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Hell , Lolitta Pille

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plus qu'on ne va en cours, on a plus de maisons qu'on a de vrais amis, et deux cents numéros dans notre répertoire qu'on n'appelle jamais. On est la jeunesse dorée. Et on n'a pas le droit de s'en plaindre, parce qu'il paraît qu'on a tout pour être heureux. Et on crève, dans nos appartements trop grands, des moulures à la place du ciel, repus, bourrés de coke et d'antidépresseurs, et le sourire aux lèvres."

"Nous sommes en quantité infime dans la masse, mais nous nous sentons nombreux car nous ignorons ce qui se passe en dessous, à l'heure où vous allez bosser, nous nous couchons, ivres et béats d'avoir claqué en une nuit le montant de vos courses alimentaires de la semaine, voire votre loyer, voire votre salaire. Et le pire, c'est que c'est normal, et qu'on recommencera demain, et après-demain, et tous les jours jusqu'à ce qu'on s'en lasse.

Ca vous exaspère ? Tant mieux, c'est fait pour.

Je suis un petit con, un sale petit con qui se la pète du haut de ses vingt-deux ans et de ses millions. Mon optique ? Emmerder le monde, vous compris.

Car emmerder le monde est la solution, la panacée contre l'ennui. Enerver, emmerder, exaspérer les hypocrites, les déclassés, les intolérants, les prétentieux sans raison, les voisins, les bourgeois, les radins, les mythomanes, les incurables médiocres, ceux qui parlent politique, ceux qui traitent les filles de salopes parce qu'ils ne les ont pas sautées, ceux qui critiquent les livres qu'ils n'ont pas lus, ceux qui ne prêchent que pour leur église, ceux qui balancent des billets à la gueule des serveurs, ceux qui n'aiment pas les flics, et j'en passe et des pires."

"Joue contre joue, yeux dans les yeux, main dans la main... ce qu'on est con quand on aime ! Ce qu'on est niaiseux, mielleux, fleur bleue, inactif, improductif, égoïste, aveugle et sourd ! Je promène ma tête d'autiste heureuse dans les rues de Paris, sans me préoccuper le moins du monde d'effrayer ou non mon entourage qui n'existe plus, ou les passants que je ne vois même pas."

"Vivre d'amour, d'Evian, et de Marlboro Light.Et croire que ça suffit.Ça ne suffisait pas."

" Je n'en peux plus.

Nous ne sommes plus vivants, c'est un leurre.

Nous nous sommes embourbés dans la Nuit, et la coke.

Nous hantons les endroits sordides, à l'est, dans ces quartiers dont nous ignorions jusque-là l'existence, nous nous vautrons dans la saleté des autres, nous nous nourrissons des vapeurs glauques, de rencontres vaines, et de cette omniprésente putréfaction de l'âme qu'on ne retrouve que la nuit, et à laquelle nous aspirons malgré nous.Nous nous jouons de la comédie de la vie, mais nous sommes plus morts que vifs.Des cadavres animés. "

" Chaque jour, j'assiste à l'abaissement de l'homme que j'aime, son menton qui heurte la table, ses mains tremblantes qui vident le sachet, qui façonnent les lignes, et elles disparaissent en un dixième de seconde dans le geste saccadé qu'il fait pour les aspirer, don entier de son être où je suis intruse.Le nez plein, les yeux vides.On ne baise même plus.J'ai en permanence un goût de métal dans la gorge, je ne sens plus mes gencives, je saigne du nez tous les matins.C'est le huis clos, l'autarcie. On n'appelle plus que notre dealer.On essaye de tout essayer. Hier, on a fumé du crack.Plaque de verre, billet roulé, cristaux immaculés. Il m'a volé mon vice.Ça ne se vit pas à deux. "

" Le jour fait semblant de se lever. Mais c'est la nuit pour toujours.Et je suis la seule à le savoir. "

" Et on écoute Aerodynamic, des Daft Punk, et ça me donne envie d'aller très vite et très loin ; et on pousse à deux cents sur les quais déserts, et tout est derrière nous en un éclair, et je me dis que j'ai envie de crever, que ça me serait égal à ce moment précis, crever à côté d'Andrea, à deux cents dans Paris, défoncée à la coke et à la vitesse, avec les guitares hurlantes des Daft Punk saturant l'air ambiant, se jeter du haut du pont des Arts, car dans nos yeux chromés, notre destin s'est brouillé, se planter dans la cour Carrée, au pied de l'obélisque, sous l'Arc de Triomphe, place Victor-Hugo, et défoncer la porte du musée Marmottan pour aller rendre le dernier soupir devant Impression soleil levant, crever les larmes aux yeux, à côté de l'âme sœur, en face d'un chef-d'œuvre, et je me rends compte que mon nez pisse le sang, et les cloches sonnent, et nous sommes arrivés... "

"Tes petites agressions mesquines, ce sont des coups dans l'eau... t'es comme un gosse qui s'est fait mal et qui essaye de pousser ses petits copains dans le bac à sable pour qu'ils se fassent mal aussi..."

"Je me souviens de la Calavados, quand le meilleur était encore à venir... Je me souviens de son regard et du visage des musiciens. Je me souviens de ma fuite.

Quelque chose explose en moi, je me redresse en agrippant les draps, je hurle les paroles, ma voix se brise... C'est ma faute. J'ai voulu en finir sous prétexte qu'on se détruisait mutuellement, j'ai été l'artisan de notre échec, j'ai travaillé à mon propre malheur.C'est fini.

Lui est maqué avec une pauvre fille, et moi je suis comme une conne chez moi un samedi soir. Je n'ai même pas envie de sortir, ça ne m'intéresse pas, je n'ai envie de voir personne, juste lui. Il me manque.Après tout, qu'est-ce qui m'empêche d'aller tout lui avouer ? Lui avouer pourquoi je suis partie, et que je lui ai dit toutes ces saloperies la dernière fois parce que j'étais malheureuse, jalouse, paumée, que chaque mot qui vaut pour lui vaut aussi pour moi, et qu'il faut que nous rations notre vie ensemble.Je t'aime, c'est rien, c'est tout, je ne lui ai jamais dit.

Et tant pis s'il me répond froidement d'aller me faire foutre. Au moins je serai fixée."

" Je m'appelle Andréa et j'habite dans le XVI°.

Je suis presque heureux.

Il paraît que j'ai tout : je suis Jeune, Beau, Riche ; des populations entières doivent rêver d'être moi.

A ça près.

Je suis Jeune, Beau, Riche et lucide.

Et ça, c'est le détail qui fout tout en l'air. "

"Toutes des putes. Tant mieux pour moi.

Je suis le challenge universel, le mec le plus beau et le plus frais de Paris, dont rêvent toutes les petites connes, que personne n'a eu et que personne n'aura jamais.

Je pourrais toutes les baiser. Ca ne m'amuse pas. Ce qui m'amuse, c'est de jouer avec leurs nerfs, les torturer, leur faire péter les plombs.

J'en ai fait un art (un de plus). Et le pire, c'est qu'après ça, elles en redemandent, elles me harcèlent au téléphone, quémandent un café, un verre parce qu'il faut qu'elles me parlent, me font des crises d'hystérie en public,

...

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