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Questions Sur Lorenzaccio De Musset

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d’ailleurs, le pape et l’empereur - (La Marquise. « Vous servez le pape, jusqu’à ce que l’empereur trouve que vous êtes meilleur valet que le papa lui-même.», IV, 4). Il cherche, par exemple, à assouvir son influence personnelle sur le duc par l’intermédiaire de la marquise Cibo ( Le Cardinal. « Alexandre aime ma belle sœur ; (…) Qui sait jusqu’où pourrait aller l’influence d’une femme exaltée ? (…) Mais il ne fallait pas me prendre pour confesseur. »II,3), met en garde le duc contre Lorenzo à plusieurs reprises (I, 4 et IV, 10) et surtout récupère le tyrannicide de ce dernier pour imposer aux nobles - plus que proposer - un nouveau tyran en tout point semblable au premier. Ainsi, les seuls véritables vainqueurs du conflit sont des ecclésiastiques : le cardinal Cibo et par son intermédiaire, Paul III, le pape.

S’agissant de « l’étalement de la corruption », la correspondance avec Lorenzaccio n’est pas difficile à établir. En effet, c’est la Florence de Musset elle - même et toute entière qui apparaît corrompue tout au long de la pièce. Cette Florence est à l’image de son roi, débauchée et corrompue. Ce dernier semble d’ailleurs déteindre sur tout ce qu’il touche et, dès la scène d’ouverture, son langage et l’enlèvement d’une jeune fille indiquent qu’il y a « quelque chose de pourri » dans l’ancienne République de Florence. Par la suite, tout l’acte I consiste en un désastreux état des lieux de la « pauvre Florence »(IV, 7) de Lorenzo où la débauche du maître apparaît en adéquation avec la vanité des marchands ridicules et avec sa déchéance alors qu’elle est occupée et que sont peuple est opprimé par les troupes de Charles Quint. À travers l’image des marchands florentins, on décèle même une critique du régime de 1830 dirigé alors par des grands bourgeois avec l’évocation dans Lorenzaccio des dirigeants du conseil des Huit,choisis sur la base de leur fortune. C’est l’aristocratie de l’argent qui remplace l’aristocratie de la naissance. Ainsi, « tout les masques - tombent - »et l’humanité dévoile sa « monstrueuse nudité » en un « spectre hideux de l’Antique Florence ». En témoigne la scène 6 de l’acte I où les bannis, s’adressant leurs adieux, maudissent leur ville natale au moment de leur départ la désignant par plusieurs métaphores péjoratives («Adieu, Florence, peste de l’Italie ; adieu, mère stérile, qui n’as plus de lait pour tes enfants »). On ne peut par ailleurs évoquer le thème de la corruption sans parler du personnage éponyme de l’œuvre, Lorenzo, dans l’âme de qui Alexandre a altéré tout ce qu’il y avait de sain et d’honnête (Lorenzo. « Pour devenir son ami, et acquérir sa confiance, il fallait baiser sur ses lèvres épaisses tous les restes de ses orgies », III, 3). Lorenzo concentre ainsi les deux tensions principales de la pièce : d’un côté un angélisme étouffé et de l’autre une corruption omniprésente. Tous les personnages de la pièce sont dès lors confrontés à une même question : « Toutes les compromissions sont-elles admissibles lorsqu’on croit servir une cause juste ? » Citons la vertueuse marquise Cibo, les républicains…tous corrompus dans le fond et plus animés par leurs intérêts personnels que par un véritable idéal. Ajoutons que la corruption se répand comme une épidémie sur les personnes les plus innocentes (la jeune sœur de Maffio, Louise Strozzi…), les transformant en victimes. Elle est par ailleurs présente avec de plus en plus d’intensité au fur et à mesure que l’on parcours les échelons hiérarchiques de la société de Florence. Le dénouement de ce drame romantique referme la pièce en une boucle continue avec l’installation arbitraire d’un nouvel Alexandre par le manipulateur Cibo, personnage le plus corrupteur de l’œuvre et suprême exemple de la déchéance de la société florentine.

Pour « l’humiliation qui suivit les guerres napoléoniennes » qui évoque la monarchie bourgeoise représentée par Louis-Philippe et l’histoire des Trois Glorieuses, révolution confisquée par le pouvoir, les correspondances sont facilement décelables dans le drame de Musset. En effet, dans Lorenzaccio Florence est soumise et occupée par les troupes allemandes de l’empereur Charles Quint. Ces troupes réprimèrent, dans les faits réels, une révolte républicaine entre 1527 et 1530. Dans Lorenzaccio, les révoltes des républicains, officiellement portées par un idéal de liberté témoignent surtout de la crainte de ces derniers devant l’abrogation de plusieurs de leurs privilèges par le régime des Médicis. Les soldats allemands sont souvent présents lors des différentes scènes pour maintenir une atmosphère tendue où il ne fait pas bon être en désaccord avec le pouvoir. Dans la scène 5 de l’acte I, à la foire de Montolivet, on assiste par exemple à un discours patriotique et à un débat entre marchands florentins interrompus par l’arrivée d’un « officier allemand » ou « flandrin ». Cette oppression étrangère se retrouve également lors de l’arrestation de Pierre Strozzi ( L’officier allemand. « Hors de là, canaille : laissez passer la justice du duc, si vous n’aimez pas les coups de hallebarde », III, 3) ou encore dans une scène qui fut censuré, lorsqu’une manifestation étudiante fut sanglantement réprimée par le régime, ce qui n’est pas sans rappeler les révoltes populaires à majorité étudiante de 1832, qui avaient accompagné les funérailles du général Lamarque et avaient inspiré Les Misérables de Victor Hugo. Il est de plus important de souligner que c’est dans cette même Europe des romantiques du XIXe siècle, que le pape réprima dans le sang, le soulèvement de duchés en Italie, qui furent d’ailleurs suivis de tyrannicides. La répression et l’occupation étrangère étaient donc des sujets d’actualité dans les années 1830 qui inspirèrent Musset dans son drame romantique.

Enfin « ce sentiment d’étouffement de la jeunesse » est en référence avec l’impression d’impuissance et d’immobilisme politique ressenti par les jeunes romantiques des années 1833-1835. Née sous l’époque glorieuse du premier empire, la jeune génération de Musset est extrêmement nostalgique de cette époque où la gloire militaire permettait d’accéder rapidement à des hautes fonctions. La révolution confisquée des Trois Glorieuses et les révoltes populaires de 1832 se soldèrent par de cuisants échecs que l’on peut rapprocher avec le régicide de Lorenzo… qui n’a pas eu de conséquences politiques. En effet, les rapprochements avec Lorenzaccio sont nombreux. Dans la pièce, la majorité des personnages sont jeunes et en prises avec des hommes plus âgés qui détiennent le pouvoir. Les républicains comme les romantiques du temps de Musset sont des jeunes gens cultivés qui rêvent d’héroïsme et de gloire. Leurs soulèvements sont pourtant réprimés violemment comme dans la scène 6 de l’acte V où Lorenzo relate les désastreuses conséquences de son acte : « les républicains - n’ont - rien fait à Florence (…) une centaine de jeunes étudiants, braves et déterminés se – sont – fait massacrer. », d’où cette impression de situation politique et sociale bloquée comme pour les romantiques de l’époque de Musset. En témoigne Lorenzo qui semble chercher un exutoire à l’inanité de sa vie dans le meurtre du duc. Il n’a plus foi en l’humanité et l’action politique lui semble vaine comme il le confie à Philippe Strozzi à l’acte III, scène 3 : « Je vais tuer Alexandre ; une fois mon coup fait, si les républicains se comportent comme ils le doivent, il leur sera facile d’établir une république, la plus belle qui ait jamais fleuri sur la terre.(…) Je te gage que ni eux ni le peuple ne feront rien. ».Pierre Strozzi fait également les frais de ce désenchantement, abandonné dans ses désirs de révoltes –et de gloire personnelle- par son père ( Pierre Strozzi. « Vieillard obstiné ! (…) vous serez cause de notre perte ! » IV, 6) et du même coup par les bannis qui s’étaient ralliés à sa cause au nom de Philippe Strozzi ( Premier banni. « Les confédérés veulent le nom de Philippe nous ne ferons rien sans cela »,IV, 8). Ici encore, c’est un homme âgé, Philippe Strozzi, qui détient le pouvoir aux dépend d’une personne plus jeune, son fils Pierre. Quant à Lorenzo, prototype du héros romantique en proie à son « Moi » déchiré, il s’assimile à l’auteur de la pièce, qui, ayant exprimé son désenchantement dans Les Confessions d’un enfant du siècle, se présente lui-même en héros romantique souffrant de ce que l’on appellera plus tard « le mal du siècle ».

2. À quels indices de la fin de l’acte IV présage-t-on que le meurtre du Duc sera inutile ?

Divers indices nous permettent de présager l’inutilité du tyrannicide de Lorenzo et ce, dès la fin de l’acte IV qui voit le dénouement des trois intrigues principales.

Les deux intrigues parallèles à celle de Lorenzo sont, en effet, un échec, et leurs protagonistes nous apparaissent de la sorte comme des doubles ratés du héros éponyme qu’est Lorenzo. Ainsi, l’idéaliste Philippe Strozzi se retranche de la vie politique après la mort de sa fille, illustrant l’inefficacité des républicains et privant son fils du soutien des bannis (« nous ne répondrons qu’au nom de Philipe ») et du roi de France tandis que la marquise Cibo, corrompue par la débauche, doit renoncer à convaincre le duc et dans le même temps à ses idéaux politiques. De plus, elle doit faire face aux manipulations de son beau-frère

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