La paternité dans "le pere goriot

uer avec ses deux filles, dans la petite enfance qu’il regrette tant, des tendresses excessives qui, maintenant qu’elles sont à l’âge adulte, lui laissent des nostalgies et lui imposent des comportements de quasi-voyeur, comme lorsqu’il les suit de leurs voitures aux Tuileries. Jouant le double rôle (celui du père mais aussi celui de la mère) par fatalité, nous pourrions également le nommer de «père-amant » de par sa passion envers ses filles, il ne faudrait pas grand-chose pour qu’il devienne, par folie, un père prêt à tout commettre pour assouvir le plaisir de ses filles : combines, vols et même meurtre.. « je ferai comme Vautrin, j’irai au bagne ! » ira-t-il jusqu’à crier dans un élan suicidaire.

Prisonnier de cette passion incurable qui lui fait petit à petit renoncer à ses facultés intellectuelles comme à sa dignité morale, Goriot, mauvais père, accède en fait au sublime indirectement, par la faute de ses « mauvaises filles » qu’il a sans doute si « mal élevées ». C’est l’ignominie de son abandon, de son agonie et de sa mort solitaire qui font de cet homme inguérissable de la passion paternelle, un« martyre ». Défenseur d’une société fondée sur les principes de paternité, mais asocial à sa façon, mais presque aussi marginal que Vautrin, Goriot accède à la Transfiguration par les épreuves de la ruine et de la maladie.

2. Vautrin, incarnation de la paternité diabolique

Quant à Vautrin, alias Jacques Collin, personnage étrange, c’est un forçat évadé. Vautrin, l’homme de l’ombre, est là pour mettre en lumière avec une indifférence impitoyable les combinaisons inavouées de la société où les « coquins » sont rois derrière la façade des respectabilités.

Vautrin discourt et raisonne sur le fond d’une expérience récente, vécue et comprise comme historique et politique. Il parle et s’adresse à tous, parce qu’il met en cause les fondements mêmes du monde.

Dans la « leçon » d’existence que Vautrin donne à Rastignac, il cherche à « déniaiser » son protégé de tous les garde-fous de la morale sociale : « il n’y a pas de principes, il n’y a que des événements, il n’y a pas de lois, il n’y a que des circonstances. » Car « papa Vautrin », puisqu’il est condamné à l’ombre et à la marge, a besoin de quelqu’un qui avance et qui gagne pour lui sur la scène du monde. Sa volonté de puissance ne peut s’exercer que par la manipulation d’une tierce personne fascinée et soumise.

La séduction est donc nécessairement l’autre arme de ce père diabolique toujours en quête du jeune homme à initier pour vivre à travers lui sa passion de l’or et du pouvoir. « Archange déchu qui veut toujours la guerre », « poème infernal », Vautrin distille comme un poison, dans la conscience de Rastignac, les « vérités » d’une morale où les sentiments ont moins de place que les comptes et les calculs. Et lui, qui est si peu un « homme à femmes », lui apprend à leur donner du plaisir pour construire, à son tour, à travers elles (Victorine ou Delphine) les chemins de sa fortune et de sa carrière.

Vautrin est un héros de l’hypocrisie et de la clandestinité, du pouvoir tyrannique mais obscur. C’est un père, un « Dieu » mais toujours contraint à n’exister qu’à travers Rastignac, à survivre « par procuration » à travers Eugène qui lui échappe.

Vautrin est tout au long du roman presque constamment symétrique au père Goriot : homme à garçons contre homme à filles, criminel contre victime, figure satanique contre figure christique. Un être, entre-deux, que le premier rêve pour gendre et le second pour héritier, témoigne dans ses déchirements d’apprenti de leur étrange connivence et dualité : Eugène de Rastignac.

Conclusion

Dans le père Goriot , le père a le rôle positif. C’est lui qui est la figure de conquête, d’affirmation, d’ouverture du monde

Il y a un philosophe dans ce roman : celui qui naît en Rastignac, celui qui naît du déchirement de la conscience du père , celui aussi qui à la fois dans un coin et au centre du tableau, dit les choses et le monde : Vautrin.

Pour conclure, je dirais que le couple