DissertationsEnLigne.com - Dissertations gratuites, mémoires, discours et notes de recherche
Recherche

Le Philosophe Ignorant

Compte Rendu : Le Philosophe Ignorant. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoires
Page 1 sur 6

ont dépeintes à l’aide de phrases plus allongées et plus fluides. Chacune des différentes étapes du récit s’enchaîne de manière rapide et n’est même pas introduite par un connecteur logique. Elles se succèdent simplement.

Ce conte philosophique à valeur d’apologue, fidèle à sa définition, est effectivement un récit (présence d’imparfait et de passé simple : « ils étaient » « ils raisonnèrent »…) narratif court et plaisant qui met en scène une situation et des personnages fictifs. La situation est absurde, elle met en scène un aveugle qui prétend « avoir des notions claires sur le sens de la vue » et qu’on reconnaît « pour le chef de la communauté » pour ce don. Voltaire insiste sur l’absurdité de cette situation en juxtaposant ces deux phrases « Le dictateur, pour les apaiser, rendit un arrêt par lequel tous les habits étaient rouges. Il n’y avait pas un habit rouge au Quinze Vingt. ». Il nous laisse ainsi percevoir toute l’ironie dont il fait preuve et nous offre son regard moqueur.

Cette « Petite digression », conforme à la définition de l’apologue, donne à son plaisant récit une dimension didactique. Le récit est présenté comme une argumentation indirecte dont la conclusion serait implicite.

Les différents procédés que Voltaire utilise pour rendre le récit plaisant servent aussi à faire découvrir aux lecteurs la visée didactique de son texte. Ainsi, le rythme, après s’être fortement accéléré, ralentit à nouveau à la fin du texte avec l’élément de résolution et le dernier paragraphe. La morale du récit est ainsi mise en valeur. Le choix de personnages aveugles a évidemment une valeur symbolique. Ils figurent une humanité privée de discernement et qui s’en remet à d’autres pour interpréter le Monde. Bien que le point de vue semble à première vue très neutre (position impersonnelle, focalisation externe), on comprend bien que l’auteur émet un jugement. Il emploie un vocabulaire très subjectif et des modalisateurs (malheureusement, prétendit, tout fut perdu, dictateur…). La juxtaposition de phrases telles que « Le dictateur, pour les apaiser, rendit un arrêt par lequel tous leurs habits étaient rouges. Il n’y avait pas d’habits rouges au Quinze Vingts » montre bien le parti pris de l’auteur.

Ce texte présente donc toutes les caractéristiques d’un apologue à savoir, un récit court et plaisant, mettant en scène des personnages de fiction, qui a une visée didactique ou argumentative, le plus souvent morale.

II. Une condamnation implicite des abus de pouvoirs et de la bêtise humaine

Tout au long de ce conte philosophique, Voltaire dénonce et condamne de façon implicite les abus de pouvoir. Il utilise le champ lexical de l'autorité « chef, juger souverainement, dictateur, maître, infaillibilité de leur maître ».

« Il décida que tous les habits des Quinze-Vingts étaient blancs ». « Il décida que » suivi du verbe être souligne l’autorité d’un aveugle qui prétend s’imposer contre toute réalité. Ainsi l’auteur dénonce les abus de pouvoir. La conséquence de cette « décision » est une guerre civile : « Cette querelle forma deux partis ». Le remède proposé ne fait qu’empirer les choses « On se battit longtemps ». C’est seulement après la chute du dictateur que la situation s’arrange « et la concorde ne fut rétablie que lorsqu’il fut permis à tous les Quinze Vingts de suspendre leur jugement sur la couleur de leurs habits. » Les Quinze-Vingts se mettent à douter de « l’infaillibilité » de leur maître et se laissent séduire par « l’opinion erronée » de ceux qui ont des yeux ». En juxtaposant ces deux termes, Voltaire tourne l’Eglise en dérision car il fait évidemment référence au dogme de l’infaillibilité pontificale. Le professeur prend le pouvoir en se rendant « maître des aumônes », il impose ainsi une domination économique par le moyen d’une sorte d’escroquerie. Suite à cela, « personne n’osa lui résister ». L’auteur dénonce par ce passage, les moyens qu’utilisent les dictateur pour asseoir leur pouvoir. A cette dénonciation des abus de pouvoirs, Voltaire mêle aussi une condamnation de la bêtise et du ridicule. « Malheureusement un de leurs professeurs prétendit avoir une notion claire sur le sens de la vue ». Par ce « malheureusement », Voltaire élève la bêtise au rang des malheurs qui affligent l’humanité. La succession des trois verbes au passé simple « il se fit écouter, il intrigua, il forma des enthousiastes » indique avec quelle rapidité les aveugles ont adhéré au discours de cet imposteur, sans faire appel à leur raison. Il termine ce passage en intervenant directement « et tout fut perdu ». Grâce à la parataxe de cette phrase « Il décida que tous les habits des Quinze-Vingts étaient blancs : les aveugles le crurent ; ils ne parlaient plus que de leurs beaux habits blancs, quoiqu’il n’y en eut pas un de cette couleur. Tout le monde se moqua d’eux. »

L’auteur nous montre bien l’évolution de la situation et son ridicule, particulièrement souligné

...

Télécharger au format  txt (8.4 Kb)   pdf (84.1 Kb)   docx (8 Kb)  
Voir 5 pages de plus »
Uniquement disponible sur DissertationsEnLigne.com