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Le Passif En Français (Didactique Du Fle)

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be est actif et qui n'admettent plus de complément d'agent en français moderne[4] :

Les feuilles mortes se ramassent à la pelle (*par les jardiniers).

Malgré l'absence de marque passive formelle, ces constructions peuvent s'interpréter comme des diathèses passives en ce que le sujet grammatical est absorbé par le complément d'objet qui ne saurait être agent du procès. C'est donc bien le patient qui est promu sujet. Dans le cas de cet exemple, les feuilles étant inanimé, il n'y a pas d'ambiguïté : la forme pronominale n'est ni réfléchie ni réciproque. Il n'en va pas de même lorsque le sujet est animé : hors contexte une phrase comme Les auteurs se flattent autorise les trois interprétations[5].

(iii) Les constructions pronominale de verbes causatifs où les verbes se faire, se laisser, se voir, s'entendre suivis d'un infinitif et éventuellement d'un complément d'agent ont également un sens passif. Le sujet patient peut être le complément indirecte d'une phrase active correspondante :

L'école s'est vu assigner de nouvelles missions (par le ministre). <=> (Le ministre) / on a assigné de nouvelles missions à l'école.

Selon Riegel et alii, dans ces constructions les pronominaux causatifs peuvent être considérés comme de « véritables auxiliaires de passivation »[6].

(iv) Les constructions converses de certains couples de verbes, dont l'un serait le pendant passif de l'autre, et qui, non sans rappeler le passif classique, peuvent permuter leurs arguments sans modifier le sens de la phrase :

Bernard reçoit un conseil d'Alain <=> Alain donne un conseil à Bernard.

La diathèse n'est pas passive dans ce cas (Bernard, promu sujet, n'est pas le « patient » du processus) et même l'argument d'une « action subie » laisse songeur dans la mesure où Bernard peut être considérer comme l'agent du processus qui consiste à recevoir quelque chose. Néanmoins certains chercheurs ont choisi une interprétation passive de ce genre de constructions[7].

Accessoirement, on pourra s'amuser à mesurer l'avantage de la construction passive classique en essayant d'imaginer l'inflation lexicale qu'exigerait la formation d'un couple convers pour chaque verbe du français...

(v) Les verbes symétriques dont la construction intransitive est de sens passif :

Les branches cassent ;

au même titre que la phrase formellement passive généralement disponible :

Les branches sont cassées par le vent.

(vi) Les structures constituées d'un nom ou d'un adjectif suivi d'un infinitif :

L'arrangement à conclure par les parties... / C'est dur à supporter par la plupart des gens[8] ;

dont le syntagme prépositionnel par + SN est effectivement proche du complément d'agent passif (par n'y introduit pas une notion de cause et SN est l'agent du processus verbal).

(vii) Quelques verbes et locutions verbales : subir / faire l'objet de... / être la cible (la proie, la victime) de.. ; instaurent entre leur sujet et leur objet un rapport sémantique qui peut être considéré comme passif.

Ajoutons sans plus de commentaires à cette liste déjà trop longue :

(viii) les adjectifs potentiels construits sur le radical d'un verbe transitif direct (Ce brouet est à peine mangeable) ;

(ix) la nominalisation de verbes transitifs directs (ou syntagmes à noms d'action) (La construction du pont par le génie civile...) ;

et sans doute d'autres formes qui nous auront échappé.

Si toutes ces constructions ont pu être mentionnées ici, c'est qu'il n'existe pas de critère(s) définitoire(s) assez pertinent pour entrainer le consensus des chercheurs sur une définition du passif.

C'est dire que chacun travail en fait sur un objet un peu différent, puisque, pour citer Gaatone, « [la délimitation précise du domaine du passif] ne découle pas des données de la langue, mais relève plutôt d'un choix délibéré du descripteur »[9].

Ainsi choisir le critère de la forme verbale (séquence être + participe passé), revient à exclure toutes les formes précédentes (sauf (i)) mais aussi à s'interroger sur la frontière entre participe passé passif et adjectival (attribut) ainsi que sur l'interprétation résultative ou processive de certaines de ces formes[10]. Choisir le critère de l'action subie permet d'admettre ou de rejeter la plupart de ces constructions mais toujours au terme de discussions complexes faisant intervenir des notions sémantiques ou même logiques dont la démonstration n'est jamais évidente. D'autres critères (permutation des actants, couplage de l'actif et du passif, présence d'un complément d'agent, responsabilité et statut de l'agent, ...) peuvent être pareillement invoqués et leur combinaison augmente encore la diversité des définitions.

Ces discussion dépassent en fait tant les limites imparties à ce travail que les connaissances linguistiques de ses auteurs. Il paraissait toutefois nécessaire d'essayer de brosser ce tableau pour restituer la complexité du passif comme objet d'étude.

Dans une perspective d'enseignement, notons pour finir que mis à part quelques formes pronominales (ii et iii)[11], les structures passives à acquérir pour le niveau B2 du cadre sont surtout celles du passif classique que nous allons examiner à présent. Les autres structures (du moins dans leur relation au passifs car après tout les adjectifs potentiels peuvent être présentés très tôt (A2 / B1) dans une progression) concernent probablement le niveau C1.

2) Grammaires normatives, d'enseignement et d'apprentissage

Certaines grammaires « normatives » abordent le passif du point de vue de la « voix », et d'autres de celui de la « phrase ». Quoique simpliste, cette observation dénote deux approches un peu différentes du passif.

Dans le premier cas le passif s'oppose certes à l'actif, mais du point de vue du rôle actanciel du sujet grammatical. Ainsi Le bon usage présente la voix comme servant à définir le rôle exprimé par le sujet grammatical et fait dépendre cette fonction de la forme verbale. La voix passive est alors l'attribution du rôle de patient au sujet grammatical (« le sujet subit l'action »[12]) et cette opération est marquée par une forme verbale caractéristique : être + participe passé.

A noter que la séquence être + PP ne marque évidemment pas que la forme passive, puisque les verbes pronominaux et plusieurs intransitifs perfectifs l'utilisent pour leurs formes composées.

La possibilité de distinguer je suis parti / je suis chassé / *je suis douté dépend moins de la forme du verbe que de la connaissance des arguments qu'il tolère. La copule être ne sera « auxiliaire de passivation » que si le verbe est transitif et direct, et ce moyennant une série d'exceptions[13].

On remarquera également que la structure être + PP peut poser certains problèmes, en particulier lorsque le complément d'agent est omis et que le verbe est perfectif. Une phrase comme Les verres sont remplis a plus de chance d'être interprétée comme une structure copule + attribut que comme un passif. De plus être + PP, en tant que forme composée, marque en français l'aspect accompli du verbe, alors que l'ajout du complément d'agent (Les verres sont remplis par les employés) ou un temps composé de l'auxiliaire (Les verres ont été remplis) restaurent une lecture processive (conjointe à une information sur le résultat de l'action dans le dernier cas). Bien que cela ne change pas grand chose au problème, certaines grammaires distinguent alors un passif d'état et un passif d'action pour rendre compte de ce phénomène[14].

D'un autre côté, aborder le passif du point de vue de la phrase revient également à l'opposer à une phrase active, mais cette fois en le considérant comme une transformation de celle-ci :

Le maître instruit l'élève <=> L'élève est instruit pas le maître ;

grosso modo schématisé comme :

SN0+ V + SN1 <=> SN1+ est + Vé + par + SN0[15] .

Il existe une certaine similarité entre les deux phrases : on retrouve maître, élève et instruire transmettant approximativement le même message (quelqu'un donne/reçoit de l'instruction à/de quelqu'un d'autre) puisque les rôles actanciels ne sont pas modifiés. Mais la transformation passive induit plusieurs changements syntaxiques :

objet et sujet actifs « permutent » : l'objet actif devient effectivement le sujet grammatical de la phrase passive, alors que le sujet actif devient un complément prépositionnel (et non un complément d'objet direct) ;

la phrase passive ajoute la préposition par (occasionnellement de) devant son objet,

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