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u’ils trouvent une promotion sociale de substitution. Moins riches en ressources économiques et culturelles, possédant de surcroît un capital symbolique « négatif » lié à la stigmatisation, ils trouvent dans le sport de haut niveau un espace qui reconnaît leur compétence et qui tire profit de dispositions, qualités et savoirs pratiques valorisés dans les milieux populaires. Un moment clé de leur itinéraire est alors l’entrée en formation, qui constitue à la fois constitue à la fois une promotion sportive élective, marquée par un rapprochement avec l’espace strictement professionnel, et une rupture, plus ou moins nette, avec le cadre de la pratique et la façon de jouer antérieurs. En tant que « rite d’institution », pour reprendre une formule de Bourdieu, le recrutement au centre de formation des apprentis footballeurs participe à la construction de la vocation, c’est-à-dire la croyance dans le fait « d’être fait pour ça ».

Le sport est-il un vecteur d’intégration ?

Comment s’est construit ce mythe ?

Sociologue, William Gasparini est professeur en STAPS à l’université de Strasbourg où il dirige un laboratoire en Sciences sociales du sport. Il a notamment publié Le sport dans les quartiers (avec Gilles Vieille-Marchiset, PUF, 2008), et parmi ses derniers articles on notera « La construction du regroupement sportif “communautaire”. L’exemple des clubs de football turcs en France et en Allemagne » (avec Pierre Weiss, in Sociétés contemporaines, 69, mars 2008).

À partir des années 1980, dans un contexte marqué par des tensions politiques et sociales sur le modèle de l’intégration, cette vision est réactivée et trouve une nouvelle formulation. On voit émerger des discours sur la participation du sport à la lutte contre la « crise du lien social » (notamment dans les quartiers populaires). Le sport est convoqué, plus souvent qu’à son tour, pour lutter contre les nouvelles exclusions sociales. Il devient « social » et les dispositifs sont désormais « socio-sportifs », alors que la jeunesse des quartiers populaires devient progressivement le groupe cible de l’action publique. Cela fait apparaître de nouveaux acteurs. En effet, dès la fin des années quatre-vingts, un nouvel espace politico-professionnel se structure autour de la question de l’intégration sociale par le sport sous le double effet des politiques publiques et des stratégies d’institutions et d’agents dont les carrières sont en partie liées à la transformation de cet espace. Face à la concurrence des politiques de la ville et des nouvelles politiques sportives des collectivités territoriales (depuis la décentralisation), le ministère de la Jeunesse et des Sport trouve ainsi dans « l’insertion » puis « l’intégration par le sport » une nouvelle compétence susceptible de perpétuer son existence. Des équipements sportifs de proximité et des animations sportives de quartiers voient progressivement le jour. Des éducateurs, des animateurs « socio-sportifs » mais aussi des policiers font vivre cette logique. Sur un mode social, c’est bien l’idée d’une pacification déjà avancée par Norbert Elias que l’on retrouve ici.

Mais on interroge peu, en définitive, le consensus autour des fonctions sociales d’un sport « naturellement » intégrateur. Cela peut s’expliquer. On notera ainsi que le schème des vertus sociales et éducatives du sport est suffisamment vague pour emporter une adhésion peu critique : de la pacification des banlieues à la sociabilité et la réalisation de soi, chacun peut s’y retrouver, en quelque sorte. Et cette doxa est relayée par un « cercle de croyants » bien plus large que les seuls représentants du mouvement sportif. Parmi ceux-ci, on peut repérer les industriels paternalistes de la première moitié du XXe siècle, attentifs à prévenir les tensions sociales, mais aussi les acteurs de l’éducation. Je pense par exemple aux enseignants-promoteurs de la « République des Sports » des années 1960, et à l’alliance formée entre les ministres gaullistes de la Jeunesse et des Sports et les militants communistes de la Fédération sportive et gymnique du travail dans les années 60. Tous ont contribué à promouvoir et consolider la vision du sport (de compétition) intrinsèquement vertueux et éducatif. La droite républicaine et les communistes se retrouvent pour reconnaître et promouvoir l’aspect socialisant du sport.

valorisé ses vertus morales et éducatives. Norbert Elias y voit un élément du processus de la « civilisation des mœurs », contribuant à maîtriser la violence en lui substituant des affrontements symboliques et pacifiques. Dans un registre plus critique, Pierre Bourdieu note que l’affrontement réglé des sports modernes permet l’expression de valeurs bourgeoises comme le fair-play et le self government.

La victoire de l’équipe de France de football lors de la coupe du monde 1998 vient donner corps à une représentation qui illustre et justifie ces politiques, avec l’idée que la France aurait, tout au long du XXe siècle et notamment grâce au sport, naturellement intégré des hommes issus des différentes vagues d’immigration. Or, des événements comme l’interruption du match FranceAlgérie en 2001 viennent rappeler que tout n’est pas si simple, et qu’il n’y a au fond guère de raison pour que le sport passe à travers les tensions qui traversent la société française. On a eu tendance, historiquement, à voir dans le sport une réponse aux tensions sociales, ou du moins un espace qui y échappait : nous apprenons aujourd’hui à repérer en quoi il est lui aussi touché par ces questions et tensions. Oui… et là encore le risque existe de se laisser enfermer dans des catégories toutes faites. Une solution pratique, pour un sociologue qui chercherait à sortir de ces a priori, peut être de se décentrer. Avec Pierre Weiss, doctorant à l’université de Strasbourg, nous avons ainsi mené une étude sur les clubs amateurs d’immigrés turcs en Alsace et au Bade-Wurtemberg. L’existence

On parle en effet désormais de communautarisme, en s’en inquiétant…

Parler de communautarisme semble par ailleurs abusif, car il ne faut pas confondre communautés et communautarisme. Ce dernier implique bien une fermeture du groupe qui impose à ses membres une identité fermée, repliée sur elle-même. On n’en est pas là. Il existe bien une forme de repli, communautaire ou tout simplement

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