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Fra Angelico, L’Adoration des mages, Florence, Couvent San Marco

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Par   •  8 Mars 2023  •  Commentaire d'oeuvre  •  4 514 Mots (19 Pages)  •  316 Vues

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Fra Angelico, L’Adoration des mages, Florence, Couvent San Marco

L’Adoration des Mages de Fra Angelico a été réalisé autour de 1440 au couvent San Marco à Florence, les dimensions de l’œuvre sont 175 x 357 cm, elle a été commanditée par Cosme de Médicis.

San Marco a été fondé en 1299 par des pieux sylvestrins. En 1418, le réformateur observant Giovanni Dominici souhaitait que le monastère soit confié aux frères Fiesole, car l’élan spirituel des sylvestrins était en déclin. Sa demande fut largement appuyée par les paroissiens de San Marco notamment, Jean de Bicci de Médicis. C’est seulement le 21 janvier 1436 que le pape Eugène IV chassa les moines pour faire entrer les Dominicains à San Marco le 1er février 1436. A cette époque, le toit de l’église est effondré et le dortoir en ruines, les Médicis prirent alors en charge sa reconstruction, son agrandissement et sa décoration en tant que mécènes de la ville de Florence.

Pour reconstruire le couvent, les Médicis ont choisi Michelozzo di Bartolommeo (1396-1472) comme architecte puisqu’il s’était déjà attelé à la restauration de l’église et du couvent à San Piero a Sieve dans le Mugello. L’objectif affiché était celui de faire des ruines de San Marco un symbole du renouveau spirituel engagé par les Dominicains observants. Fra Giuliano Lapaccini est devenu prieur de San Marco en 1444, il succède alors à saint Antonin devenu archevêque de Florence. Fra Giuliano évoque, dans ses écrits concernant la reconstruction de San Marco, un rythme de construction intense.

On a d’abord considéré, en se fondant sur les propos de Vasari (Les Vies des meilleurs peintres, sculpteurs et architectes) que Fra Angelico était né en 1387, ce qui faisait de lui un maître du Moyen-Age et qu’il était entré dans les ordres en 1407 quelques années après la fondation du couvent San Domenico par Giovanni Dominici. En 1955, la pensée collective est bouleversée lors d’une exposition présentée à Rome et à Florence rassemblant beaucoup de ses tableaux, dessins, et enluminures. Mario Salmi, organisateur de l’exposition, affirma que Fra Angelico apparaissait en homo novus et donc qu’il s’était affranchi des conventions médiévales pour devenir un précurseur de la Renaissance, cet avis a fait l’unanimité. L’historien Stefano Orlandi et l’archiviste Werner Cohn ont participé à proposer une nouvelle datation de l’artiste, il serait ainsi né en 1400. Cohn découvrit par exemple qu’il était d’abord artiste avant d’être religieux puisqu’il était reconnu sous le nom laïc de Guido di Piero.

Les peintures de San Marco sont exécutées entre fin 1438 et 1443, elles sont le plus vaste programme décoratif lié à un ordre religieux encore visible aujourd’hui. Le programme regroupe le retable du maitre-autel, presque cinquante fresques monumentales dans le cloitre, la salle capitulaire, et les cellules du dortoir, on compte aussi des livres de chœurs enluminés comme celle représentant Le Roi David.

Fra Angelico commença par la réalisation du retable du maitre-autel, cependant, celui-ci n’a pas été peint par Fra Angelico seulement, en effet, une commande aussi importante ne pouvait pas être honorée par un seul artiste, de plus, l’activité artistique de la Renaissance était souvent menée à travers des collaborations. A mesure que le chantier avançait, la participation directe de Fra Angelico aux fresques qui sont commencées à la suite du retable se réduit pour faire une place plus importante à Benozzo Gozzoli et d’autres assistants de l’artiste. Ceci se remarque notamment par le biais des différences de styles entre les différentes fresques, l’atelier de Fra Angelico a donc participé de manière importante à la réalisation de cette œuvre.

Chaque membre de la communauté de San Marco possédait sa propre cellule destinée à dormir, lire et méditer. Les cellules étaient réparties dans des ailes différentes du bâtiment selon ceux qui les occupaient. On distinguait alors les frères qui s’adonnaient à la méditation, l’étude et la prédication, les novices encore en formation et les convers dédiés au travail manuel. On comptait 44 cellules au total, dans presque chacune d’entre elle, la figure représentée avait pour objectif d’influencer l’attitude de la personne qui l’occupait.

L’Adoration des Mages est située dans la cellule 39 juste au-dessus de l’image du Christ en Homme de douleur. Cosme de Médicis pouvait apercevoir l’Adoration des Mages et L’Homme en douleur en descendant les escaliers qui reliaient la partie inférieure de la cellule à sa partie supérieure. L’œuvre a principalement été réalisée par Benozzo Gozzoli dont le style était très proche de celui de Fra Angelico, accompagné d’un assistant ce qui se remarque notamment la position et proportions approximatives de certains personnages.

On y voit l’arrivée des Mages à Bethléem dans un paysage montagneux. La procession évolue d’est en ouest. On voit également des cavaliers regardant vers les cieux, et l’un d’eux protège ses yeux. Les figures présentes ont des vêtements très colorés, sont d’âges et de couleurs de peau divers. L’animation de la procession cesse devant la Vierge Marie en majesté vêtue d’un drapé orné de pierres précieuses. Elle offre l’enfant Jésus à l’adoration des Mages, celui-ci est à moitié nu et les bénit. A côté d’eux, il y a Saint-Joseph statuaire recevant les cadeaux.

Fra Angelico, Benozzo Gozzoli et un assistant, L’Adoration des Mages et L’Homme de douleur, v.1440-1442, Fresque, 175 x 357 cm et 86 x 60 cm. Florence, Museo di San Marco, cellule 39

La cellule 39 est située à l’extrémité ouest du couloir nord du dortoir et est constituée de deux pièces, elle est la plus spacieuse et servait à l’accueil de visiteurs notables, et était principalement réservée à Cosme de Médicis. Le format de la fresque L’Adoration des Mages nous indique que la pièce était à l’origine voûtée. Une niche aménagée dans le mur nord accueille un Christ eucharistique.

L’histoire du couvent nous démontre une forte influence de l’Ordre dominicain occupant le couvent San Marco et de son commanditaire Cosme de Médicis. Nous pouvons alors nous demander :

En quoi l’œuvre de Fra Angelico permet-elle l’exaltation de l’ordre dominicain tout en servant les intérêts politiques de Cosme de Médicis s’appropriant le thème des Rois Mages ?

Le couvent de San Marco est, dès sa reconstruction, marqué par l’idéologie dominicaine. La reconstruction de l’édifice a également été fortement influencée par la famille de Médicis et plus particulièrement par Cosme de Médicis servant par son activité de mécène ses intérêts religieux et politiques. Pour servir ses intérêts, Cosme de Médicis s’approprie le thème des Rois Mages largement diffusé en Europe et particulièrement à Florence et créer à travers L’Adoration des Mages et le dispositif de la chapelle San Marco une connexité entre sa personne et celle des Rois Mages.

I. Le couvent San Marco, une œuvre marquée par la mission de l’Ordre dominicain

Le couvent de San Marco est marqué par l’idéologue dominicaine tant par la dévotion religieuse de son décorateur que par les choix thématiques effectués à la lumière des écrits de Saint Thomas d’Aquin.

A. La religiosité de Fra Angelico, frère dominicain

Entre 1418 et 1423, Fra Angelico entrait au couvent San Domenico di Fiesole réputé pour faire une application stricte des règles dominicaines. Les diverses découvertes sur sa vie et son travail ont donc permis de le considérer comme un contemporain de Masaccio et non comme un peintre gothique tardif. Il se distingue de ce fait par son naturalisme, et sa représentation de l’espace et de la perspective venant bouleverser la peinture à Florence. Il lie notamment son activité artistique à sa vocation religieuse à travers la réalisation de diverses commandes pour des couvents et des églises. Les savants de l’ordre dominicain ont particulièrement appuyé sur la place essentielle qu’occupait son art au sein de sa vocation religieuse et la place de la doctrine de l’ordre dominicain au sein de la plupart de ses peintures. On le trouve notamment mentionné dans les textes de Thomas d’Aquin, Giovanni Dominici, Antonin de Florence et Catherine de Sienne. Sa religiosité est d’autant plus affirmée qu’elle a perduré dans le temps puisque le 3 octobre 1982, le pape Jean-Paul II louait « la beauté presque divine de ses images peintes » ainsi que « la sainteté de sa vie ». C’est le 13 avril 1436 qu’il reçoit la commande de la Déploration du Christ pour la confrérie Santa Maria della Croce al Tempio à Florence.

San Domenico et San Marco étaient, au départ, administrés ensemble, d’ailleurs, Fra Angelico fut élu vicaire de San Domenico en 1436, il était donc constamment en contact avec San Marco malgré sa demeure fixée à Fiesole où ils honoraient les commandes de Dominicains et de laïcs.

Fra Giuliana Lapaccini, dans ses chroniques, s’attarde peu sur les décorations du couvent, mais prend tout de même le temps de faire l’éloge de la piété de Fra Angelico. Il le qualifie comme « le plus grand maître de l’art et de la peinture en Italie » et le voit comme « un homme d’une absolue modestie voué à la vie religieuse

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