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La naissance de l'instruction publique primaire - La vie et la carrière d'un instituteur du début du XIXe siècle, Louis Arseène Meunier

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volution: il a d'abord été instituteur ambulant, puis instituteur rural et enfin il a fondé une école primaire.

Son témoignage nous amène alors à nous interroger sur les évolutions de l'enseignement primaire au début du XIXe siècle.

D'abord nous verrons comment est organisé l'instruction primaire au début du XIXe siècle, puis nous analyserons les caractéristiques de l'instituteur au sein de cet enseignement et nous étudierons les particularités de l'enseignement diffusé à cette époque.

I. L'organisation de l'instruction primaire au début du XIXe siècle

Au début du XIXe siècle, dans la région du Perche (région de collines humides située entre la Normandie et le Bassin Parisien), on distingue deux "types" d'enseignants : les instituteurs ambulants et les instituteurs ruraux.

Les instituteurs ambulants enseignent à domicile ; soit "dans les communes privées d'écoles communales, alors en grand nombre" (lignes 29-30), car le nombre important d'enfants dans un village implique un grand nombre d'instituteurs pour s'en occuper individuellement ou par petits groupes ; soit, comme Louis Arsène Meunier l'a fait à l'âge de quinze ans et demi, dans "des fermes isolées ou des hameaux éloignés des centres de population" (lignes 31-32) : en effet, on est à la campagne, et Meunier est invité à enseigner aux enfants des fermes de la Chesnaye (lignes 7-10) et celles du voisinage, qui sont relativement éloignées ; les trajets sont généralement longs et difficiles. Dans ce cas-là, l'instituteur ambulant est lui aussi isolé.

Les instituteurs ruraux, quant à eux, possèdent des locaux et sont situés dans les "centres de population qui [ont] le privilège de posséder une classe régulière" (lignes 33-34) : on peut en effet considérer le fait d'avoir une classe régulière comme un privilège, car la progression des élèves est plus rapide puisqu'ils suivent une formation relativement continue. Louis Arsène Meunier devient lui-même instituteur rural à Nogent-le-Rotrou en 1820, après avoir enseigné à Berd'huis en 1818, petite ville de 900 habitants dont la population est "fort aisée" (ligne 69), la vie y est meilleure qu'à la campagne ; il enseigne à une classe entière de 40 élèves, ce qui contraste avec le peu d'élèves auxquels il donnait cours en tant qu'instituteur ambulant.

Ainsi, au début du XIXe siècle, l'instruction apparaît comme essentielle puisque lorsque les enfants n'ont pas la possibilité d'accès à une école communale (peu présentes à la campagne), on fait appel à un instituteur ambulant. Cette idée est renforcée par le fait qu'à son arrivée à Berd'huis, on presse Meunier de commencer à enseigner (ligne 56) parce qu'il n'y a plus d'instituteur : il y a en quelque sorte "urgence", car les élèves ne sont plus instruits.

Cette importance que la population accorde à l'enseignement explique la présence d'établissements aux fonctions différentes, dans lesquels le recrutement des professeurs reste toutefois peu exigeant.

Les instituteurs ruraux, au début du XIXe siècle, enseignent dans des établissements diversifiés : on le voit ligne 60, lorsque Meunier enseigne à Berd'huis, son école primaire est mixte (40 filles & garçons) ; tandis qu'à son arrivée à Nogent-le-Rotrou, il existe déjà "six établissements pour l'instruction des garçons" uniquement (lignes 92-93). D'autre part, on trouve à Nogent des établissements aux fonctions différentes : un collège, une école secondaire et primaire, une école gratuite, et 3 écoles primaires non subventionnées. Le collège et l'école sont réservés aux élites, tandis que l'école gratuite et les écoles primaires sont destinées au peuple, comme nous le verrons plus tard.

Toutefois, peu importe l'établissement dans lequel il enseigne, l'instituteur rural n'a pas plus besoin de formation élevée qu'un instituteur ambulant : en effet, quand Louis Arsène Meunier commence à instruire les enfants du fermier Gauthier en tant qu'instituteur ambulant, il n'a que quinze ans et demi (ligne 24), et aucun diplôme qui justifie sa capacité à enseigner ; le fermier attend simplement de lui qu'il possède les bases. Il en est de même lorsque le maire et le curé de Berd'huis lui font un "accueil très favorable" (ligne 55) : celui-ci s'explique par la bonne réputation que lui a donnée la maîtresse Brouard, aux enfants de laquelle Meunier donnait des cours, et par le fait que l'enseignant précédent vient de partir et qu'on en désire vivement un autre. On ne lui demande, encore une fois, aucun diplôme ni quoi que ce soit, malgré la fixation par l'Etat, à partir de 1816, d'une compétence minimale, prouvée par la détention du brevet de capacités. Lorsqu'il ouvre son école à Nogent-le-Rotrou en 1820, cependant, Meunier est en possession de son brevet de capacités, et ainsi parfaitement en règle ; mais certains instituteurs continuent à enseigner sans ce brevet. C'est le cas de M. Rocton, qui tient l'école secondaire et primaire, mais qui continue à exercer car il est protégé par le Clergé.

Par conséquent, il existe des établissements aux fonctions différentes car ils sont destinés à deux publics différents ; quant à la formation requise pour être instituteur, celle-ci évolue au début du XIXe siècle. On constate cependant que l'influence de l'Eglise sur l'Ecole est très marquée. Cela implique que l'enseignement à cette époque reste privé.

Au début du XIXe siècle, suite aux réformes Daunou, le projet de création d'écoles publiques est abandonné : l'enseignement diffusé est donc majoritairement privé : en effet, les instituteurs ambulants établissent un contrat avec le père de famille, et c'est ce dernier qui paie l'instituteur ; quant aux instituteurs ruraux, ils ont un contrat avec le curé et le maire du village, désignés comme surveillants spéciaux de l'école à partir de 1816.

De plus, on peut constater que l'instituteur est soumis au contrôle de la population, par exemple lorsque Meunier ouvre sa classe le lundi suivant son arrivée à Berd'huis (ligne 57): son installation est très rapide, et sans doute due à la pression du village (les parents, qui veulent mettre leurs enfants à l'école, mais aussi le maire et le curé, qui ont une grande autorité sur tout ce qu'il fait).

Par ailleurs, on remarque qu'il y a une forte concurrence entre les écoles (lignes 103-104) : on est bien dans l'enseignement privé. Les instituteurs sont payés par les élèves, donc ils ont peur de la compétition, sachant qu'ils sont en position inférieure d'après la réputation de Meunier. Le "recrutement" des élèves se fait grâce à cette compétitivité : en effet, c'est la réputation de l'école qui fait son effectif. On peut le voir lignes 126-128 :"Mon école était devenue la plus nombreuse de toutes les écoles privées de la ville" : en faisant parler de lui, Louis Arsène Meunier attire la curiosité &, obtenant de bons résultats, les enfants sont envoyés chez lui. Cette compétitivité entre écoles est renforcée par la dernière phrase du texte, "Mon succès était complet" : l'auteur semble avoir pris une revanche sur la vie et sur sa condition sociale.

Ainsi, l'enseignement au début du XIXe siècle est basé sur des contrats établis entre l'instituteur et un ou des particuliers, ce qui engendre une forte concurrence entre les écoles. Devenir enseignant n'est pas destiné qu'aux élites.

II. Les caractéristiques de l'instituteur au sein de cet enseignement

En France, à cette époque, peu d'instituteurs sont issus de familles pauvres. En effet, la plupart des instituteurs sont soit des prêtres, soit des instituteurs issus de familles plutôt aisées. Toutefois, il existe des exceptions comme Louis Arsène Meunier, instituteur percheron, qui est issu d'une famille très pauvre (lignes 2-3) : son père est étaminier et sa mère fileuse (ligne 4). A eux deux, ils gagnent moins de 20 sous par jour, ce qui est insuffisant pour vivre convenablement. Ils vivent à la campagne, une région relativement pauvre. Par ailleurs, Louis Arsène Meunier n'a pas pu suivre une instruction "normale": (ligne 111, "Je n'avais pas fait d'études classiques"), et la plus grande partie de ce qu'il sait, il l'a appris par ses propres moyens (ligne 112). Ainsi, lorsqu'il enseigne dans son village, il ne reçoit pas l'accueil qu'il aurait souhaité (lignes 113 à 119), car son origine sociale n'est pas assez bonne pour les autres instituteurs. A l'âge de quinze ans et demi, afin de vivre indépendamment de ses parents, Louis Arsène Meunier devient instituteur ambulant en se faisant engager par un cultivateur nommé Gauthier. Ce dernier attend de lui qu'il enseigne à ses enfants la lecture, l'écriture et le calcul, en contrepartie d'un peu de nourriture, d'un lit et de 40 sous par mois (lignes 11 à 14), ce qui est peu pour vivre mais pas pour lui, car il est habitué à la misère et cela lui convient très bien : il parle en effet d'

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