A titre d’illustration, considérons une situation simplifiée à l’extrême dans laquelle deux firmes identiques, notées 1 et 2, se font concurrence sur un marché. Les firmes se sont entendues sur un accord fixant des prix plus élevés que ceux déterminés par l’offre et la demande. Dans les faits, chaque firme peut choisir de respecter l’accord, c’est-à-dire de fixer un prix élevé, ou de violer l’accord, c’est-à-dire de fixer un prix plus faible, par exemple le prix d’équilibre concurrentiel.

Si chaque firme respecte l’accord du cartel, les profits sont très élevés, disons 10 millions de dirhams pour chacune des deux firmes. Mais si la firme 1 ne respecte pas l’accord du cartel alors que sa concurrente le respecte, une plus grande partie des consommateurs se tournera vers la firme 1 qui propose un prix plus faible. Dans cette situation, on suppose que le profit de la firme 1 sera de 13 millions de dirhams et celui de la firme 2 de 3 millions de dirhams. Enfin, si chaque firme viole l’accord du cartel, on retrouve la situation de duopole concurrentiel et on suppose que chaque firme fait un profit de 6 millions de dirhams. Il est commode de représenter les profits des deux firmes dans les différents cas de figure par le tableau ci-dessous :

| Prix élevé | Prix faible |

Prix élevé | (10, 10) | (3, 13) |

Prix faible | (13, 3) | (6, 6) |

Les choix de la firme 1 sont en lignes et ses profits correspondent au premier chiffre entre parenthèses dans le tableau. Les choix de la firme 2 sont en colonne et ses profits correspondent au premier chiffre entre parenthèses dans le tableau. Dans un tel accord de cartel, si une firme respecte l’accord, l’autre firme a intérêt à ne pas le respecter puisque son profit passerait de 10 à 13 millions de dirhams. De plus, si une firme ne respecte pas l’accord, alors sa concurrente a également intérêt à ne pas le respecter (profit de 6 contre un profit de 3 en cas de respect de l’accord). Autrement dit, en toute circonstance, il est dans l’intérêt de chaque firme de ne pas respecter l’accord. Le cartel semble donc instable. Malgré tout, remarquons que la situation dans laquelle les deux firmes respectent l’accord est préférée collectivement par les deux firmes mais ne résiste pas aux choix égoïstes et individuels de chaque firme.

Une des raisons qui expliquent la durabilité dans le temps des cartels est que la situation d’interaction stratégique est répétée de mois en mois, contrairement à l’exemple ci-dessus. Dans ce type de contexte dynamique, chaque firme va trouver dans son intérêt de respecter à long terme l’accord de cartel plutôt que d’encaisser un surplus de profit immédiat qu’elle réaliserait en violant l’accord, mais qui serait ensuite suivi de profits concurrentiels plus faibles que ceux obtenus en présence de l’accord de cartel. C’est de type de stratégie de réciprocité à

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