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Bac Flaubert

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vie de l’auteur à l’image de l’affection que ce dernier a reçue de sa part. Sa mère, Laure de Poittevin, lui tient lieu de préceptrice, elle l’initie aux lettres et lui fait découvrir les textes de Flaubert, ami de la famille, et de Shakespeare. C’est une femme à l’allure sévère, extrêmement cultivée, qui fait preuve d’une grande sensibilité pour les lettres, ce qui lui vaut l’admiration de ses proches. Mais elle est aussi une femme excessive, en tout. Son comportement frôle très souvent l’hystérie, elle est fréquemment victime de crises de nerf qu’elle laisse éclater sans se soucier de savoir si son fils y assiste. Le jeune Maupassant est le témoin de nombreuses disputes conjugales qu’il regarde dans l’angoisse et l’anxiété. Sa mère, furieuse, hurle tout son mépris à son époux infidèle qui répond aux insultes par l’indifférence et le silence. Elle couve cependant son fils d’un amour envahissant et, même à l’arrivée du second, Hervé le « bon à rien », sa tendresse pour Guy ne fait qu’augmenter. De ces deux comportements diamétralement opposés, il gardera une passion immense pour la littérature et un amour des femmes assez particulier. Ces scènes de ménage l’auront marqué jusqu’à voir dans le mariage l’acte le plus absurde qu’il soit, réduit à son stade le plus primaire, « partager les humeurs le jour et les odeurs la nuit », se plaît-il à dire d’un ton provocateur, et dans l’enfantement, l’acte le plus dégoûtant. En 1854, la famille s’installe au château de Grainville-Ymauville, près du Havre, des lieux qui reviennent dans les contes paysans. Le château servira d’ailleurs de décor à son premier roman. En 1856 naît Hervé, son frère, le « laissé pour compte » vite oublié de Laure, qui comme lui souffrira de troubles mentaux et finira sa vie dans un asile. Dès 1858 ses parents décident de se séparer à l’amiable et Laure a la garde de ses deux fils. Elle les emmène dans sa propriété d’Etretat, Les Verguies.

Un début d’éducation

C’est en 1863, après avoir vécu ses douze premières années sous la protection de sa mère, que Guy entre au séminaire d’Yvetot en classe de sixième. En effet, consciente des lacunes de son fils, Laure de Poittevin veut lui donner la meilleure éducation malgré l’appréhension de le voir quitter le foyer et de s’éloigner d’elle. Mais le rigorisme qu’exige le séminaire est opposé au caractère de l’adolescent. Il tente de s’enfuir à maintes reprises de ce lieu étouffant où la religion prend des allures de discipline militaire. La mer, les grands espaces et la liberté lui manquent, laissant place à l’enfermement des murs austères et des dortoirs sordides. Le jeune Maupassant est soumis à un emploi du temps strict et rythmé par l’étude et des heures de prières obligatoires. Maupassant dira à propos du séminaire d’Yvetot : « C’est un couvent triste où règnent les curés, l’hypocrisie, l’ennui… et d’où s’exhale une odeur de soutane

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FRANÇAIS

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LE TALENT C’EST D’AVOIR ENVIE

qui se répand dans toute la ville. » De plus, il écrira à son ami Hugues le Roux : « Si loin que je me souvienne, je ne me rappelle pas avoir jamais été docile sur ce chapitre.Tout petit, les rites de la religion, la forme des cérémonies me blessaient. Je n’en voyais que le ridicule. » Maupassant fait figure d’élève indiscipliné qui refuse toute soumission et, pour le plus grand plaisir de sa mère qui désirait ardemment le reprendre sous sa protection, il sera renvoyé en 1867. C’est très certainement de cette expérience que lui vient ce refus de la discipline militaire et de toute forme de soumission à une hiérarchie qu’il connaîtra plus tard. En 1864, pendant ses vacances passées sur les plages d’Etretat, Maupassant va faire une rencontre qui marquera son œuvre et notamment ses contes fantastiques. Le jeune Maupassant, habile nageur, porte secours à un homme au bord de la noyade. De retour sur la plage, il apprend qu’il vient de sauver un éminent poète anglais, Swinburne, qui, pour le remercier, invite le jeune homme à déjeuner dans la villa qu’il partage avec un ami. Ces deux anglais étranges fascinent Maupassant et le décor de la villa le séduit aussitôt. Des ossements, des têtes de mort, des tableaux et des gravures représentant des scènes infernales et une main d’écorché pendue au mur lui inspireront quelques pages, notamment La Main d’écorché (1875), et plus tard La Main puis L’Anglais d’Etretat (1882). En 1867 il est renvoyé définitivement du séminaire d’Yvetot pour écrits irrespectueux sur ses professeurs. Il termine sa classe de seconde auprès de sa mère et, en octobre, il intègre le lycée de Rouen. Pendant cette période il correspond avec Louis Bouilhet, ami de la famille, poète et conservateur de la bibliothèque de Rouen, qui le conduira chez Flaubert à Croisset. Le jeune homme passe alors tous ses dimanches à Croisset en compagnie de Flaubert qui le guide dans la rédaction de ses premiers écrits poétiques et qui lui rappelle sans cesse que le talent « n’est qu’une longue patience » et qu’il faut travailler. Alors commence son initiation littéraire, Flaubert lui dicte les principes de l’écriture réaliste. Il lui apprend à regarder, à observer et à disséquer du regard avant d’écrire. Le retour à la liberté est aussi accompagné de la découverte des charmes féminins. Maupassant emprunte une voie nouvelle qui s’ouvre à lui, la découverte des plaisirs. L’attitude de l’adolescent avec les jeunes filles préfigure celle que connaîtra le futur écrivain avec les femmes. L’amour ne peut quitter les sphères du plaisir charnel et éphémère, et la fidélité n’est qu’une illusion tout comme le mariage est un échec. Le 18 juillet 1869 Louis Bouilhet meurt et, quelques jours plus tard, Maupassant est reçu bachelier à la faculté de Caen. Son année de philosophie lui aura surtout fait découvrir Schopenhauer dont le pessimisme le marquera profondément. Novembre sonne l’heure du départ pour la faculté de droit de Paris.

Les débuts littéraires

Maupassant arrive à Paris et s’installe rue Moncey, dans l’immeuble où son père vit très modestement. 1870 est une date charnière dans sa vie. La guerre contre la Prusse éclate, Maupassant est mobilisé en juillet. La vie parisienne et ses plaisirs doivent attendre. Pris entre un élan patriotique pour affronter l’ennemi et un mépris prononcé pour la guerre et ses chefs (qui ne cessent de lui rappeler Yvetot), Maupassant tente, tel que le décrit Henri Troyat, de « survivre en attendant de vivre », et Paul Morand le montre pareil à un soldat s’effondrant d’épuisement. Cette expérience « de seconde classe » finit de grandir le jeune auteur témoin de la désolation, de la débâcle et de ces scènes de guerre qui lui inspirent dégoût et horreur. Treize mois de cauchemar qui alimenteront pas loin d’une vingtaine de récits dont ses premières nouvelles, (Boule de suif, La Maison Tellier, La Mère sauvage…). Maupassant n’a d’autre hâte que de se trouver un remplaçant. Ses lettres adressées à sa mère, déjà angoissée de savoir son fils en danger, sont de véritables appels de détresse. Mais Maupassant espère toujours une victoire prochaine. En septembre 1871 il paie un remplaçant volontaire et quitte l’armée. Et le 7 janvier 1872 il adresse une demande à l’amiral Pothuau pour entrer au ministère de la Marine et des Colonies. Sa demande est refusée par manque de poste. Le 20 février, il la réitère. Le 20 mars, le contre-amiral Krantz, chef d’état-major, informe l’amiral Saisset passant pour le protecteur de Maupassant, que ce dernier pourra entrer provisoirement et sans percevoir de salaire, au sein de l’administration. Le 17 octobre il est nommé surnuméraire à la Direction des colonies et ne perçoit toujours pas de salaire. Cette situation précaire lui vaut de régulières crises de mélancolie. La situation financière de ses parents lui interdit de reprendre ses études de droit. C’est ainsi que le 1er février 1873 Maupassant débute sa carrière de fonctionnaire au ministère de la Marine avec un salaire mensuel de 125 francs et une prime annuelle de 150 francs. Il est nommé commis de quatrième classe à la direction du matériel. Très rapidement, il prend en aversion son activité et ne supporte ni ses collègues ni les contraintes que cet univers médiocre lui impose. Il en profite alors pour mettre à profit les conseils de Flaubert, il observe son entourage et de ces observations naîtront quelques récits dont Les Dimanches d’un bourgeois de Paris (1880). Même s’il commence à se faire une place à Paris, sa Normandie natale, mais surtout Etretat et la mer, lui manquent plus que tout. A défaut d’océan, c’est la Seine qui occupe une bonne partie de son temps libre, où il s’adonne régulièrement à de longues parties de canotage, très présentes aussi dans certains des écrits à venir. Il fréquente assidûment la Grenouillère, endroit de prédilection des peintres impressionnistes où il connaît une vie de plaisirs intenses. Digne fils de son père, il collectionne

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