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Fiche De Lecture - Daliès De Montauban - D. Dessert

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témoignages fragmentaires la condition sociale et l’univers d’un petit groupe d’acteurs représentatifs des classes subalternes que Dessert met en lumière. La perspective micro-historienne postule que les études de cas peuvent être représentative d’un « exceptionnel normal » qui éclaire aussi la totalité du social : le Roi dans cet ouvrage perd sa place centrale au profit des obscurs maltôtiers, partisans et financiers issus d’une famille du Sud-Ouest, les Daliès. Par quels moyens une simple famille de juges montalbanais devenu protestante au début des troubles religieux ayant agités la France au milieu du XVIème siècle est- t’elle parvenue dans une société que l’on a coutume de présenter comme étant d’essence héréditaire, hiérarchique, et profondément inégalitaire à devenir un élément indispensable d’une monarchie à tendance de plus en plus absolutiste ? Nous verrons en premier lieu sa participation au service du roi en tant que clan de financiers, puis ses différentes acticités complémentaires lucratives indirectement liées à l’Etat monarchique et enfin nous nous pencherons sur les relations familiales et professionnelles du clan Daliès qui ont élevé peu à peu le lignage.

Les Daliès rentrent au service du Roi pour la première fois directement lorsque Bernard Daliès devient avocat du roi au siège sénéchal, et quelques années plus tard en 1563 devient avec l’édit de pacification procureur du roi pour constater l’état du Moustier. Mais c’est lorsque Antoine Daliès devient receveur général des deniers publics de Bergerac que l’on constate l’entrée de la famille dans le monde des finances. C’est à ce titre que le Roi de Navarre Henri de Navarre le désigne pour affermer le domaine du comté du Périgord et la vicomté de Limoges en compagnie de son maître des requêtes de son hôtel. Antoine manie alors des deniers publics et gère des patrimoines princiers ce que les Daliès pratiqueront à maintes reprises. Antoine, désormais trésorier général de la maison de Navarre, devient receveur général des tailles du Quercy. Il est en contact avec Bordeaux, la capitale économique du Sud-Ouest et son centre financier ainsi qu’avec la cité portuaire La Rochelle. Les mariages de ses deux filles Marthe et Marie vont renforcer l’implantation des Daliès dans les réseaux financiers provinciaux.

Jean, l’héritier universel d’Antoine depuis 1628, devient receveur des tailles et taillons du Quercy, après que son père se soit retiré des affaires du monde des finances, ainsi que conseiller du roi. Par son mariage contracté avec Marie Patry, la famille montalbanaise entre dans le réseau financier au niveau du royaume par les alliances contractées avec une quinzaine de familles de la finance protestante. C’est à partir de ce moment que les Daliès vont basculer dans la maltôte.

Avec l’émergence de Richelieu et avec la déclaration de la guerre contre l’Espagne en 1635, on assiste à une véritable guerre de l’argent au sein de l’Europe qui confère au officiers des finances un rôle majeur : cette guerre au XVIIème siècle absorbe 80% des ressources de l’Etat. Le succès des armées dépend certaines fois de l’injonction de quelques ressources immédiates.

Le Roi fait appel, en plus des revenus de son Domaine, à des aides « extraordinaires » car occasionnelles au début mais devenues permanentes par la suite : les impositions royales comprenant des impôts directs (taille, taillon), des impôts indirects affermés sur la consommation (gabelle) ou la circulation des produits (aides) et des taxes sur la circulations des denrées et des marchandises. De plus le pouvoir royal se doit de procéder à de nombreux emprunts (les constitutions de rentes, le prêt sur recettes et les traités d’affaires extraordinaires), on peut remarquer que le crédit royal repose sur la fiscalité, et à la multiplication des charges qui de par leur vénalité rapporte beaucoup au pouvoir royal. Ces impositions constituent la chasse gardée des « traitants » qui sont critiqués par tous, traités de « sangsues du peuple »,… Le recouvrement des revenues du roi et ses modalités constituent la pierre angulaire du système fisco-financier. Ce système fait intervenir l’officier levant l’impôt indirect, le fermier général gérant les ressources indirectes ou le traitant qui cherche à placer auprès du public des ressources extraordinaires. Ils constituent un corps unique : celui des financiers du Roi.

Les premiers paiements au Trésor s’effectuent en avance par rapport à la rentrée effective des espèces dans les caisses du receveur général. L’officier collecteur est davantage qu’un simple collecteur ; il est avant tout un bailleur de fonds, capable d’avancer les crédits que réclament les instances suprêmes, il se doit alors de posséder lui-même des réserves monétaires : le système fiscal est bien lié à l’appareil financier. La gente financière considère à juste titre qu’une recette particulière ou une recette générale est un moyen efficace d’arriver au premier plan et est fascinée par la place de fermier général, réputée fort lucrative, qui représente également la consécration dans le métier. Le cumul des charges est interdit sauf en cas de dérogation. Pour passer outre cet interdit, les traitants font exercer leur charge par un prête-nom. De plus les fermiers concluent souvent entre eux une société sous seing privé ce qui équivaut au placement de leur argent afin de le faire fructifier. La participation aux finances royales leur demande d’être solvable en toute circonstance, la voie des finances exposant qui s’y décide.

La guerre contre les Habsbourgs contribue à faire tripler le brevet de la taille et à renforcer la réorganisation politique et financière qui contribue à affaiblir le parti protestant et à renforcer l’autorité royale au travers du redéploiement fiscal. La parentèle des Daliès est alors contrainte à suivre Richelieu, qui abandonne le royaume aux gens d’affaires pour se consacrer à son enrichissement personnel et familial. Le consortium protestant, gérant alors les biens du Cardinal, est lié à un groupe de financiers ultra catholiques.

Jean Daliès s’appuyant sur la dote de sa femme et de l’aide familiale entre pleinement dans le système fisco-financier, de plus il fait appel au crédit public (investissement de personnes aisées dans la finance). Il remplace tout d’abord son collègue Mallet dans l’exercice des tailles de Montauban, puis devient receveur des tailles de l’élection de Montauban avant de d’effectuer la recette des deniers des Etats de Béarn et Navarre. Entre 1638 et 1648, les activités de Jean ne cesse de s’étendre : elles dont de lui l’un des tout premiers financiers de la province, sinon du royaume. Il se constitue alors en débiteur. Il devient un financier majeur dans l’entourage des Bourbon-Condé (Henri II de Condé a acquis le Béarn en tant qu’apanage) qui lui offre leur protection, il tisse des liens assez étroits avec Monsieur Le Prince. En 1635, il est trésorier de France à Montauban ce qui lui confère la noblesse à titre personnel. Durant la Fronde, les financiers occupent un rôle prépondérant : cette révolte peut être perçu comme une guerre de l’argent. Du fait de ses relations avec le Premier Prince Du Sang révolté Condé, Jean Daliès garde durant cette crise un profil bas.

Jean II Daliès, sieur de Martel et Samuel Daliès, sieur de la Tour vont chercher fortune dans le sillage de leur père au contraire de l’aîné de Jean, Antoine Daliès, qui vit noblement de ses terres au sein de la maison familiale.

En 1661, émerge dans le monde des finances à la mort de Mazarin un homme de l’ombre, porte-parole de sa majesté résolument absolutiste, le intendant aux finances Colbert dit La Couleuvre. Louis XIV et lui veulent supprimer le surintendant Nicolas Fouquet di l’Ecureuil faisant obstacle aux deux hommes puisque voulant occuper le devant de la scène. Fouquet préconise après la guerre contre l’Espagne victorieuse pour le Royaume de soutirer graduellement de l’argent aux manieurs d’argent ouvrant la voie à une politique de ponctions sur les bénéfices financiers. Dès 1659, Colbert monte tout une machinerie afin de supprimer l’adversaire et de s’assurer l’impunité : la Chambre de Justice y représente une pièce maîtresse, arme suprême au service de la monarchie absolue et de Colbert. La Couleuvre prône lui une mise à plat qui assainirait les finances publiques et le débarrasserait de Fouquet, en érigeant le surintendant en responsable principal des débordement des financiers, ce qui en ferait leur protecteur, leur complice et un profiteur La haine que portait le peuple aux maltôtiers contribuait à stabiliser le régime grâce à cette détestation universelle. Grâce à la Chambre de Justice, Colbert corrige l’appareil fisco-financier, à défaut de l’amender, en contrôlant et jugeant tous les financiers corrompus ce qui constitue un véritable chasse aux maltôtiers. On cherche à les épouvanter et à les empêcher d’échapper aux effets du procès. On procède à la saisie de leurs biens. Le Roi et son intendant évincent alors Fouquet.

Après 1665, on assiste à une amnistie générale et une décharge pour l’avenir pour tous les financiers incriminés. En échange chaque financier acquitte une taxe fixée par le conseil des finances. Le consortium protestant des Daliès subit les investigations de la Chambre : les juges exigent de Jean 816700 livres. Pour échapper à cette amende, Jean se fait passer pour flambeur, prodigue, s’abandonnant à la fréquentation de femmes débauchées et sa femme soustrait

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