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Critique d'Oeuvre Hernani

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offre l’hospitalité. À la vue de la jeune fille en robe de mariée, le pèlerin se découvre: c’est Hernani, dont la tête est mise à prix. Son hôte refuse de le livrer. Alors que les amants s’abandonnent à leur passion, que doña Sol jure fidélité à cette «force qui va», à son «lion superbe et généreux», Ruy Gomez les surprend; mais il cache Hernani quand on annonce l’arrivée du roi. Au nom de l’honneur castillan, il préfère laisser emmener doña Sol plutôt que de trahir son hôte. Après le départ de don Carlos et de son otage, Ruy Gomez et Hernani, qui lui apprend le désir du roi pour sa nièce, jurent de se venger en concluant un pacte. Hernani remet son cor à son sauveur, et accepte de mettre fin à ses jours au premier son (Acte III. «Le Vieillard»).

Aix-la-Chapelle, dans la crypte contenant le tombeau de Charlemagne. Informé d’une conspiration, don Carlos, qui attend fiévreusement le résultat de l’élection à l’Empire, médite sur le pouvoir. Les conjurés tirent au sort. Hernani, désigné, refuse à Ruy Gomez le privilège de tuer le roi, fût-ce en échange du cor. Élu empereur, don Carlos devenu Charles Quint surprend les conspirateurs, pardonne et, transfiguré par sa dignité nouvelle, accorde à Hernani, qui s’est révélé être Jean d’Aragon, Grand d’Espagne, la main de doña Sol (Acte IV. «Le Tombeau»).

Saragosse, sur une terrasse du palais d’Aragon. La brillante fête nuptiale s’achève, un mystérieux domino noir intrigue les invités. Hernani et doña Sol chantent leur amour, quand retentit le son d’un cor. Ruy Gomez se démasque sous le domino noir et lui rappelle son serment: Hernani doit boire le poison. Les époux meurent ensemble, et Ruy Gomez se poignarde sur leurs cadavres en s’écriant: «Je suis damné!» (Acte V. «La Noce»).

Critique

Déclaration de principes moraux et sociaux, analyse des rapports entre la création dramatique et l’horizon d’attente du public, la Préface du 9 mars 1830 l’affirme: le romantisme n’est que «le libéralisme en littérature»; expression de la jeunesse, «littérature du peuple», irrésistible mouvement du progrès, il impose, contre l’«anarchie», ses lois. Hugo récuse ce bonnet rouge qu’il revendiquera poétiquement plus tard. D’où la structure du drame. En effet, si l’inspiration espagnole vient principalement du Romancero et de la mythologie construite autour de l’honneur castillan, si le thème du brigand vient de Schiller, si le Cid ou Cinna fournissent quelques situations, si compte le souvenir d’enfance du village espagnol d’Ernani (traversé en 1811 alors que Hugo se rend à Madrid pour rejoindre son père en poste auprès du roi Joseph), la pièce doit l’essentiel de sa dramaturgie au mélodrame, excluant cependant le manichéisme.

Colombe et lionne, chaste amoureuse et fière castillane, doña Sol suscite trois désirs, tournant autour de ce soleil: un astre noir promis à l’illumination, le roi; un astre éclatant et sombre à la fois, destiné à la transfiguration, Hernani; un astre éteint, brûlant encore de son passé, agent de la fatalité, Ruy Gomez. Trois modalités du mal imbriqué dans la grandeur, trois figures de l’héroïsme passé, présent ou à venir.

Le conflit entre le monarque et l’honneur nobiliaire et celui opposant jeunesse et vieillesse redoublent l’antithèse du roi et du bandit. Le drame met en scène la conversion de don Carlos aux valeurs d’Hernani, désarmant le complot et unissant les jeunes. Cet ordre retrouvé renvoie le vieillard à sa jalousie destructrice, dégradation parallèle à l’ascension du roi et à la reconquête provisoire, illusoire, de son identité par le héros. Mort sublime des époux restés purs, mort du cœur glacé: élévation et descente aux enfers qui laissent le champ libre au soleil de la maison d’Autriche, triomphe de l’Histoire sur l’individu héroïque et sur le couple impossible.

Psychologie parfois élémentaire, artifices techniques, circulation des objets, importance du décor, minutieusement décrit en de longues didascalies, comme les jeux de scène et les expressions des personnages, tout relève d’une visualisation spectaculaire. La «poésie capiteuse» (Gautier) du vers hugolien — cette «forme optique de la pensée», dit la Préface de Cromwell — impose ses rythmes tantôt mélodieux, tantôt haletants, lyriques ou épiques et ses images flamboyantes. «Romantisme des mots» selon Giraudoux, le vers se révèle audacieux, moins dans ses désarticulations, simple procédé, que par l’art des variations: de rythme bien sûr, mais surtout de tonalité.

Écrit en 27 jours après l’interdiction de Marion Delorme, joué après le More de Venise de Vigny, le drame connut des répétitions difficiles. Assailli par les censeurs, en proie aux rumeurs malveillantes, en butte à la mauvaise volonté de Mlle Mars, monstre sacré hostile aux audaces romantiques, Hugo se bat. Sorte de 14 Juillet littéraire, la première donne lieu à une célébrissime bataille, affrontement des anciens et des modernes, soigneusement préparée par la jeunesse romantique et racontée par Dumas et Gautier: «Tout ce qui était jeune, vaillant, amoureux, poétique en reçut le souffle», écrira encore ce dernier en 1867. Les amis de Hugo l’emportent, mais les classiques contre-attaquent à la deuxième représentation;

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