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Dissertation Sur "Le Regard [Sur l'Autre] […] Est Tour à Tour Hostile, Compréhensif, Passionné, Indifférent, Serein Ou Inquiet, Répulsif Ou Admiratif. Réaliste Ou Fantasmatique."

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i est philosophie de l’humanisme. « Tu pourras, selon la décision de ton esprit, te régénérer en créature divine, être de l’ordre supérieur. » Cette dernière phrase quant à elle montre bien la confiance en l’homme qui se développe, autre gage de l’admiration pour l’homme. Ce texte, témoin de l’apparition du regard sur l’autre, résume parfaitement deux grands traits de l’humanisme : le regard admiratif sur l’homme mais aussi la vitalité du regard.

Un regard admiratif est aussi porté sur l’antiquité, mis en opposition avec le Moyen Age, considéré comme « ténèbres » par Rabelais et d’une manière générale comme la « mort » du progrès et de l’esprit, d’où l’idée de « renaissance » au XVIème . Une vive passion se développe pour la Rome antique et ses philosophes. L’apprentissage du latin et du grec est préconisé par Rabelais dans Pantagruel, et les philosophes antiques font régulièrement leur apparition dans les textes humanistes, tels que ceux de Montaigne, qui dit par exemple entretenir une authentique « familiarité » avec Sénèque, qui serait pour Montaigne une « source et un modèle ». Ses textes sont d’ailleurs régulièrement entrecoupés de phrases latines, langue qui lui était à la fois « maternelle » et « naturelle ». Platon est également régulièrement cité, comme dans son texte A un enfant de maison, dans lequel il développe sa thèse sur la méthode de l’éducation, et dans lequel il préconise de prendre « l’instruction [du progrès de l’éduqué] des pédagogismes de Platon », ainsi que Socrate, « luy, qui avoit son imagination plus plaine et plus estandue, embrassoit l’univers comme sa ville, jettoit ses connoissances, sa société et ses affections à tout le genre humain », citation du texte De l’institution des enfants. Le siècle est donc bien marqué par un regard passionné vers l’antique, considérée comme un idéal, et ses philosophes.

Malgré tant d’admiration et de passion, le siècle des humanistes est aussi marqué par le développement de l’esprit critique. L’homme, en plus de devenir objet du regard admiratif, devient également objet d’un regard critique. Dans ce contexte, Montaigne lui reproche surtout un manque d’ouverture et de relativité. Dans De l’institution des enfants notamment, il reproche aux hommes d’avoir « la veuë racourcie à la longueur de [leurs] nez » et d’être « contraints et amoncellez en [eux] ». Il prend alors plusieurs exemples : « Quand les vignes gelent en mon village, mon prebstre en argumente l’ire de Dieu sur la race humaine, et juge que la pepie en tienne des-jà les Cannibales. […]A qui il gresle sur la teste, tout l’hemisphere semble estre en tempeste et orage. » Il conclut en disant que « nous sommes insensiblement tous en cette erreur : erreur de grande suite et prejudice. » Dans ce contexte, Montaigne préconise le voyage, qui lui « semble un exercice profitable. L’ame y a une continuelle exercitation à remarquer les choses incogneües et nouvelles ; et je ne sache point meilleure escolle. », de son texte De la vanité. Dans De l’institution des enfants, il ajoute que « ce grand monde, c’est le mirouër où il nous faut regarder pour nous connoistre de bon biais. […] Tant d’humeurs, de sectes, de jugements, d’opinions, de loix et de coustumes nous apprennent à juger sainement des nostres,et apprennent nostre jugement à reconnoistres son imperfection et sa naturelle faiblesse » Ici, Montaigne fait l’éloge du voyage qui permet le regard intéressé sur l’étranger, qui quant à lui permet le développement du jugement et de l’esprit critique nécessaire au regard critique sur soi-même. On retrouve ici deux autres traits de l’humanisme : le regard critique sur soi et ses contemporains ainsi que le regard sur l’étranger, utile au premier. C’est dans ce contexte du regard sur l’étranger que nous abordons le regard contrasté sur le nouveau monde

La découverte du nouveau monde marque un bouleversement dans l’esprit des contemporains du XVIème siècle. En effet, c’est tout leur univers, leur notion de l’espace, leurs convictions qui se trouvent affectées par la prise de conscience de l’existence d’un nouveau continent, mais surtout d’un autre peuple, celui des Indiens d’Amérique, vers lesquels tous les regards se tournent. Les premiers regards sur les Indiens dont nous allons traiter sont les regards subjectifs portés par ceux qui veulent voir dans les indiens un idéal, pour différents motifs. Colomb décrit les autochtones comme suit : « Parce que je vois et connais que ces gens ne sont d'aucune secte, ni idolâtres, mais très doux et ignorants de ce qu'est le mal, qu'ils ne savent se tuer les uns les autres, ni s'emprisonner » et il ajoute « ils étaient tous très bien faits, très beaux de corps et très avenant de visage » Ici, Colomb décrit ces hommes comme quasiment parfaits, son regard est tant admiratif que fantasmatique : le fait par exemple que les indiens savaient tuer un fait indéniable dont beaucoup ont ensuite parlé. Pourtant Colomb les voit comme il veut les voir, avec un arrière pensé : en faire des esclaves. « Hier, six jeunes hommes sur une barque ont accosté la nef; cinq d'entre eux sont montés à bord. J'ai ordonné de les retenir et je les emmène. » Colomb considère ces hommes comme inférieurs, en portant un regard indifférent sur leurs éventuels sentiments. Il s’agit pour lui d’être rentable pour ses financeurs. Un autre exemple est le texte de Pierre Martyr. Lui voyait dans le nouveau monde le paradis perdu, le jardin d’Eden : « C'est pour eux l'âge d'or, […].Ces indigènes jouissaient donc de l'âge d'or. […] » et « Les affaires judiciaires, les procès, les contestations, les disputes entre voisins étaient chose inconnue » sont deux citations qui montrent bien la fascination pour ce peuple mais aussi le manque total d’objectivité. Martyr voit également dans le nouveau Monde ce qu’il veut voir. C’est pourquoi on peut parler de « fantasmes » pour désigner ces regards sur les indiens.

Dans un second temps, les regards se portèrent sur les croyances et les rites des Indiens. On assiste alors à la transformation d’un regard jusqu’alors admiratif à un regard beaucoup plus inquiet, répulsif voire hostile. L’indien qui était l’objet de nombreux compliments devient alors l’objet de vives critiques, principalement concernant les sacrifices humains et l’anthropophagie. Cortés, un conquistador, désigne les sacrifices humains comme « la chose la plus terrible et la plus épouvantable qui se puisse imaginer ». L’anthropophagie devient pour Sépulvéda, un philosophe espagnol, le signe évident de l’infériorité des indiens et justifie alors les conquêtes sanglantes menées par les espagnols dans le nouveau Monde. Sa défense de ce génocide est bien la preuve de son regard hostile sur les indiens. Vespucci, quant à lui, en parle ainsi : « A dévorer ainsi de la chair humaine, ils se montrent plus inhumains et plus cruels que les bêtes elles-mêmes: tous les ennemis qu'ils tuent ou qu'ils capturent, hommes ou femmes sans distinction, ils les engloutissent avec une telle sauvagerie qu'il ne peut y avoir tableau ou spectacle plus sauvage ou plus brutal, et il m'est arrivé souvent, en maint lieu, de constater la cruauté, la monstruosité de ces gens » Encore une fois, cette citation est témoin du regard extrêmement hostile et répulsif face aux coutumes des indiens, qualifiés ici d’inhumains. Tous ces regards hostiles seront une des causes pour l’extermination de ceux-ci, et leur cause fera l’objet d’une grande controverse au sein de l’Europe. Car si certains condamnent ces coutumes de manière violente, d’autres tentent de relativiser.

En effet, non contents de condamner toute une population par ses coutumes, des personnes comme Montaigne et Jean de Lery ou encore Las Casas prennent du recul, et se montrent plus compréhensifs : Montaigne ne se dit « pas marri que nous remarquions l’horreur barbaresque qu’il y a en une telle action, mais oui bien de quoi jugeant à point de leurs fautes, nous soyons si aveuglés des nôtres ». Il convient évidemment de l’horreur du cannibalisme, sans quoi il perdrait sans doute toute crédibilité, mais il rappelle à ses contemporains leurs imperfections qu’ils sont tentés d’oublier : « Mais il ne se trouva jamais aucune opinion si déréglée qui excusât la trahison, la déloyauté, la tyrannie, la cruauté, qui sont nos fautes ordinaires. Nous les pouvons donc bien appeler barbares, eu égard aux règles de la raison, mais non pas eu égard à nous, qui les surpassons en toute sorte de barbarie» Il appelle à la relativisation. C’est aussi le cas de Lery qui compare l’anthropophagie des Indiens à l’horreur française pendant le massacre de la Saint-Barthélemy. Las Casas quant à lui, au sujet des sacrifices humains, rappelle la Bible : « On pourrait plaider de façon convaincante à partir de ce que Dieu ordonna à Abraham de lui sacrifier son fils unique Isaac, que Dieu ne déteste pas entièrement qu'on lui sacrifie des êtres humains » On voit donc bien que certains ont un regard beaucoup plus compréhensif en relativisant. Pourtant, que très peu de regards sur le nouveau monde sont totalement réalistes et objectifs. Beaucoup d’auteurs défendant la cause indienne et se voulant objectif retombent rapidement dans le mythe du bon sauvage, et c’est aussi le cas de Montaigne, qui considère par exemple leur guerre comme « toute noble et généreuse ». Il existe évidemment quelques exceptions rares, on peut notamment prendre l’exemple d’Amerigo

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