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rien." écrit-il dans sa préface à son roman Mademoiselle de Maupin. La bataille romantique : Historiquement, la génération romantique doit survivre à la défaite napoléonienne et trouver de difficiles repères dans un pouvoir politique sans vigueur. Déçus par la Restauration, les artistes n’ont néanmoins pas perdu tout espoir d’offrir aux hommes un soulagement à leurs tourments. Car le héros romantique, incarné par Musset, n’est pas seulement enfermé dans sa mélancolie individuelle. Aussi la génération qui a connu les journées de révolte de 1830 (Lamartine, Hugo, Mérimée) s’engage-t-elle dans l’action politique. D’abord conservateur, le mouvement s’oriente vers le libéralisme. La poésie « sera philosophique, religieuse, politique, sociale », proclame Lamartine (Destinées de la poésie, 1834), qui considérait, avec Hugo ou Sand, que l’artiste devait mettre son talent au service du peuple et de tous ceux qui ne savent pas s’exprimer. La révolte romantique s’attaque ainsi à tout ce qui nuit à l’épanouissement de l’homme, dans le domaine politique, social ou moral. Ses outils sont ceux de la littérature, mais aussi de la peinture, avec Delacroix (1798-1863), ou de la musique, sous la baguette de Berlioz (1803-1869). Le romantisme réunit tous ceux qui défendent l’idée d’un combat contre les auteurs du siècle passé, les classiques, trop attachés à des règles rigides. C’est essentiellement au théâtre que va se dérouler le conflit : Vigny, Hugo, Musset, Dumas prônent la suppression des genres et le mélange de

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Prophète : personne qui prédit l’avenir, devin.

2 la tragédie avec la comédie ; ils rapprochent les extrêmes, « l’ombre à la lumière, le grotesque au sublime, en d’autres termes le corps à l’âme, la bête à l’esprit » (Hugo, Préface de Cromwell, 1827). On abandonne les règles classiques de vraisemblance, de bienséance, d’unité de lieu et de temps. Lors des représentations d’Hernani, en 1830, les partisans de la pièce de Hugo, menés par Gautier et Nerval, s’opposent violemment aux défenseurs du classicisme. Pour les romantiques, l’esthétique et la politique sont intimement liées : « L’art, c’est la liberté » (Gautier ; Préface d’Albertus) ; le succès que remporte finalement Hernani est donc aussi une victoire morale et politique.

Sa vie : Fils d’un général de l’Empire, Victor Hugo a toujours rêvé de grandeur. Très jeune, il écrit de la poésie et devient le chef de fil de la nouvelle école romantique. Après la bataille d’Hernani en 1830, il multiplie les succès dans tous les domaines : roman, poésie, théâtre, discours politiques. Il est élu à l’Académie française en 1841. Sa gloire littéraire et son engagement politique le consolent un peu de ses tourments personnels : en 1843, sa fille adorée Léopoldine se noie ; son autre fille Adèle sombre peu à peu dans la folie. En 1848, Hugo ne comprend guère le soulèvement populaire de la révolution, mais refuse de se rallier aux conservateurs. Alors qu’il avait cru un moment en la présidence de Louis-Napoléon Bonaparte, il dénonce violemment le coup d’Etat du 2 décembre 1851, ce qui lui vaut l’exil, d’où il n’acceptera de rentrer, malgré l’amnistie accordée par l’empereur en 1859, qu’à la chute de l’Empire, en 1870. La fin de sa vie est marquée par les deuils : ses deux fils meurent en 1871 et 1873 ; Juliette Drouet, qui fut sa maîtresse durant cinquante ans, en 1883. Cependant sa popularité est extrême et, lorsqu’il s’éteint en 1885, l’Etat lui offre des funérailles nationales et l’enterre au Panthéon. Son œuvre : Se réclamant de Chateaubriand qu’il prend d’abord pour guide, Hugo fait passer dans ses textes à la fois son orgueil démesuré et sa générosité extrême. La Préface de Cromwell en 1827 est le signal de la révolution romantique au théâtre. Et les premières représentations d’Hernani, en 1830, donnent lieu à des émeutes : les défenseurs des règles classiques crient au scandale devant cette œuvre qui mêle « le grotesque au sublime » (Préface de Cromwell) et mélange les genres comme le fera aussi Ruy Blas (1838). Pourtant, en poésie, Hugo n’innove guère et préfère reprendre les techniques traditionnelles, investies d’une force d’imagination très riche qui s’exprime en visions personnelles et grandioses. Le poète est, selon lui, un prophète qui conduira les hommes au bonheur. Son univers littéraire englobe toute la pensée humaine et recouvre tous les genres. D’intimiste dans les Feuilles d’automne (1831), sa poésie se fait satirique (les Châtiments, 1853), lyrique et mystique (les Contemplations, 1856), épique (la Légende des siècles, 1859 à 1883), ou encore métaphysique (la Fin de Satan, publications posthume en 1886). Ses romans vont du plaidoyer contre la peine de mort (le Dernier Jour d’un condamné, 1829) à la grande fresque populaire, mythique et réaliste à la fois des Misérables (1862) en passant par des récits historiques et épiques comme Notre-Dame de Paris (1831) ou Quatre-vingt-treize (1874). Hugo traverse le siècle et certains de ses romans appartiennent davantage au réalisme qu’au romantisme des débuts. Les Châtiments (1853) C’est lors de son exil que Hugo compose le recueil des Châtiments, dans lequel il règle ses comptes avec le régime et avec ses anciens compagnons d’exil qui ont rallié l’Empire. Il y développe une violente satire des piliers du pouvoir : armée, Eglise, argent. Du premier poème intitulé « Nox » (« Nuit ») au dernier, « Lux » (« lumière »), le poète montre comment l’homme triomphera de la tyrannie. Les Châtiments sont publiés clandestinement à Bruxelles, le 21 novembre 1853. Ce recueil a été financé par Hugo lui-même.

Victor Hugo (1802-1885) :

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La conscience humaine est morte ; dans l’orgie, Sur elle il s’accroupit ; ce cadavre lui plaît ; Par moments, gai, vainqueur, la prunelle rougie, Il se retourne et donne à la morte un soufflet. La prostitution du juge est la ressource. Les prêtres font frémir l’honnête homme éperdu ; Dans le champ du potier ils déterrent la bourse ; Sibour revend le Dieu que Judas a vendu. Ils disent : - César règne, et le Dieu des armées L’a fait son élu. Peuple, obéis, tu le dois ! Pendant qu’ils vont chantant, tenant leurs mains fermées, On voit le sequin d’or qui passe entre leurs doigts. Oh ! tant qu’on le verra trôner, ce gueux, ce prince, Par le pape béni, monarque malandrin, Dans une main le sceptre et dans l’autre la pince, Charlemagne taillé par Satan dans Mandrin ; Tant qu’il se vautrera, broyant dans ses mâchoires Le serment, la vertu, l’honneur religieux, Ivre, affreux, vomissant sa honte sur nos gloires ; Tant qu’on verra cela sous le soleil des cieux ; Quand même grandirait l’abjection publique À ce point d’adorer l’exécrable trompeur ; Quand même l’Angleterre et même l’Amérique Diraient à l’exilé : - Va-t’en ! nous avons peur !

Je ne fléchirai pas ! Sans plainte dans la bouche, Calme, le deuil au cœur, dédaignant le troupeau, Je vous embrasserai dans mon exil farouche, Patrie, ô mon autel ! Liberté, mon drapeau ! Mes nobles compagnons, je garde votre culte ; Bannis, la République est là qui nous unit. J’attacherai la gloire à tout ce qu’on insulte ; Je jetterai l’opprobre3 à tout ce qu’on bénit ! Je serai, sous le sac de cendre qui me couvre, La voix qui dit : malheur ! la bouche qui dit : non ! Tandis que tes valets te montreront ton Louvre, Moi, je te montrerai, César, ton cabanon. Devant les trahisons et les têtes courbées, Je croiserai les bras, indigné, mais serein. Sombre fidélité pour les choses tombées, Sois ma force et ma joie et mon pilier d’airain ! Oui, tant qu’il sera là, qu’on cède ou qu’on persiste, Ô France ! France aimée et qu’on pleure toujours, Je ne reverrai pas ta terre douce et triste, Tombeau de mes aïeux et nid de mes amours ! Je ne reverrai pas ta rive qui nous tente, France ! hors le devoir, hélas ! j’oublierai tout. Parmi les éprouvés je planterai ma tente : Je resterai proscrit, voulant rester debout.

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Quand même nous serions comme la feuille morte ; Quand, pour plaire à César, on nous renierait tous ; Quand le proscrit devrait s’enfuir de porte en porte, Aux hommes déchiré comme un haillon aux clous ; Quand le désert, où Dieu contre l’homme proteste, Bannirait les bannis, chasserait les chassés ; Quand même, infâme aussi, lâche comme le reste, Le tombeau jetterait dehors les trépassés ;

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J’accepte l’âpre exil, n’eût-il ni fin ni terme, Sans chercher à savoir et sans considérer Si quelqu’un a plié qu’on aurait cru plus ferme, Et si plusieurs s’en vont qui devraient demeurer. Si l’on n’est plus que mille, eh bien, j’en suis ! Si même Ils ne sont plus que cent, je brave encor Sylla ; S’il

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