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Abdelfettah Kilito

Dissertation : Abdelfettah Kilito. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoires
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l’universitaire marocain Abdelfattah Kilito et traduit par Francis Gouin. Paru aux éditions Média-Plus, l’essai pose la problématique du bilinguisme et du biplurilinguisme, et tout ce que ces deux notions impliquent et renferment comme considérations, sur le plan aussi bien individuel que social.

En effet, parler la langue de l’autre s’étale sur un continuum ; elle va de la connaissance minimale à la connaissance parfaite. Dans une perspective extralinguistique, et c’est là que s’inscrit le propos de l’essayiste, parler la langue de l’autre engendre parfois certains phénomènes très graves, comme l’assimilation, l’aliénation, l’acculturation, l’exil intérieur, le déni ou encore le refus de l’autre.

Abdelfattah Kilito use de ses connaissances en littérature, notamment arabe, pour réfléchir sur ce thème épineux, problématique et très actuel puisque nous sommes dans un contexte de mondialisation où la communication est primordiale, voire déterminante.La démarche de l’essayiste est donc littéraire et non linguistique.

Pour cela et pour le plaisir de ses lecteurs, il revisite les grands classiques de la littérature arabe : de Hamadani à Tawhidi, en passant par Jahiz et Ibn Batouta.Tous ces auteurs ont réussi à maîtriser la langue arabe et ses méandres et, en même temps, ils ont atteint, dans leurs littératures, une dimension universelle. Pourtant, dans le monde occidental, on ne peut citer le nom de ces auteurs sans transposition, sans — ce qu’appelle l’auteur — traduction culturelle ; c'est-à-dire qu’on ne peut pas évoquer aux Occidentaux sans faire un parallèle avec un de leurs auteurs.

Kilito arrive à la conclusion désolante que les chercheurs et universitaires arabes sont condamnés à faire de la littérature comparée. Mais n’est-ce pas le propre de la coexistence ?En réalité, l’homme ne peut se positionner et exister que par rapport à un autre. L’auteur évoque également un autre problème lié à la littérature arabe. En fait, les auteurs arabes ont atteint un degré de maîtrise de leur langue très important, qu’il faut apporter des traductions à l’intérieur de la langue avant de changer de code. Ce qui n’est pas une mince affaire.Tu ne parleras pas ma langue s’intéresse également — et ce n’est pas innocent — au parcours des auteurs et leur vie faite de voyages. Explorer le monde et voir ses merveilles peut élargir les perspectives et ouvrir l’esprit sur l’autre. Mais cet autre, on l’envisage généralement dans la violence. De là à parler sa langue !À travers le voyage d’Ibn Batouta, par exemple, l’auteur nous démontre à quel point il est difficile de vivre loin de chez soi, loin des siens… vivre dans un double exil : géographique (largement gérable avec le temps) et l’exil intérieur (insurmontable).Ibn Batouta n’a pu écrire qu’une fois retourné chez lui. De là, on réalise que l’artiste ne peut créer qu’auprès des siens et dans une situation de sérénité. Par ailleurs, bien que ce soit une traduction, Tu ne parleras pas ma langue se caractérise par une grande fluidité dans le fond (le propos) et dans la forme.

Le propos de Abdelfattah Kilito dans son essai ; au titre interpellateur et apostropheur, est de montrer à quel point il est difficile de parler une langue autre que la sienne.La situation au Maghreb est d’autant plus délicate par rapport à la langue française. Ces pays, qui représentent les anciennes colonies de la France, entretiennent un rapport particulier avec cette langue qu’ils parlent, qu’ils rejettent, qu’ils aiment et qu’ils refusent. Une relation passionnée, passionnelle et, parfois, dévastatrice.

La coexistence entre les langues est tout aussi délicate que celle entre les cultures. Mais voilà un thème qui invite à la méditation et la réflexion, surtout lorsqu’on sait que la langue est véhiculaire de culture. Parler la langue de l’autre, c’est comme accepter de se voir dans un miroir.

Sara Kharfi

“Tu ne parleras pas ma langue” de Abdelfattah Kilito, 168 pages, Média-Plus, Constantine, octobre 2008.

parler la langue de l’autre engendre parfois certains phénomènes très graves, comme l’assimilation, l’aliénation, l’acculturation, l’exil intérieur, le déni ou encore le refus de l’autre.

résumé du livre

Peut-on maîtriser deux langues ? Comment passer de l'une à l'autre ? Comment s'en sortir avec la traduction qu'on est en permanence forcé de pratiquer ? Pourquoi nous réjouissons-nous lorsque des étrangers parlent notre langue ? Mais pourquoi aussi, n'aimons-nous pas, malgré nos dénégations, qu'ils la parlent comme nous ? S'appuyant sur une vaste culture littéraire, arabe et occidentale, ancienne et moderne, l'auteur s'interroge dans un style incisif, et avec beaucoup d'humour, sur l'attitude des Arabes, hier et aujourd' hui, à l'égard de leur langue et des autres.

Sea-lma Fellahi

Tu ne parleras pas ma langue d’Abdelfattah Kilito :

une réflexion sur la rencontre des cultures

La langue n’est pas qu’un simple moyen de communication. Un système de signes linguistiques, oui, mais pas seulement. Un système de références culturelles et identitaires surtout.

Quand on apprend une langue, on ne fait pas qu’écouter et parler avec l’autre, mais on accède à sa culture, sa vision de voir le monde, à tout ce qui fonde son identité. C’est ainsi qu’on peut dire que les réflexions qui se fondent sur «la langue» sont vastes.

Des réflexions auxquelles diverses questions peuvent être reliées. Peut-on maîtriser plusieurs langues en même temps ? Peut-on réellement maîtriser une langue ? Quel rapport peut-on avoir avec une langue qu’on a parfaitement intégrée dans son esprit mais qui en réalité n’est pas la nôtre ?

Qu’est-ce qu’une langue maternelle ? Et comment entre-t-on dans la langue de l’autre ? Comment l’autre perçoit-il le fait de nous voir s’approprier sa langue ? Autant de questions passionnantes sur lesquelles aucune réponse catégorique ne peut être formulée mais que les linguistes, les sociologues ou encore les philosophes se plaisent tout de même à commenter à souhait.

Abdelfattah Kilito, professeur à la faculté des lettres de Rabat en fait partie. Dans un essai publié en 2008 chez l’éditeur constantinois Média-Plus, Tu ne parleras pas ma langue, l’universitaire marocain aborde la question des langues en brassant plusieurs points de vue (littéraire, historique, culturel…) en juxtaposant des modèles arabes et de grandes figures occidentales de la littérature universelle. Le tout, accompagné de commentaires qui reviennent sur la rencontre de la culture arabe et du monde occidental, une problématique ancestrale qui continue en cette période de mondialisation déconcertante à se poser avec acuité.

Abdelfattah Kilito n’hésite pas à confronter la mémoire littéraire arabe à celle des Européens.

Pour Abdelfattah Kilito, «il est évident que la mémoire littéraire est différente chez l’Arabe et l’Européen. Dans les deux cas, elle se réfère à une origine, à un point de départ, et s’appuie sur une certaine notion de l’espace et du temps. La mémoire de l’Européen se réfère à Athènes, et celle de l’Arabe au désert. D’un autre côté, si nous prenons en considération l’élément linguistique, la mémoire de l’Arabe paraît plus longue que celle de l’Européen : elle traverse quinze siècles […] tandis que la mémoire de l’Européen ne dépasse pas cinq siècles.»Les réflexions de l’auteur s’impriment au fil des pages à travers de nombreuses références aux grands écrivains classiques arabes, El Manfalouti, Hamadhani, Jahiz, Averroès, Ahmad Fâris Shidyaq, et bien d’autres…

Ainsi, l’essai se segmente en sept parties : «Dans le miroir, Le traducteur, Méprise, Entre mouvement et repos, Les images, Assis entre deux chaises, Défense de parler ma langue». Une centaine de pages pour raconter la rencontre des cultures, et amener à réfléchir sur tout ce que peut représenter le fait de parler la langue de l’autre…

Abordant la question de la traduction en s’appuyant sur une culture littéraire riche et ouverte

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