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Fachoda, 1898, le choc des Impérialismes

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Par   •  6 Janvier 2024  •  Dissertation  •  2 811 Mots (12 Pages)  •  83 Vues

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Fachoda, 1898, le choc des Impérialismes

Composition

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         Dès la fin du Moyen Âge, des commerçants et des aventuriers européens explorent le littoral africain et fondent quelques modestes comptoirs. Il faut attendre quatre siècles pour qu'ils s'aventurent à  l’intérieur du continent . À partir des années 1870, les grandes puissances européennes prennent le relais des explorateurs, des commerçants... et des négriers. Portées par des ambitions politiques et une volonté d’élargir leurs influences , elles s'engagent dans la «course au clocher ». C'est ainsi que l'Afrique noire fait l'objet d'un partage au congres de Berlin en 1885. Sous les ambitions  de Jules Ferry et de ses successeurs, la République française se lance à corps perdu dans la conquête des dernières terres insoumises du globe (Indochine, Afrique noire, Tunisie...), prenant même pour cela le risque d'entrer en guerre contre l'Angleterre. Et c’est d’ailleurs lors de l’une de ces conquêtes  que la France coloniale de la fin du XIXe siècle évitera de peu une guerre franco-anglaise pour le territoire de Fachoda, petit village qui contrôle le Haut-Nil, à 750 km au sud de Khartoum marquant un incident diplomatique majeur dans l’histoire de la colonisation française. En ce sens, il conviendra de se demander en quoi la crise impériale de Fachoda a-t-elle contribué à un renforcement des relations franco-anglaises au 20e siècle ? Il conviendra se retracer la course a la colonisation de l’Afrique des deux plus grandes puissances coloniales européennes avant de mesurer les retombées de l’incident de Fachoda dans les relations internes et externes de la France.

       Ainsi, intéressons nous dans un premier temps a impérialismes des grandes puissances coloniales européennes en Afrique.

     

       La fin du XIX siècle voit une multiplication des différends territoriaux entre les deux principales puissances coloniales,France et Royaume-Uni, principalement en Afrique. En effet, à partir des années 1880, les puissances européennes débutent une véritable course aux colonies sur le continent africain. Cette rivalité s’exerce d’abord sur le bassin du Congo où les Français menacent les ambitions britanniques et belges. Le roi des Belges, Léopold II, propriétaire de l’État indépendant du Congo,entend consolider ses frontières en accord avec la puissance britannique et pour cela, Stanley,  un explorateur anglais a qui on doit la découverte du Nil , se met au service de Léopold II pour lui délimiter un empire colonial .En Afrique du Nord, les Français, déjà installés en Algérie, impose un protectorat a la Tunisie en 1882. Néanmoins, l’Égypte reste une question épineuse, car les deux États y ont des prétentions. Le Royaume-Uni ne peut se permettre de négocier avec la France alors que cette région lui est vitale sur la route des Indes,route maritime directe pour relier l'Europe et les Indes orientales.  De son côté, la France a pris pied dans le pays depuis la campagne d’Égypte de Napoléon Bonaparte en 1798 dans le but de s'emparer de l'Égypte et de l'Orient et de barrer la route des Indes à la Grande-Bretagne . Elle y est effectivement soutenue depuis 1811 par le pacha d’Égypte Méhémet  Ali, théoriquement vassal du sultan de l'Empire ottoman mais concrètement souverain indépendant.  En juin 1882, le Royaume-Uni intervient militairement, mais seul, en Égypte. En effet, le cabinet Freycinet, désavoué par la Chambre menée notamment par Clemenceau et Gambetta , n’obtient pas les fonds nécessaires à une expédition conjointe, laissant désormais l’Égypte à la seule influence britannique. Cependant, d’autres puissances vont bousculer l’expansion coloniale des deux nations.

       Pour faire entrer son pays dans le jeu des puissances coloniales, le chancelier allemand Bismarck organise la Conférence de Berlin (15 novembre 1884 – 26 février 1885) qui fixe les règles de l’expansion européenne en Afrique. Désormais, les puissances impériales légitiment leurs possessions africaines dans le cadre d’accords internationaux. Pour faire reconnaître leurs zones d’influence, elles doivent occuper les territoires revendiqués et obtenir des autorités africaines la signature de traités attestant leur soumission politique. Ces nouvelles règles du jeu modifient les formes de l’expansion européenne en Afrique : aux grandes explorations lancées au cœur du continent sur des motifs scientifiques ou humanitaires comme Savorgnan de Brazza,explorateur romain, naturalisé français, officier de marine, connu pour ses expéditions en Afrique centrale  ainsi que pour sa philosophie de la non-violence ou encore Stanley, succèdent de lourdes expéditions militaires, solidement équipées, dont l’objectif est d’imposer durablement la présence militaire européenne aux populations africaines. Dans ce contexte, la région du Soudan devient l’enjeu de négociations intenses entre les puissances coloniales européennes. Au Nord, les Britanniques lancent une opération militaire en direction du Soudan, perdu en 1885 après la prise de Khartoum par le mouvement madhiste, (aussi appelés «Derviches» par les Européens) qui impose un émirat musulman au Soudan. Pour la Grande-Bretagne, l’enjeu est de taille : il s’agit non seulement de venger l’humiliation de Khartoum mais également d’imposer la présence anglaise en Afrique sur un vaste corridor reliant le Caire (Égypte) au Cap (Afrique du Sud) selon les vœux de Cecile Rhodes, homme d’affaire et chantre de l’impérialisme britannique en Afrique. Le général Kitchener,l’un des plus grands officiers de l'Empire britannique ,agissant officiellement en tant que sirdar (commandant) de l’armée égyptienne du khedive (vice-roi d’Egypte) conduit une opération de reconquête du Soudan qui se traduit victorieusement par la prise de Khartoum en 1898.

       

        Les intentions françaises sont moins évidentes dans cette partie du continent africain. Certes, le projet d’une expansion coloniale française de Dakar à Djibouti apparaît comme le principal objectif de la mission Congo-Nil formée en 1896 par le commandant Marchand qui entend, «frapper la croix anglaise» au Soudan, . Mais pour le ministre français des Affaires Étrangères, Gabriel Hanotaux, cette mission permet surtout de faire pression sur la Grande-Bretagne pour obtenir d’elle la reconnaissance de nouveaux territoires français en Afrique. Les Français voudraient une porte sur le Nil qui servirait de port de commerce pour pouvoir échanger leurs produits avec les populations riveraines. Afin, sans doute, de ménager le gouvernement britannique, le gouvernement français avait déclaré que la mission Marchand n’était pas «un projet de conquête» et qu’elle était une expédition «exclusivement pacifique». Malgré le caractère secret de celle-ci, les journaux ainsi que les diplomates étrangers sont parfaitement au courant du projet en raison des nombreuses négligences de l’administration française. Le 29 juin 1896, « la mission Marchand » part de Marseille et débarque un mois plus tard à Loango . Ce n’est qu’après deux années d’un très difficile voyage à travers la foret tropicale  (opposition de Pierre Savorgnan de Brazza  , expédition par la terre trop risquée car en proie à des guerres tribales ) que  Jean-Baptiste Marchand atteint Fachoda le 10 juillet 1898 , avec 150 tirailleurs africains et 12 officiers français et hisse le drapeau tricolore et rebaptise Fachoda Fort Saint-Louis. Les Français construisent un fort, affrontent les troupes madhistes au mois d’août et parviennent à imposer un traité de protectorat au grand mek Abd_El_Fadil , chef des populations Chillouks qui occupent cette région du Haut-Nil. Cependant, la présence d’une troupe française a Fachoda et dans la vallée du Nil fut considéré comme une violation directe des droits de l’Égypte et du gouvernement Anglais. Ainsi les britanniques envoient une nouvelle mission pour faire barrage aux français . Le 2 septembre 1898, la victoire des Britanniques à Omdurman, près de Khartoum, sur les musulmans mahdistes (ou Derviches), dont la révolte était parvenue à repousser les troupes anglaises depuis 1885, change la donne. En frayant la voie vers le sud des 25 000 soldats britanniques du sirdar Kitchener, commandant en chef de l’armée d’Égypte, elle fait du petit village un carrefour des impérialismes. Désormais situé à la croisée des deux grands axes impériaux, entre la transversale est-ouest française et une transversale nord-sud du Cap au Caire voulue par les impérialistes britanniques depuis 1874 pour doubler et renforcer les routes maritimes littorales britanniques qui contournaient l’Afrique par le Cap, Fachoda revêt subitement une importance stratégique nouvelle.

 

        Ainsi, la France et la Grande Bretagne, par l’intermédiaire de Marchand et Kitchener, se font face au coeur du «Scramble for Africa», Fachoda, entre les projets d’expansion français vers l’Est (pour relier l'Atlantique — Dakar— à la mer rouge — Djibouti) et les projets britanniques d’extension du chemin de fer Le Cap-Le Caire.

 

             Le 18 septembre 1898, se rencontrent donc au coeur de l'Afrique une petite troupe française et une armée anglo-égyptienne conduite par un prestigieux général de Sa Majesté. Cette confrontation va provoquer à Paris et à Londres une hystérie nationaliste, à deux doigts d'une nouvelle guerre de Cent Ans !

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