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La Peur

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nction, un nouvel emploi. On se trouve, en effet, dans un nouveau rapport à soi-même. C’est également le cas dans la vie affective et plus particulièrement dans l’expérience amoureuse où l’on peut être amené à découvrir certains aspects jusqu'alors insoupçonnés de sa personnalité. Ce lien entre la perte de soi et la passion amoureuse ne constitue-t-il pas, d’ailleurs, une source d’inspiration inépuisable pour les romanciers et les poètes ? En revanche, lorsque les expériences se répètent et se transforment en habitude, il devient alors possible d'anticiper ses propres réactions par rapport à une situation donnée et de connaître ses limites et ses compétences. La connaissance de soi débouche ainsi sur une forme de prudence et de sagesse. Elle devient synonyme de maîtrise de soi.

Transition : nous venons de voir que la conscience de soi et l'expérience étaient des conditions qui rendaient possible la connaissance de soi. Toutefois, suis-je le mieux placé pour me connaître moi-même ?

II)

Le regard d’autrui.

A) Un regard objectif Se pose, en effet, le problème de l’objectivité du regard : la connaissance immédiate de soi par soi peut être un leurre. Je ne peux pas être à la fois celui qui observe et celui qui est observé. Auguste Comte estimait que cette tentative est aussi vaine que celle de se mettre à la fenêtre pour se voir passer dans la rue. N’est-il pas, alors nécessaire de passer par un regard extérieur pour obtenir un savoir objectif sur soi ? On peut s'attendre, effectivement, à ce que ce soient ceux qui nous entourent, nos proches, qui bénéficient du recul suffisant pour nous percevoir tels que nous sommes. Si nous nous tournons souvent vers eux lorsque nous devons prendre une décision importante, faire des choix décisifs, c'est précisément parce que nous pensons qu'ils nous connaissent bien et parfois mieux que nous-mêmes… La fiabilité du regard d'autrui ne semble pas non plus pouvoir être mise en cause lorsqu’elle résulte de jugements de personnes de milieux et d'horizons différents et que leurs points de vue se recoupent. B) Les limites de l’objectivité du regard d’autrui

Mais ce regard extérieur peut également manquer de clairvoyance. Il peut être tout à la fois trompé et trompeur. Trompé car il n'aura jamais accès à mon intériorité et qu'il est possible de mentir ou de paraître autre que ce que je suis. Trompeur car les jugements explicites ou implicites qu'il véhicule agissent sur moi et me transforment : ils peuvent favoriser mon épanouissement ou me détruire. Comme l’écrit Paul Valéry dans Mauvaises pensées, « Le grand triomphe de l'adversaire est de vous faire croire ce qu'il dit de vous ». « L'enfer c'est les autres » conclut, de son côté, Sartre, dans Huis clos. Le regard d'autrui selon lui est angoissant. Il constitue une véritable épreuve. À travers son regard, je suis destitué de ma liberté originelle et transformé en objet : « autrui est d'abord pour moi l'être dont je suis objet... » écrit-il dans L’être et le néant.

C) L’expérience de la honte chez Sartre

Si Sartre fait du regard d'autrui une source d'angoisse, il montre également qu'il est aussi l'intermédiaire indispensable par lequel j'existe sur le mode objectif et me connais. C'est notamment le cas à travers l'expérience de la honte. Pour le prouver, il suffit d'imaginer un voyeur épiant par le trou d'une serrure. Sa conscience est captivée, fascinée par le spectacle qu'elle contemple. Tant qu'il est seul, le voyeur ne porte aucun jugement sur son comportement : son attention est entièrement accaparée par ce qu'il regarde. Mais qu'un autre homme le surprenne pendant qu'il épie et il se détourne soudain du spectacle qui le fascinait pour juger son attitude. Autrui fonctionne alors comme un miroir. Il est cet être par qui chacun découvre son être. C’est dans ce sens que Sartre affirme qu’ « autrui est le médiateur indispensable entre moi et moi-même. »

Transition : même si la relation à autrui peut aider à mieux se connaître, il serait absurde d’affirmer qu’il n’existe aucune zone d’ombre dans le psychisme humain. Par ailleurs, l’homme ne se définit-il pas par son instabilité ?

III)

Les obstacles à la connaissance de soi

A) L’hypothèse de l’inconscient 1) Les précurseurs La philosophie classique, notamment avec Descartes, en identifiant conscience et pensée, ne reconnaît pas l'existence d'un inconscient. Certes Leibniz admet l'existence de petites perceptions inconscientes, c'est-à-dire de « changement dans l'âme dont nous ne nous apercevons pas » (Nouveaux essais sur l'entendement humain II, chapitre 1). Un siècle plus tard, Maine de Biran, dans son Mémoire sur les perceptions obscures, affirme lui aussi qu'il existe une sensibilité passive inconsciente. Enfin, Bergson, analysant les mécanismes de la mémoire, montrera comment l'oubli chasse hors de la conscience des perceptions et des souvenirs qui ne sont pas utiles à l’action. Mais, dans tous les cas, cet inconscient désigne négativement ce qui n'est pas encore ou ce qui n'est plus conscient, par défaut d'intensité, d'intérêt ou de sens. La conscience reste encore l'instance privilégiée qui élabore et organise les matériaux psychiques en leur conférant une signification. Seul Nietzsche, à travers sa critique du cogito, ira jusqu'à soutenir l'existence d'une pensée inconsciente impersonnelle, mettant ainsi en question la prétention du sujet à maîtriser, grâce à la conscience, ses pensées et ses sentiments. Il écrit dans Par-delà bien et le mal : « Une pensée ne vient que quand elle le veut, et non pas quand c'est moi qui veux ; de sorte que c'est une altération des faits de prétendre que le sujet moi est la condition de l’attribut « je pense ». Quelque chose pense, mais croire que ce quelque chose est l'antique et fameux moi, c'est une pure supposition ». On est ici au plus près de l’inconscient tel que Freud le définira. Mais tandis que pour Nietzsche le problème est d'ordre métaphysique, Freud se place sur le terrain de la science et de la psychologie.

2) La psychanalyse « La division du psychique en un psychique conscient et un psychique inconscient, écrit Freud, constitue la prémisse fondamentale de la psychanalyse » (Introduction à la psychanalyse,). Il va de soi que c'est là prendre le parfait contre-pied de la tradition issue du cartésianisme. C’est pourquoi la psychanalyse peut être considérée comme une véritable théorie de la méconnaissance de soi : « Le moi n'est pas maître en sa propre demeure » écritil dans les Essais de psychanalyse appliquée. Autrement dit, la signification et même la maîtrise de la plupart de nos actes nous échappe.

« Nous assimilons donc le système de l'inconscient à une grande antichambre dans laquelle les tendances psychiques se pressent, tels des êtres vivants. À cette antichambre est attenante une autre pièce, plus étroite, une sorte de salon, dans lequel séjourne la conscience. Mais à l'entrée de l'antichambre, dans le salon veille un gardien qui inspecte chaque tendance psychique, lui impose la censure et l'empêche d'entrer au salon si elle lui déplaît ». Introduction à la psychanalyse.

Souvent comparé à la partie immergée d’un iceberg, l’inconscient, désigne, dans le psychisme humain, l’ensemble des contenus refoulés (désirs, pulsions inavouables ou souvenirs). Hypothèse nécessaire, selon Freud ; seule capable d’expliquer l’origine de certains troubles psychologiques (névrose, hystérie…) ainsi que certains de nos comportements, en apparence, dénués de sens. En effet, selon lui, une foule d'actes de la vie quotidienne que l'on observe aussi bien chez l'homme sain que chez le névrosé se caractérisent par le fait qu'ils manquent le but conscient que vise le sujet en les accomplissant. C'est le cas des lapsus, des oublis ou des actes manqués. Ces actes peuvent sembler, au premier abord, totalement anodins mais sont au contraire l'expression d'un contre-vouloir. Le lapsus, par exemple, du président de la chambre des députés autrichiennes annonçant « la séance est… levée », au lieu de : «

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