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Commentaire Electre Intro

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dit. »

Ce temps de l’action totalement achevée confère au texte un ton définitif et solennel :

La mort est donnée comme sue à l’avance, annoncée, presque prophétisée par le Mendiant.

La valeur d’action achevée du passé simple est enrichie et complétée par le passé composé :

« Il a eu tort », et le futur: « touchera jamais plus » :

Temps de deux commentaires du Mendiant qui évoquent le destin d’Oreste et sa future solitude.

C’est l’imparfait qui est employé ensuite pour la majorité des verbes :

Temps de l’action décrite « parlementait », mais aussi « saignait » à trois reprises, pour souligner l’atrocité de la mort donnée lentement et alourdir la cruauté de la description : « appelait, tuait, cramponnait, empêchait, secouait ».

Giraudoux, dans la narration du Mendiant, donne ainsi à la mort par le jeu des temps du récit son caractère propre :

La mort est annoncée, inéluctable, elle arrive vite, elle est la seule éternité.

1 Ce jeu sur les temps du récit est souligné par le rythme de la narration.

Cinq phrases brèves (lignes 1à 5) introduisent une phrase longue (ligne 5 à7) qui évoque l’assassinat de Clytemnestre ;

Puis cinq autres phrases brèves (lignes 7 à 10) introduisent une phrase longue (lignes 10 à 13) qui traduit l’horreur et le trouble d’Oreste.

Jusqu’à la fin, le récit fait ainsi alterner un rythme rapide (phrases brèves, virgules, répétition de la coordination « et ») pour accentuer la soudaineté de la mort et son caractère inéluctable.

Une accumulation de détails poétiques et atroces (« une bête qu’on saignait », « tout est sensible et mortel dans une mère ») rend la narration de la mort aussi choquante qu’une mort « en temps réel ».

Le rythme se ralentit aux passages de description psychologique :

« Et elle n’appelait…une mère innocente qu’il tuait », « du seul bras gauche…désespéré de mourir en criminel quand tout lui était devenu pur …en face de ce parricide. »

2 Ce rythme plus ample est celui du jugement du Mendiant qui se trouve investi alors d’une fonction différente de celle de simple spectateur/narrateur.

La mort annoncée, inéluctable, qui arrive par surprise, est aussi ce qui fige le personnage dans son destin, qui lui donne une éternité :

« Et elle appelait…si bien qu’Oreste avait l’impression…une mère innocente qu’il tuait. » « Désespéré de mourir en criminel quand tout lui était devenu pur »,

« Pour mourir seul, pour être couché dans la mort loin de Clytemnestre »,

« Et il y a pour l’éternité un couple Egisthe-Clytemnestre ».

Ces notations sont celles du Mendiant, porte-parole de Giraudoux alors ;

Cette éternité est concrétisée par la voix d’Egisthe :

« La voix d’Egisthe, au- dehors. –Electre… »

Et la remarque du Mendiant : « J’ai raconté trop vite. Il me rattrape. »

Giraudoux introduit ici une dimension d’éternité, la mort a figé les personnages et leur a donné une identité définitive, créant un Mythe : Egisthe et Clytemnestre seront à jamais les assassins d’Agamemnon.

(Conclusion partielle et transition)

Ainsi ce texte de simple narration se trouve chargé, par le jeu des temps, du rythme du récit et par les réflexions du Mendiant, de valeurs propres à un récit tragique :

- la mort est « annoncée » comme dans toute tragédie (« Alors voici la fin. »).

- Elle est inéluctable (rapidité de l’action « se précipita, ne toucha même pas, et il atteignit, …et, et, et, mais on la saignait, son fils la saignait. »).

- Elle est aussi atroce ( lignes 7 à 9) : le verbe « saignait » la rend plus violente que son spectacle même, et cette cruauté est aggravée par l’innocence , quelque part, des assassins : « une mère innocente », « un crime qui n’était plus le sien » ;

Si le destin n’avait été figé par leur mort, peut-être se seraient-ils purifiés ?

Mais la mort les fige dans leur Mythe, dans le tragique.

C’est cette dimension du tragique et son expression par la voix du Mendiant que nous allons étudier maintenant :

Une lecture plus approfondie du texte permet de souligner toutes les valeurs du personnage du Mendiant, à commencer par la dimension tragique qu’il donne au texte.

Etrange messager, qui rapporte ce dont il a été spectateur en l’anticipant :

« Alors voici la fin. »

« Il a eu tort. Il ne la touchera jamais plus. »

Ces paroles sonnent de façon solennelle et définitive, comme si le Mendiant était mystérieusement averti de l’avenir et du destin des personnages.

Bien plus, il semble dénoter dans leur comportement une personnalité profonde cachée aux participants à l’action et au spectateur :

« Mais tout est sensible…une mère innocente qu’il tuait »,

« En criminel quand tout lui était devenu pur et sacré ».

Enfin, le Mendiant semble informé de l’au-delà même :

« Il y a pour l’éternité un couple Clytemnestre-Egisthe. »

Dès lors, il est possible d’identifier dans le Mendiant la voix du Chœur tragique dans la tragédie Antique, qui anticipe, commente et juge l’action et les personnages d’un point de vue volontairement omniscient.

Le chœur incarne ainsi la dimension tragique même, celle qui permet au spectateur de savoir le destin du personnage avant lui et d’éprouver de l’horreur et de la pitié alors qu’il croit encore pouvoir échapper à son destin.

Ici, dès les premiers mots « alors voici la fin» s’installe une polysémie :

« Fin » de la pièce, « fin » de l’attente de la vengeance pour Electre, « fin » de l’impunité pour les assassins, ces mots ont une forte valeur dramatique qui est conforme à celle du chœur antique.

Mais le récit du Mendiant instaure aussi un début, celui de la construction d’un Destin

« Il a eu tort. Il ne la touchera jamais plus. »

Le destin d’Oreste, folie et suicide, ouvre la vision de destins liés au sien.

«…et que tout désormais irait bien », c’est au moment où Egisthe prononce ces mots, ironie tragique, que le meurtre de Clytemnestre s’accomplit : « il entendit crier dans son dos une bête qu’on saignait ».

Il y a alors contagion du tragique et les destins s’accomplissent en même temps :

« Il avait frappé au hasard sur le couple en fermant les yeux. »

Destin aveugle comme Oreste dont le Mendiant souligne en un verbe le geste de fragilité psychologique, tout s’enchaîne de façon inéluctable :

« Et elle se cramponnait au bras droit d’Egisthe…Mais elle empêchait Egisthe de dégainer…Et elle était trop lourde pour servir de bouclier…Alors il lutta…Il lutta de sa main que l’épée découpait peu à peu… ».

Le Destin se manifeste dans l’enchaînement tragique des faits :

« Mais le lacet de sa cuirasse se prit dans une agrafe » ;

Il se manifeste jusque dans les animaux :

« Et il y avait cet oiseau qui le giflait de ses ailes et l’attaquait du bec. »

Témoin et narrateur, le Mendiant l’est, mais

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