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Madeleine, Figure Tragique

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'initiation à la sexualité se fait après un épisode clé de l'œuvre qu'est la rupture entre Sainte Colombe et Marais, après que ce dernier a joué devant le roi à la chapelle. Seulement, Madeleine place en son père une confiance certaine : « non » répond-elle à la remarque de Marais assurant que « [son] père est un homme méchant et fou ». Madeleine se fait l'intermédiaire. De fait, c'est elle qui promet à Marais, cet enfant « rouge comme la crête d'un vieux coq », de lui dispenser secrètement l'enseignement de la viole. Madeleine est dépendante du jeune homme, d'une part du fait de ses sentiments, d'autre part sexuellement. L'ambition prononcée de Marais est pourtant annonciatrice de son infidélité future puisque Madeleine est une femme secrète, en retrait, vouée au silence. Justement, la nomination de Marais en tant que « musicqueur du roi » correspond à son désintérêt sexuel envers celle qui l'initia à l'amour et à l'art, nonobstant des visites clandestines dans des chambres à « Versailles » et même à la demeure familiale (p. 81-82) : « Madeleine le rejoignait à Versailles ou à Vauboyen où ils s'aimaient dans une chambre d'auberge. » Ce désintérêt se fait au profit d'abord de Toinette telle une parenthèse, puis ensuite de Catherine d'Amicourt.

Ainsi, discrète mais passionnée, Madeleine vit paisiblement, presque naïvement, alors que se profilent une succession d'évènements qui lui sont fatals. Les prémices de sa tragédie lui sont pourtant visibles.

II] Le silence de la Tour

a) Une femme fidèle mais tragique

C'est au chapitre XVIII que la vie de Madeleine bascule. Marin Marais assume ses passions divergentes : « Vous avez vu que je n'avais plus rien au bout de mon ventre pour vous » « J'ai vu d'autres visages. [...] La vie est belle à proportion qu'elle est féroce [...] » (p. 86-87). Alors qu'il se prédestine à une vie mondaine à la cour du roy, Madeleine, telle la figure de la mort, sombre dans la maladie. Lors de la dernière visite de Marin Marais, elle affirme lucidement : « L'amour que tu me portais n'était pas plus gros que cet ourlet de ma chemise » (p. 104). Femme fidèle à ses sentiments, femme déchirée par la mort de son enfant, elle prend le suicide comme une funeste libération. On peut, de façon prudente toutefois, rapprocher la parenté de Madeleine suggérée par son prénom à celle de Marie-Madeleine, Marie de Magdala. En effet, au chapitre II, lorsque Sainte Colombe se rend au chevet de ses filles pleurant à la suite de cauchemars, il chante des versets en latin évoquant la veille de Marie-Madeleine : « Sola vivebat in antris Magdalena/ Lugens et suspirans die ac nocte » (p. 16). Le texte indique, qui plus est, que Madeleine « lut les Pères du désert » (p. 88), œuvres assurant notamment, en contradiction avec les dogmes de la chrétienté, que Marie-Madeleine eût eu un enfant de Jésus-Christ.

b) Mort et rédemption

Son retrait du monde, à l'instar de son père, est on ne peut plus radical et confirme sa ressemblance avec « la pécheresse » du Nouveau Testament, Marie-Madeleine, pardonnée par le Christ, adonnée à la dévotion jusqu'au trépas : « Madeleine de Sainte Colombe rétorqua que la sainteté, c'était le service de son père, le cloître, c'était cette « vorne » sur la Bièvre [...] elle demeurait pieuse. Durant des années, elle était allée à la chapelle prier. Elle montait à la tribune, regardait le chœur et les dalles qui entouraient l'autel, se mettait à l'orgue. Elle disait qu'elle offrait cette musique à dieu » (p. 98-99). Le chapitre XXIII la présente justement comme toute dévouée à la cause de son père, restant figée

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