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La Mort Et Le Bucheron

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sclave, un richissime protecteur des arts, un homme de rang moyen, qui sont et ne sont pas auteurs de deux textes, liés par un troisième dont l'auteur se manifeste par un je... En cet ensemble, ces trois sortes de personnes, pour reprendre une expression de la fable précédente, sont deux fois groupées par deux, en deux fables distinctes, et qui ont pourtant même sujet. L'unité se déploie en trois par couples de deux.

Tout couple porte identité et différence : ces fables XV et XVI sont identiquement des fables, mais ce sont des fables distinctes. Elles sont doublement deux : jumelles, en ce qu'elles traitent même sujet, elles se distinguent par leurs façons. La première est dite générale, la seconde n'est pas caractérisée par un adjectif. Appelons là non générale.

Cette non généralité se lit dès le titre : Le Bûcheron s'oppose au Malheureux. Le Bûcheron appelle des objets, un paysage, un rang social, éventuellement des conditions politiques, et une époque. On trouve, en effet, dans la fable, un fagot, une chaumine enfumée, la femme, les enfants, le créancier, et la corvée...

Tous ces éléments font pour le Bûcheron, et, plus subtilement, pour le lecteur, d'un malheureux la peinture achevée.

La Mort et le Malheureux, en revanche, n'est peinture achevée, ni pour le Malheureux, ni pour le lecteur. Il n'y a pas dans cette fable de paysage, d'objets, de rang social, de situation politique, ou d'époque. Nulle allusion même à la machine ronde, qui est expression caractéristique des philosophes modernes. Le malheureux est sans lieu, ni date. Il est hors des choses et de la pensée réelle.

Lisant ensemble les deux fables, on entend que Rendre la chose générale, c'est faire une peinture non achevée. Inversement, la peinture achevée suppose le non général, c'est-à-dire les choses, le paysage, la politique, le temps...

Selon le petit texte intermédiaire en prose, c'est une raison qui a contraint le je à rendre la chose ainsi générale. En première lecture, on peut penser que cette raison n'existe plus puisque la fable non générale, attribuée à Esope, se trouve effectivement publiée dans le premier Recueil en 1668. Il y aurait un passé (celui de de je composai, et de me contraignait), et un présent (celui de je joins). Une histoire se serait produite. Une nouvelle histoire serait possible. Rien ne contraindrait désormais le je, et peut-être quiconque, à se contraindre au général. En somme, si Jadis L'Olympe et le Parnasse étaient frères et bons amis, comme l'indique la fin de Simonide..., cet heureux temps semble être, pour partie au moins, revenu. Certes, il ne s'agirait pas, quand on est poète, d'attendre des Dieux et de leurs pareils, une protection, ou, du moins, une préservation, mais on pourait espérer qu'ils ne contraignent pas, en matière de poésie, à rendre la chose générale. On pourrait, en quelque manière, avoir retrouvé la possibilité de pratiquer l'art, sans contraintes, d'Esope, et conserver ainsi son trait. Cette heureuse histoire compenserait, quelque peu, la mélancolie conclusive de Simonide préservé par les Dieux.

A bien y songer, cependant, une autre lecture est possible. Rien ne dit dans la prose que la raison soit abolie. Son existence est signalée, mais sa disparition n'est pas proclamée, et sa nature n'est pas révélée. Son signalement, en vérité, la fait apparaître comme secrète raison, mais le dispositif des deux fables suggère que le fabuliste, tout en rendant manifeste le secret, en le faisant ainsi exister, les contourne. La manifestation du secret rend à la fois visible et invisible la manoeuvre.

Qu'est cette raison ? Une partie de la critique s'est épuisée à les chercher. On a pu vouloir y reconnaître, par exemple, un effet de l'affaire Fouquet. Mais La Fontaine, dans cette fable, n'en

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