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Staline

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Sibérie dans des conditions épouvantables, et abandonnées à leur sort. La totale improvisation de l’opération se conclut par une forte mortalité parmi les « dékoulakisés » déportés. On assiste même à quelques scènes de cannibalisme5. D’autres s’enfuient de leurs lieux d’exil et se retrouvent à errer à travers le pays dans des conditions misérables ; la plupart seront systématiquement arrêtés et liquidés au cours des Grandes Purges6.

En 1932, Staline refuse d’écouter les nombreux avertissements, dont ceux de l’écrivain Mikhaïl Cholokhov, qui prédisent que la poursuite des collectes forcées de semences et de céréales mènera à la famine7. De fait, la terrible famine de 1932-1933 ravage les plus riches terres à blé du pays, en particulier l'Ukraine (Holodomor). L’existence de la tragédie est niée à l’étranger, les exportations de blé continuent comme si de rien n’était. De nombreux affamés qui refluent vers les villes sont refoulés par le Guépéou et renvoyés à la campagne. On dénombrera au moins 4 à 5 millions de morts.

Des bandes d’orphelins errants (les bespryzorniki) vont sillonner pendant des années les routes de l’URSS. En quelques années, également, 25 millions de paysans fuient les campagnes où sévissent la violence et la faim, et se réfugient dans des villes condamnées de ce fait à une explosion démographique anarchique.

Constituant la dernière guerre paysanne8 et la dernière grave famine qu’ait connue l’Europe, la collectivisation intégrale est achevée en 1934, mais les dégâts sont énormes et les paysans enrôlés dans les sovkhozes et les kolkhozes continuent à opposer une résistance passive, sous la forme d'une sous-productivité systématique. En 1935, pour parer à cette résistance, Staline accorde à chaque paysan un lopin de terre (prioussadebnyï outchastok) qu’il peut utiliser librement et dont il peut vendre les produits sur un marché kolkhozien libre. En 1939, ces lopins qui ne représentent que 3 % des terres produisent 25 % des récoltes, plus de la moitié des fruits et des légumes, et 72 % du lait et de la viande9.

Les résultats d’ensemble restent donc décevants. En éliminant les koulaks, l’agriculture s’est privée de ses éléments les plus dynamiques. La production s’effondre. L’ancienne Russie, premier exportateur de céréales au monde sous les tsars, devient définitivement un pays importateur. Le rationnement urbain rétabli en 1927 ne peut être levé qu’en 1935, et on assiste à nouveau à des scènes de famine dans certaines régions en 1936-193710.

Grâce à l’exode rural de masse provoqué par la nationalisation des terres, l’industrie du pays bénéficie d’une main-d’œuvre abondante. L’achat à vil prix des récoltes par l’État lui permet aussi de financer l’industrialisation.

Surveillance, terreur et délation

Les paysans des kolkhozes et des sovkhozes sont surveillés au travers des MTS (stations de machines et de tracteurs) qui ont le monopole de l’outillage moderne dans les campagnes et qui, avec leurs sections politiques, sont les yeux et les oreilles du pouvoir. Jusqu’à la mort de Staline, ils sont soumis à des impôts en nature et à des prélèvements obligatoires souvent exorbitants, fixés en dépit de la réalité.

La Loi des Cinq Epis, promulguée le 7 mai 1932 en pleine famine, punit de Goulag tout « vol de la propriété socialiste ». Une mère ayant dérobé de quoi empêcher ses enfants de mourir de faim sera donc déportée. Cette loi terrifiante est responsable de centaines de milliers d’arrestations et de déportations. En 1946, une loi similaire a des conséquences comparables, quoique de moindre ampleur33.

… et pénuries

Au début des années 1930, la dékoulakisation a entraîné la fuite anarchique et imprévue de 25 millions de ruraux. Les villes soviétiques explosent et se peuplent de marginaux, de vagabonds et de sans-abris. Dans les villes nouvelles industrielles, bien des ouvriers vivent dans des baraquements insalubres et surpeuplés. Beaucoup de villes souffrent du manque d'hygiène, de sécurité, d'infrastructures, de transports en commun53.

La population citadine doit s'entasser dans les kommounalka, ces appartements collectifs apparus après 1917, et qui hébergent plus de 80 % des citadins, souvent à une famille par pièce. Dans bien des logements, la promiscuité forcée nuit à la vie privée, favorise les tensions quotidiennes et facilite souvent la délation.

Autre conséquence de la collectivisation et des famines, l'URSS s'installe dans les pénuries alimentaires chroniques. Le beurre, la viande, le lait, les œufs deviennent introuvables, le pain et tous les produits courants sont rationnés. La queue devant les boutiques (otchered) devient durablement un spectacle quotidien en URSS, et une véritable institution, avec ses codes et ses coutumes (par exemple, la possibilité de s'éloigner sans perdre sa place).

2°) La collectivisation forcée des terres ou comment décapiter la paysannerie

Le coût de l’industrialisation doit être supporté, aux yeux de Staline, par la paysannerie. Fin 1929, le dictateur ordonne la collectivisation des terres : la propriété privée est supprimée et les paysans doivent abandonner leurs terres et leurs biens pour rejoindre les fermes d’État, les kolkhozes. Beaucoup de paysans résistent. La propagande se déchaîne en les présentant comme des « koulaks », des paysans « riches » qui auraient profité des années de NEP... La répression est terrible : entre 1929 et 1933, 5 millions de paysans (hommes, femmes, y compris les enfants) sont déportés. La police politique fusille les meneurs. En Ukraine, où la résistance désespérée des paysans agace le pouvoir soviétique, Staline déclenche une famine : il fait isoler les villages. Trois millions de paysans ukrainiens trouvent la mort entre 1932 et 1933. Au total, la collectivisation a fait 6 millions de morts.

Les années 1930 sont donc terribles pour les paysans, qui ont bel et bien été « liquidés » par le régime en tant que classe sociale. Mais la collectivisation reste un échec, que Staline refuse de reconnaître. Bien au contraire : on désigne des responsables que l’on condamne à la déportation après des procès truqués.

I- La deuxième révolution soviétique

En 1928, l'Union soviétique subit une crise alimentaire : les paysans aisés qui 
fournissent le surplus de grains stockent les céréales. Le gouvernement 
réplique comme au temps du communisme de guerre par des réquisitions 
forcées, auxquelles les Koulaks répondent par une réduction des surfaces 
ensemencées. Le débat politique est intense chez les dirigeants. Boukharine 
préconise des concessions à ces classes sociales.

C'est au milieu de ces difficultés que Staline, d'abord hésitant, fait adopter en 
octobre 1928 le premier plan quinquennal qui impose une collectivisation 
immédiate des terres et l'industrialisation à outrance. Les derniers mois de 
1928 et l'année 1929 constituent un tournant radical qui instaure en Union 
soviétique une économie d'un type nouveau, l'économie socialiste.

A/ La collectivisation de l'agriculture

En 1928, moins de 4% des paysans sont regroupés dans les coopératives 
(kolkhoses) ou les fermes d'État (sovkhoses).

1) Une paysannerie traumatisée

La réorganisation socialiste de l'agriculture entreprend de supprimer 
progressivement le secteur privé en faisant d'abord appel aux adhésions 
volontaires des paysans. Mais à la fin de 1929, Staline annonce une 
accélération de la collectivisation en proclamant la «liquidation des Koulaks en 
tant que classe». Les cadres locaux, peu habitués à une entreprise de cette 
envergure, en viennent à considérer comme ennemis du régime non seulement 
les paysans aisés mais aussi les paysans moyens : les Koulaks représentaient 
environ 4% des exploitations; 15% des paysans sont touchés. Toute résistance 
est brisée : matériel, argent, maison sont confisqués au profit des fermes 
collectives. Les personnes sont emprisonnées, déportées ou exécutées. En 
mars 1930, cinq mois après ses débuts forcés, près de 65% des exploitations 
sont collectivisées.

Cependant les effets économiques s'avèrent immédiatement catastrophiques. 
Si la superficie des terres cultivées est en accroissement, les rendements ont 
baissé. Dans le domaine de l'élevage, les résultats sont désastreux; persuadés 
de perdre leurs animaux lors de l'intégration au kolkhose, les paysans abattent 
massivement leur bétail. En 1933, la moitié du cheptel est perdu. D'une 
manière générale, on ne retrouvera pas avant 1958 les chiffres de l'agriculture 
de 1928. La récolte de 1931 est mauvaise et durant l'hiver 1932-1933, 
l'URSS est en proie à une terrible famine qui rappelle celle de 1921 et fait 
entre 5 et 5 millions de morts.

Le traumatisme subi par le monde paysans inquiète les dirigeants. Dès mars 
1930, dans un article de la Pravda intitulé «Le vertige du succès» diffusé à 
8 millions d'exemplaires, Staline dénonce les erreurs et les abus des 
responsables locaux. Il rappelle le principe de libre adhésion au secteur 
collectivisé et on en vient à autoriser les paysans à sortir dees kolkhoses

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