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Faut-Il Enterrer Le Passé?

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nous blesse encore, du fait qu'ils ne sont plus vivants et qu'ils nous manquent; pour preuve que ce rite n'existe que pour consoler les vivants, voyez ce qu'il advient de votre sépulture après quelques décennies... Et bien oui, on vous dérange de votre belle mort, et on en met un autre à votre place... Les choses sont donc bien hypocrites, mais on voit bien qu'enterrer signifie rassurer ceux qui existent au présent.

A travers l'enterrement, ce n'est pas un corps que l'on met dans un trou, c'est un individu et toute sa conscience que l'on enterre, c'est une âme que l'on relègue officiellement au passé : on enterre un être, un esprit et, en ce sens, l'expression n'est plus stupide le moins du monde. Si l'on met en terre un cadavre, il ne s'agit là que d'un pur symbole :l'homme a seulement besoin de repères concrets pour bien comprendre les choses, surtout lorsqu'elles sont compliquées et insolubles comme la mort. Et sur ce point, la science - la psychanalyse - et la religion sot d'accord : l'enterrement console à long terme les vivants (chose que le protestantisme affirme sans hésiter).

De plus, enterrer, c'est creuser un trou : c'est une activité fatigante et dure - essayez, pour voir si vous n'avez aucune courbature ! - ; et là encore, la vision ultramatérialiste rejoint le point de vue spirituel : tout ceux qui ont tenté "d'enterrer le passé" témoigneront de la difficulté de la chose.

Donc si l'image est a priori juste et moins contestable qu'il n'y parait (puisqu'on peut enterrer quelque chose d'aussi immatériel qu'une conscience), l'acte "d'enterrer le passé" de résume toutefois à une chose : oublier. Car oui, en enterrant quelqu'un, on tente d'oublier la douleur que nous cause sa perte, on tente d'oublier les bons moments passés en sa présence, pour souffrir un peu mois de sa disparition; de même en "enterrant la hache de guerre", on oublie les conflits et les barbaries entre deux tribus adverses, car aucune guerre n'est belle, une guerre implique toujours morts et sang...

On en arrive dès lors à une formulation de la question que les puristes accepteront de manière plus aisée : faut-il oublier le passé ? (En ce sens où on fait abstraction d'une "tranche de vie", que cela consiste en une personne ou en une période).

Attardons-nous maintenant sur la question du "faut-il"; l'emploi du verbe falloir implique une nécessité, et une nécessité absolue de surcroît : une obligation. Et c'est sur ce point qu'une contestation peut être envisagée; car, au bout du compte, que cela soit obligatoire ou non, lorsque l'on enterre le passé, c'est qu'on a DÉCIDÉ d'agir de la sorte, on fait le choix de l'abstraction du passé; or si l'on fait un choix, si l'on choisit et qu'on a la liberté (indéniable puisque c'est notre esprit qui agit, et que rien ne peut l'empêcher actuellement d'agir à sa guise) de choisir d'enterrer ou pas le passé, c'est que cette question n'est pas vitale à proprement parler; et si cette nécessité introduite par le "faut-il" n'est ni absolue, ni systématique, ni vitale, il n'y a qu'une chose à conclure : cette nécessité n'est pas nécessaire, parce que l'on a toujours le choix.

Il faut manger, et boire, et beaucoup d'autres choses encore, mais il ne faut pas spécialement enterrer le passé, c'est à chacun de savoir. De ce fait, le "faut-il" semblerait plus contestable que l'"enterrer"; nous conserverons toutefois la formulation, tout en se rappelant bien que si obligation théorique il y a, l'individu aura toujours le dernier mot et le pouvoir décisif, et la réponse obtenue à cette question ne pourra toujours tenir lieu que de conseil, et non de vérité totale et de chose accomplie.

Demandons-nous maintenant ce qu'entend la question par le concept du "passé"; déjà, ce qui est passé est ce qui est réel et qui n'appartient pas au présent; après, il faut bien sûr déterminer ce que l'on entend par "présent", suivant le contexte dans lequel on l'emploie, et les possibilités étant infinies, nous ne nous y attarderons pas plus longuement - au passage, le futur lui non plus n'appartient pas au présent, mais il se différencie du passé par le fait qu'il n'appartient pas non plus au réel, car il n'a pas (ni n'a eu) lieu, et à vrai dire, il est impossible de dire ce qui aura lieu.

Certains prendront peut-être plaisir à séparer les choses entre passé proche et passé lointain, mais cela n'a aucune forme d'importance dans le cas qui nous intéresse, car on passe d'enterrer le passé en général et une telle distinction est ici inutile : ici, que le passé "enterré" soit proche ou lointain, de toute façon, le résultat sera le même, une part de passé sera oubliée, et c'est tout ce qui nous importe dans la question posée.

Par contre, c'est l'appréciation du dit passé qui va jouer un rôle fondamental dans la réponse. On parle souvent de passé glorieux ou bien de passé noir, et c'est le souvenir qu'on en retient qui est important. Si le souvenir est lié à une image négative, on va l'oublier, ou tout du mois on va chercher à le faire; pour les véritables traumatismes, l'effacement dans le conscient de ces souvenirs sera la plupart du temps automatique... mais il n'en demeure pas mois que l'inconscient constitue une mémoire totale et infaillible... Pour les souvenirs liés à une image positive, dès lors que l'on va chercher à les oublier, c'est que ces bons souvenirs sont terminés, et souvent tragiquement, sans quoi on ne se donnerait pas tant de mal pour faire disparaître de notre mémoire consciente des choses agréables et rassurantes.

On en arrive donc à ceci : on ne va pas chercher à oublier le passé proprement dit, mais plutôt des souvenirs, dont la nature n'a finalement que peu d'intérêt ici, et qui dépend totalement du contexte.

Nous avons vu qu'enterrer le passé, c'était faire abstraction de ses souvenirs, oublier le contenu de notre mémoire. Or voilà, faire abstraction de notre passé, c'est faire abstraction de ce que nous sommes, ce qui n'est ni possible, ni viable si on y parvenait.

Il faut donc bien évidemment limiter notre oubli à une période, on ne fera donc abstraction que d'une partie de ce que nous sommes, ce qui semble déjà plus réaliste.

D'un autre côté, aucune période n'est vierge, et chacune contient aussi certains éléments; en faire abstraction serait donc faire abstraction d'un certain savoir, de connaissances et d'enseignements tirés durant la dite période; c'est donc si demain, dans un souci d'enterrement du passé, nous irions jusqu'à oublier volontairement Euclide ou Pythagore... A ce rythme, l'humanité en général et l'homme en particulier ne parviendraient jamais à évoluer et à avancer. De même est-il impossible de renier, par exemple, la période de la seconde guerre, car certaines choses y ont été découvertes dont nous ne saurions nous passer aujourd'hui.

Il faut alors dès lors effectuer une classement, une hiérarchie, relativiser, bref, déterminer ce qui doit être ou non "enterré". Et en fait, rien ne doit être oublié, sans que l'on doive non plus se souvenir de tout; on ne doit retenir que ce qui nous est utile et faire abstraction du reste... et si on venait à avoir besoin de ce passé que l'on s'est donné tant de mal à oublier ? C'est pour cela qu'existe le concept de "mémoire collective", de bibliothèque, d'archive... car si l'on doit se borner à l'utile, la précaution exige que l'on puisse avoir accès au reste. Mais il y a un paradoxe et un problème sur cet aspect et sa résolution : le paradoxe, c'est que si on a besoin d'un souvenir qui a une trace quelque part, mais dont personne ne se souvient, ce "trace de passé" n'a plus aucune utilité, puisque personne j'aura l'idée de l'utiliser. Et le problème, c'est qu'autant une bibliothèque peut servir pour une mémoire collective, mais l'individu seul a tout de même peu de supports pour se souvenir à nouveau de manière efficace, de ses sensations par exemple.

Lorsque l'on enterre le passé, on enterre donc CERTAINS souvenirs; ce ne peut s'agir d'un réel oubli, d'une part parce que la psychanalyse a bien démontré que cela était humainement impossible, et d'autre part parce qu'en "oubliant" qu'une part des choses, on se souvient forcément du reste de dette période, donc de la chose que l'on tente d'"enterrer". Car il est toujours utile de pouvoir "déterrer la hache de guerre" si le contexte l'exige, sans quoi, on se retrouve parfois "sans armes"...

Notons de plus qu'un tel acte d'oubli volontaire - impossible donc - est systématiquement lié à une image négative du souvenir : que l'on en oublie des bons ou des mauvais, on a vu que de toutes façons c'était pour refuser un certain aspect tragique (si contestation il y a, on en reparlera un peu plus tard, question d'organisation).

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