DissertationsEnLigne.com - Dissertations gratuites, mémoires, discours et notes de recherche
Recherche

Geographie

Compte Rendu : Geographie. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoires
Page 1 sur 18

dre spatial. Pour cela, ce courant allait utiliser le positivisme méthodologique, avec une utilisation importante des bases de données qui étaient en train de naître grâce au développement des ordinateurs.

Or les principes méthodologiques existants ne permettaient pas d'expliquer et encore moins d'apporter des pistes de solutions aux problèmes sociaux qui touchaient le monde occidental à l'époque. A la fin des années 60, aux Etats Unis, la guerre du Vietnam est de plus en plus contestée dans l'ensemble du pays, les mouvements d'émancipation ainsi que les inégalités qui se développent sont au c?ur des mouvements sociaux de l'époque. Ces mouvements ne sont pas restés aux portes des universités. Ainsi, de nombreux étudiants souhaitaient avoir des clés pour comprendre les problèmes de l'époque. Ces derniers voulaient créer une nouvelle société plus juste et égalitaire.

Cette nouvelle approche de la discipline a entraîné un nombre important de critiques contre la méthodologie positiviste. Ainsi, Harvey (1969) et Bunge (1962) soulignent un alignement de la nouvelle géographie sur l’orthodoxie scientifique. Considérant la méthodologie positiviste comme un facteur idéologique, ces derniers vont proposer des nouvelles méthodes. Ainsi, Bunge va réaliser une « expédition » pour évaluer l’état de la pénurie dans lequel vivent les habitants du ghetto de Fitzgerald à Detroit1.

L'une des réponses apportée en géographie humaine sera apportée par le courant radical, en partie à travers des évolutions méthodologiques.

On va voir se développer trois courants spécifiques chez les radicaux : les marxistes, les féministes et les anti-impérialistes. Ces trois courants auront un objectif commun : renverser la relation de pouvoir et d'oppression que subissent les individus. Ils vont ainsi développer une géographie plus sociale, plus égalitaire et plus libertaire qui s'opposera à la « nouvelle géographie » accusée de favoriser le statu quo.

2 – Le marxisme en géographie humaine :

Le pionnier de l'approche marxiste en géographie humaine est David Harvey. De manière générale, les géographes n'avaient pas pour habitude de lire Marx pendant leur cursus universitaire alors que dans les autres disciplines des sciences sociales, c'était une étape inévitable. En 1971, c’est à la suite de l’appel des philosophes français Althusser et Balibar, que David Harvey est initié au Capital lors d’une lecture collective à Baltimore2. Deux ans plus tard, il proposa, dans son ouvrage Social Justice and the City (1973), une méthode dialectique. L'utilisation de cette méthode permet de remplacer les celles précédemment utilisées considérées comme des vecteurs d'idéologie et de statu quo.

Les théories marxistes vont prendre deux formes. La première sera l'intégration de la notion de l'espace à la théorie marxiste et la seconde va chercher à identifier les processus et les relations qui fondent les problèmes que la géographie humaine traite.

C'est dans cette branche de la géographie humaine marxiste que Derek Gregory va s’intéresser à la manière dont les structures sont en perpétuelle re-création pour finalement devenir permanentes3.

C'est au sein de cette voie que d'importants débats vont se développer sur le rôle de l'humain et la manière dont le comportement de ce dernier est perçu. Ainsi, la science spatiale de la nouvelle géographie n'apportait que le modèle de rationalité humaine. Les auteurs marxistes vont intégrer l'idée que l'agent doit être pensé dans son contexte. Ainsi, les auteurs vont prendre en compte les structures historiques et géographiques4 qui influent sur une partie du comportement de l'individu. On voit donc apparaître un déterminisme géographique dans l’analyse du comportement des individus.

Nous allons voir que les géographes marxistes vont étendre leur réflexion à l'ensemble des formes d'oppression dans le monde. On va constater le développement du nombre de sujets traités. Cette dispersion, que l'on va aussi constater chez les féministes, va entraîner une baisse d'intérêt pour les travaux des radicaux.

3 – Les féministes : la lutte contre l'oppression masculine

A la fin des années 1960, de nombreux groupes féministes apparaissent dans les organisations syndicales mais aussi de manière indépendante. En mars 1971, encouragée par les mouvements féministe nord américain et de l’Allemagne de l’Est, la première conférence du Women’s Liberation Movement est organisée à Oxford. Il ressortira des débats des revendications importantes pour le mouvement féministes. Ces mêmes débats vont continuer au sein des groupes initialement formés et vont servir de base aux analyses théoriques qui vont se développer5.

Les féministes vont chercher à démontrer les processus sociaux et les relations de pouvoir qui sous tendent les modèles de la géographie humaine. En effet, malgré le fait que la discipline se considère comme neutre et universelle (le positivisme), les féministes vont constater que la discipline est marquée par le genre masculin et sa domination6. Pendant longtemps, les travaux des féministes ont été ignorés par la majorité des géographes, entraînant le fait que de nombreux étudiants n'étaient pas familiarisés avec ces notions qui n'étaient pas étudiées. L'objectif des féministes était de ne pas exclure la moitié des humains (reprenant le slogan : « la moitié des hommes sont une femme ») de la géographie humaine7. Les féministes développèrent quatre courants : les relations entre les hommes et les femmes dans le milieu académique de la géographie humaine, le genre comme sujet de recherche, une approche féministe dans la méthode de recherche et la manière dont elles abordent le savoir.

Dans ces différentes approches les féministes vont être fortement critiques à l’encontre de la méthodologie appliquée précédemment. Considérant, comme les géographes marxistes, que le positivisme est vecteur d’une idéologie, les théoriciens féministes vont démontrer que certains aspects de la recherche comportaient des biais sexistes : certaines questions n’étaient pas traitées, par exemple on considérait comme acquis le fait que l’homme était à la tête du foyer. Certaines études excluaient même les femmes.8

Nous allons, ici, particulièrement nous intéresser au fait que les féministes vont apporter des problèmes féminins à la géographie mais aussi se poser la question du genre dans le comportement humain. Ainsi, les féministes vont remettre en cause le phallocentrisme, l'hétéro-normativité, le masculinisme.

En effet, elles vont chercher à intégrer les problèmes des femmes dans les problématiques traitées par les géographes, ainsi on va voir apparaître les tâches ménagères, la violence des hommes ou la santé des femmes comme objets d'étude. On voit ici, que ce n'est pas exactement le comportement de l'individu étudié qui évolue mais les problèmes traités par la discipline. Cela entraînera d'importantes difficultés de recherche. En effet, l'ensemble des bases de données de l'époque était réalisé en fonction des problèmes traités à l'époque et était donc façonné par la vision masculine de la discipline9.

Par ailleurs, un changement aura lieu dans la manière dont le comportement humain est étudié. Ce n'est plus le comportement d'un humain de genre masculin (blanc) qui sera au centre du travail scientifique mais les autres types de comportements qui existent dans la société. En 1976, Burnett va souhaité l’introduction du « mode de pensée interpersonnel des femmes » dans la géographie et Ann Buttimer va encourager un mode d’analyse plus féminin et plus sensible10. Pour cela, les chercheurs ont la volonté de se mettre à la place des personnes étudiées. L'individu n'est plus un être abstrait créé par la théorie (l'homme rationnel) mais la personne que l'on a suivi dans un travail de terrain11 (en cela la méthodologie se rapproche des méthodes élaborées par Bunge).

C'est dans cette voie que les féministes ont alors souhaité développer une discipline plus qualitative. Pour cela, les études collaboratives et des études de terrain ont été les premières méthodes utilisées. D'importants efforts sont réalisés afin de ne pas recréer un lien de domination entre le chercheur et les agents étudiés. Cela va entraîner d'importants changements dans la discipline car cela va élargir les frontières des objets étudiés10.

Comme nous l'avons vu pour les marxistes, les féministes vont aussi étendre leur recherche à l'ensemble des pouvoirs dans la société. Cette lutte de pouvoir va être étendue à la relation homme/animal entraînant le développement de l'écologie politique.

4 - Le manque d'unité du courant radical.

L'ensemble des radicaux vont avoir un objectif similaire : mettre à nu les mécanismes de domination et lutter contre ceux-ci par un activisme en dehors des cercles académiques. Cependant, la disparité va être très importante entre tous les chercheurs. En effet, les liens de dominations sont omniprésents. Par exemple, les féministes reprocheront aux marxistes la

...

Télécharger au format  txt (29.8 Kb)   pdf (218.6 Kb)   docx (17 Kb)  
Voir 17 pages de plus »
Uniquement disponible sur DissertationsEnLigne.com