Concept Pudeur

point de vue psychanalytique, la pudeur existe chez tout sujet normalement structuré et se forme dès les premiers mois de la vie. Elle participe à la construction de l’autonomie physique et psychique du nourrisson. Elle permet d'établir des frontières entre l’intérieur et l’extérieur du sujet. La pudeur est au départ naturelle puis, devient culturelle variant suivant l'éducation et l'environnement social, culturel et historique des sujets.

Cette évolution de la pudeur se retrouve dans l'art et dans la représentation artistique des corps. La préhistoire peint de façon exagérée les parties intimes. L'art grec porte une grande attention au corps. Puis au Moyen-âge le simple nu devient indécent, on commence à cacher la nudité sous le joug de la religion et du Péché Originel. A la renaissance, le nu revient dans l'art mais le nu féminin se charge d'une connotation érotique qui choque les mœurs. Aujourd'hui, il y a un bouleversement socio-culturel des comportements depuis la libération sexuelle, la représentation artistique du nu est acceptée et les pratiques ont évolués (nudisme, nudité en famille) jusqu'à une banalisation de la luxure.

2) Les définitions du concept :

Il existe de nombreuses définitions de la pudeur. Le Petit Larousse 2000 définit la pudeur comme une « Discrétion, retenue qui empêche de dire ou de faire ce qui peut blesser la décence (...). Réserve de quelqu’un qui évite de choquer, de gêner moralement,(...). Délicatesse ». « Avoir la pudeur de » est ainsi une attitude de retenue qui empêche de dire, écouter ou faire certaines choses pouvant blesser la délicatesse d'autrui. Une autre définition la caractérise de « sentiment de gêne qu'éprouve une personne à se montrer nue ». « Avoir de la pudeur » est ainsi un sentiment de gêne à l'égard de ce qui peut entamer l'estime de soi et qui interdit le regard d'autrui sur sa vie intime. On distingue alors la pudeur corporelle (ne pas faire quelque chose) et la pudeur verbale (ne pas dire quelque chose).

D'un point de vue étymologique, la pudeur est issue du latin « pudor » signifiant la honte, la modestie ou encore la timidité. La notion de pudeur est également liée à la nudité et la sexualité (tradition religieuse). Elle semble universellement présente mais extrêmement relative due aux différentes cultures et aux différentes interprétations dans chaque civilisation.

En 1975, apparaît une définition juridique de la pudeur « c'est un instinct moral qui interdit de montrer certaines parties du corps en raison de ce qu'elles se rattachent à l'acte sexuel, ou de faire devant d'autres personnes des gestes sexuels, des exhibitions ayant pour effet soit d'éveiller certains désirs chez autrui, soit de provoquer sa répulsion en raison de leur obscénité ».

3) Les attributs ou caractéristiques :

La pudeur peut se traduire par un isolement de l'espace public pour découvrir tout ou une partie de son corps ou pour une discussion intime. C'est une volonté de soustraire à la vision d'autrui un certains nombres d'actes, de pensées et de présentations de soi en s'isolant par des moyens variés et variant selon les époques lieux et individus. C'est aussi une retenue dans les sentiments et un respect de la sphère privée d'autrui.

4) L'utilisation du concept dans la pratique professionnelle en général et en particulier dans le texte :

Certains soins ou examens nécessitent d'exposer au regard d'autrui les "parties honteuses" du corps et les patients y sont différemment sensibles du fait de leurs croyances, de leurs vécus, de leurs singularités. Le regard sur soi peut être difficile pour la personne malade qui ressent une intrusion dans sa sphère intime.

Le soignant doit avoir de la décence et une conscience professionnelle pour ne pas choquer le patient. Il est important de ne pas heurter les valeurs et de respecter la pudeur du patient qui peut être mal à l'aise à exhiber sa nudité. Il est essentiel de communiquer, tout en respectant la vie privée, et d'établir une relation de confiance dans l'intimité pour le bon déroulement du soin. Le soin s'effectue à l'abri des regards indiscrets. Le non respect de la pudeur peut conduire à un conflit, une agressivité envers les soignants et retentir psychologiquement sur le patient