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Petits Poèmes En Prose (Spleen De Paris) De Charles Baudelaire Présentation Des Caractéristiques De L'œuvre, Des Critiques, Des Etudes Universitaires (Mémoires De Master Et Thèses De Doctorat), Avec L'etude Du Poème «

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le poète, l’écrivain déchiré entre la tradition et la modernité. A part un Hugo qui continue son œuvre monumentale, le romantisme épris par la nostalgie se voit tombé dans l’oublie. A partir de la deuxième moitié du XIXe siècle, les poètes se tournent soit vers une esthétique, une conception de l’art pur tel que le désigne Gautier, « l’art pour l’art », soit à une poésie représentée par les parnassiens, impersonnel à la manière de Leconte de Lisle. Pourtant Baudelaire, qui lui-même fait parti aussi de la génération sur laquelle pèse l’échec de 1848, reste bien prudent pour s’adhérer à tel ou tel mouvement littéraire. Marioni dans son article qui date du début du XXe siècle décrit le poète comme suit :

Par tout point de vue, soit artistique, éthique, psychologique, Baudelaire est un personnage d’un intérêt irréfutable. […]

Cet un homme bien évidemment qui détient une place à part dans la littérature française. Profondément individuel, il ne pourrait être attaché à aucune école, à aucun mouvement littéraire.

La place accordée à Baudelaire par Marinoni est reprise par Vallet un siècle plus tard. Soulignant la poésie inclassable de Baudelaire, Vallet dans son ouvrage précise que l’homme fut à la fois le dernier romantique et le premier moderne. D’après Vallet il s’aligne au mouvement romantique par certains aspects de sa conception artistique et poétique. Baudelaire prolongea d’une manière propre à lui ce dernier grand mouvement religieux en Europe en continuant « bien le grand élan lyrique du moi romantique, de l’être individuel confronté à son destin métaphysique, à la mort, à l’amour, à l’infini, à Dieu – et au destin de l’humanité ». C’est par son individualisme, son lyrisme, son impuissance face à l’infini, au destin humain, à la mort que Baudelaire s’attache au mouvement romantique. Néanmoins il s’en éloigne dans le sens où

« il abandonne résolument le goût passionné du romantisme pour la résurrection littéraire de mondes historiques disparus ou l’évocation de pittoresques exotisme (espagnol, italien, germanique, oriental, etc.) – passion qui fit édifier à V. Hugo sa Légende des Siècles. De même il se détourne presque complètement du face à face grandiose (et parfois grandiloquent) du poète romantique avec la Nature (comme Création, manifestation du Créateur). »

Le créateur omniprésent, omnipotent et omniscient qui se manifeste dans la Nature laisse sa place chez le poète à la ville sombre et il ne s’agit plus d’une nostalgie du passé cher aux romantiques, au contraire :

« Son monde est obstinément et exclusivement le monde présent, tel qu’il le vit et l’affronte : la grande cité, la foule anonyme, les faubourgs ouvriers, la prédominance des rapports marchands, la déchristianisation, le règne du journalisme, l’art lui-même devenant marchandise. Les mondes passés ou exotiques n’apparaissent chez lui que sous forme de rêveries, symptomatiques du malaise de la condition de l’homme moderne. »

A cheval entre tradition et modernité, Baudelaire peut-on ainsi dire est le poète occupant une place charnière dans la littérature française. Le passage du romantisme au symbolisme se fait avec lui. Son génie qui lui vaut ainsi une place à part est salué même par le géant du siècle qu’est Victor Hugo. Ce dernier reconnait la nouveauté de l’art chez son cadet en lui s’adressant "Vous créez un frisson nouveau". Ce frisson nouveau sera une fois pour toute renouvelé avec son dernier ouvrage intitulé Petits poèmes en prose ou Spleen de Paris. Pour Jean d’Ormesson, qui le qualifie comme un poète et « un prosateur halluciné », Baudelaire est « un des plus grands poètes, et peut-être le plus grand, […] annonciateur des temps modernes ». Le génie du poète dans le domaine de la prose fut déjà signalé par l’éditeur Hetzel dans sa lettre adressée à Arsène Houssaye en 1862 :

« Mon cher Houssaye, lis pour de bon. Je voudrais t’écrire ceci en lettre de Feu : tu as le commencement des Poèmes en prose de Baudelaire, et pour que je puisse le publier, il faut que cela ait paru dans le journal.

Baudelaire est notre vieil ami, ce qui n’est rien, car nous avons trop d’amis ; mais c’est certainement le prosateur le plus original, et le poète le plus personnel de ce temps ; il n’y a pas de journal qui puisse faire attendre cet étrange classique des choses qui ne sont pas classiques ; publie-le donc vite – mais vite – et mets-moi à même de le lire. »

Ces temps modernes s’annoncent dans l’œuvre baudelairienne qui s’est, d’après Vallet, imposé rétrospectivement parlant en tant que l’origine de la poésie en prose. George Blin dirait à ce propos qu’« Autant que le permettent les lois de la création littéraire, les Petits Poèmes en prose marquent un commencement absolu. » Ce commencement absolu ne fut néanmoins pas marqué par un heureux aboutissement. L’ouvrage du poète qui lui a valu en partie sa renommé ne fut que publié dans son intégralité après sa mort. On apprend par Henri Lemaître que le poète a eu le dessin de publier ce recueil dès 1857 sous le titre de Poèmes nocturnes. Mais en effet Baudelaire publia déjà deux de ces poèmes en prose « Le Crépuscule du Soir » et « La Solitude » en 1855. Ce n’est qu’à 1861 que pour la première fois neuf poèmes du poète sous le nom de Petits poèmes en prose apparaissent dans la Revue Fantaisiste. Quelque mois suivant au cours de 1862, vingt poèmes furent publiés dans La Presse toujours sous le même titre. Pourtant dans deux lettres successives que Baudelaire adressa à Arsène Houssaye, directeur de La Presse et de l’Artiste, à part le titre Petits poèmes en prose, d’autres projets de titres sont aussi avancés par le poète, entre autres Le Promeneur solitaire, Le Rôdeur parisien, la Lueur et la Fumée.

Les vingt poèmes en prose de Baudelaire publiés en 1862 furent l’objet d’une réception prometteuse pour le poète et le Boulevard dans son numéro de 31 août 1862 sous la signature de Théodore de Banville consacra un compte rendu des vingt poèmes en saluant l’originalité et la puissance poétique de Baudelaire. Ce compte rendu mérite d’être cité dans son intégralité :

« Un véritable événement littéraire a eu lieu : je veux parler de la publication des poèmes en prose de Charles Baudelaire dans le feuilleton de la Presse. Ces courts chefs-d’œuvre, artistement achevés, où, dégagée de toute intrigue, et, pour ainsi dire, de toute construction matérielle, la pensée libre, agile, apparaît dans sa nudité éclatante, n’ont eu qu’à se montrer pour faire tomber en poussière la foule des colosses prétentieux et vides. Les faiseurs avouaient l’infirmité de leurs moyens, la misère de leurs combinaisons, la vétusté de leurs ficelles ; mais, disaient-ils, le moyen d’intéresser sans cela ! « Le Vieux Saltimbanque » et « Le Mauvais Vitrier » ont répondu à cette objection enfantine ; une fois encore, un homme est venu qui a prouvé le mouvement en marchant d’un pas victorieux. Et, ne vous y trompez pas, dans le choix de la prose appliquée à ces compositions, il y a aussi une démonstration importante. Voici trente ans, que dis-je ? voici mille ans qu’on nous répète avec pitié : « Que seriez-vous sans le vers, sans le rythme, sans la rime, sans ces enchantements tout matériels, qui, tout d’abord, vous assurent la complicité de nos sens, bercent l’âme dans une ivresse musicale, et dissimulent sous les richesses de leurs broderies mélodiques l’indigente simplicité de vos pensées ? » Eh bien ! les poèmes en prose de Charles Baudelaire répondent à cela encore ; ôtez au poète le vers et la lyre, mais laissez-lui une plume ; ôtez-lui cette plume et laissez-lui la voix ; ôtez-lui la voix et laissez-lui le geste ; ôtez-lui le geste, attachez ses bras, mais laissez-lui la faculté de s’exprimer par un clin d’œil, il sera toujours le poète, le créateur, et s’il ne lui est plus permis que de respirer, sa respiration créera quelque chose. O fous bizarres de vous imaginer que c’est à un certain balancement de syllabes, à une suspension de sens, au retour régulier de certains sons qu’a été donné le privilège inouï d’enfanter des êtres ! Quand les dieux emplissent l’éther de comètes, de constellations, d’étoiles et secouent sur lui une poussière d’astres, ce n’est pas à l’aide de leurs mains qu’ils suspendent dans l’immensité bleue ces lumières chantantes, mais par un simple acte de leur pensée génératrice. »

Malgré ce début promettant, la suite se solda par un échec du en partie à la censure. Les poèmes du poète se heurtèrent à des « corrections de bienséance ». « les Tentations », « la Belle Dorothée » et « un Joueur généreux » publiés dans la Revue nationale furent l’objet d’une telle correction contre laquelle d’ailleurs Baudelaire protesta « avec la dernière énergie » qui lui resta. Cette intervention de la part des éditeurs continuera jusqu’à la fin de la vie du poète, qui fait que le recueil soit taxé par l’adjectif de « maudit ». A ce sujet il conviendra de citer la lettre du directeur de la Revue libérale adressée à Hippolyte Taine en date du 19 janvier 1864 :

« Baudelaire est un brave homme dont je fais grand cas ; mais il frappe comme un sourd. J’ai cru qu’il m’étranglerait parce que je lui parlais de supprimer 20 lignes sur 20 pages, sans rien changer au reste du texte.

1. « Je me mis à prier par un reste d’habitude IMBECILE

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