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de dans sa diversité et sa richesse, qui me sert lorsque je réfléchis parfois sur la diversité des cultures. Cette idée ne correspond à rien d’exact, mais elle est utile.

De même pour l’idée d’humanité, qui ne doit pas correspondre nécessairement à une réalité, mais qui peut-être une simple vue de l’esprit, un concept, un projet politique, une utopie ou un espoir. Cela permettrait de se projeter dans une dimension de la réalité qui dépasserait le constat des guerres incessantes. L’enseignant a bien une certaine idée de l’élève parfait, sans que cela ne corresponde jamais à la réalité, mais cela lui sert de modèle intellectuel pour penser la réforme des programmes. Cela peut être à peu près pareil. Nous garderons et nous utiliserons ce concept kantien d’idée régulatrice.

Donc nous allons reformuler le sujet à la lumière de ces précisions kantiennes : la diversité des cultures impliquent-elles une certaine idée d’humanité morcelée ?

A. L’influence de la culture sur la nature.

Il est indéniable de constater que la culture est partie prenant dans la définition que l’homme s’offre de lui-m^me. Rousseau définissait la caractéristique de l’homme par sa perfectibilité, c'est-à-dire sa possibilité à évoluer, quitte à se rendre imbécile. Ce qui fonde le trait commun entre tous les hommes, c’est leurs différences. D’ailleurs les grecs, mais ils ne furent pas les seuls, se définissaient comme des êtres humains, en opposition aux barbares, qui constituaient tous les non grecs. Hérodote dans ses historia (enquêtes en grec) décrivait les barbares avec des caractéristiques farfelues, de manière à montrer la supériorité de l’humanité grecque.

Il n’existe donc pas une nature humaine, mais une multitude d’expression de l’humanité ; L’analyse que Montaigne fit du cannibalisme –l’anthropophagie- montre que les hommes peuvent développer des réalités totalement différentes : certes nous pouvons tous comprendre rationnellement la raison du cannibalisme,qui se situe dans l’absorption du mal, et nous pouvons m^me nous aventurer à faire le parallèle avec le traitement que nos propres sociétés font du mal, en le vomissant (l’image est de Claude Lévi Strauss)et en l’isolant pour de longues périodes à l’intérieur de nos prisons. Mais il n’empêche que nous sommes dégoûtés dans le plus profond de nos entrailles à l’idée que des hommes peuvent faire cuire et manger de la chair humaine. Ce n’est pas rationnel, et cela nous sommes au delà du clivage entre les cultures : pour nous ce n’est pas humains ; Les hommes qui pratiquent le cannibalisme sont des barbares qui ne partagent rien avec nous. Ils sont inhumains, ou du moins des humains radicalement et définitivement différents.

Ainsi la culture a séparé les hommes, jusque dans leur propre humanité, et il semble que quelques considérations philosophiques humanistes ne pourront pas nous permettre de surmonter un tel clivage.

B. La guerre des dieux.

La guerre des dieux est une expression du sociologue allemand Max Weber, forgée à l’occasion d’une célèbre conférence intitulée Le savant et le politique, prononcée en 1919. Bien entendu il ne fait pas référence à une véritable guerre des dieux, mais au fait que les conflits entre les hommes seront toujours inévitables, car il y a de fortes différences culturelles, religieuses et ethniques, et que ces différences sont irréductibles. Il n’y a ni Souverain Bien, comme le supposait Platon, ni une seule vérité accessible grâce à une argumentation rationnelle. Au contraire pour Weber il faut introduire un relativisme au sein de la question des valeurs. La science ne peut pas intervenir, pour déterminer objectivement la réalité du Bien et du mal, et donc nous sommes réduits à penser les cultures comme une négation de l’idée d’humanité, car les hommes sont profondément différents quant à leur perception des choses, et l’appréciation du devoir-être. Weber rejoint somme toute le relativisme de Protagoras, qui s’exprimait à travers la célèbre sentence : « l’homme est mesure de toutes choses »

Cela implique un conflit entre les grandes civilisations qui ont façonné l’humanité en la divisant. Un philosophe américain, Samuel Huntington, dés 1993 à l’occasion de l’échec américain en Somalie, expliqua qu’il y avait incompatibilité entre les civilisations, incompatibilité qui débouche sur la guerre et l’incompréhension, au mieux le divorce dans l’indifférence entre les hommes. « Le clash des civilisations dominera la politique mondiale. Les lignes de fractures entre les civilisations constitueront les lignes de front du futur. » écrivait-il.

Son travail fut remis sur le devant de la scène après les attentats du 11 septembre à New York. Il s’agissait pour Huntington du premier acte d’un conflit majeur entre la civilisation musulmane et la civilisation chrétienne. Le conflit serait une dimension irréductible, et croire que les hommes pourront fondre leur identité culturelle au sein d’un grand ensemble homogène serait radicalement utopique (étymologiquement utopie veut dire sans lieu, ce qui peut être interprété en expliquant que l’humanité peut se réaliser nulle part sur terre.) Les grandes civilisations décrites par le philosophe américain sont les peuples chinois, sud-américain, africain, asiatique, indien, européen, arabe et américain. Toutes les constructions politiques qui ne tiendraient pas compte de ce découpage seraient vouées à l’échec.

Cette vision pessimiste –ou réaliste diront certains, s’inscrit dans le grande tradition des penseurs héritiers d’Aristote et de Machiavel : ceux qui font le constat des faits, et qui pensent que le droit est soumis aux faits.

Nous allons essayer de démontrer que non seulement l’idée d’humanité n’est pas une utopie, mais qu’elle se réalise bel et bien.

C. A la recherche d’une solution philosophique.

1) La culture est au fondement de l’humanité.

La polysémie du mot culture peut poser problème, puisqu’il s’agit soit de la manifestation de la présence humaine en différence de l’animalité, soit de l’expression de la spécificité des groupes humains. Ainsi il est facile d’opposer les cultures entre elles, marquant les différences de valeurs qui semblent produire des êtres humains différents. Ce fut peut-être là un des points faibles du travail des ethnologues, et en premier lieu de celui de Claude Lévi Strauss : en assurant le relativisme des culture, et en dénonçant l’ethnocentrisme européen, n’ont-ils pas reconnus implicitement la séparation manifeste qui existe entre les hommes ?

Certes la culture forme les hommes, mais cela ne détruit pour autant pas le concept d’humanité, qui se situe dans un autre cadre, face aux autres groupes d’êtres vivants. L’humanité regroupe tous les êtres vivants, quelques soient leurs différences. Cela s’explique grâce à la définition m^me du concept, et ce n’est pas une proposition à démontrer. Bien au contraire, c’est son inverse, c'est-à-dire l’idée qu’il existe des humanités différentes, qui doit être démontré : Qu’est-ce qui peut pousser à vouloir introduire une pluralité au sein m^me de l’humanité ?

La réponse est simple : l’organisation politique implique la volonté de reconnaissance et celle de domination ; Kant dans son Projet de Paix Perpétuelle expliquait que les Etats se trouvent dans un état de nature pareils à celui dans lequel se trouvaient les individus avant que ne soit instituée la société. On sait que Hobbes décrit ainsi un état de guerre de chacun contre chacun, et seule une peur de la mort poussa les hommes à s’unir sous l’autorité violente d’un Léviathan. Kant reprend cette idée en expliquant que la paix perpétuelle ne sera possible que si les Etats se soumettent juridiquement à l’autorité d’une juridiction supérieure. A travers cet opuscule, Kant anticipe presque l’institution de l’ONU moderne. Mais le défaut, c’est que cela rend légitime l’idée que les peuples ne peuvent pas s’entendre, car trop différents les uns des autres. Peut-être que chaque peuple exprime une idée spécifique de l’humanité.

Mais nous pouvons prendre le problème à l’envers, en réfléchissant avec Carl Schmitt, philosophe allemand du début du 20ème siècle. Dans son livre La Notion du Politique, Schmitt explique qu’au cœur de l’existence politique d’une nation se trouve la définition d’un ennemi : il faut que le pays qui cherche son unité se construise contre un autre qu’il doit combattre. L’illustration est évidente avec la naissance du génie national ( Volksgeist en allemand) à l’époque des guerres napoléoniennes : c’est pour exister politiquement qu’est né, contre l’esprit universaliste de Napoléon et de la Révolution Française, la défense des cultures nationales. La définition de Kambouchner d’ailleurs montre la fragilité du concept : « il s’agit d’un faisceau de caractères distinctifs, d’un certain « génie » particulier dont il faut à un moment donné prendre conscience pour pouvoir pleinement l’affirmer » Il n’existe donc que dans

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