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La Responsabilité Et La Conscience.

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oment du crime. Aux jurés on dira « cet homme relève de la psychiatrie et non de la justice ». Cela revient à m’autoriser des actes plus ou moins légitimes en m’abritant derrière l’idée : « ce n’est pas moi, c’est mon inconscient qui m’a poussé » . Je veux bien admettre ma responsabilité, mais juste quand cela m’arrange.

Comment puis-je être conscient de ce qui chez moi est inconscient. Une grande partie de moi-même m’échappe. Les lapsus, les rêves, les désirs révèlent d’autres aspects de ma personnalité. Les passions comme la colère, l’amour, la jalousie transforment ma perception du monde en valorisant ou dévalorisant leur objet. L’ignorance empêche également d’être conscient de la portée de ses actes. Par exemple, les médecins du XIXème siècle ignorant l’existence des microbes infectaient leurs patients. On peut dire que cette « inconscience » leur enlevait une grande part de responsabilité.

Le conditionnement politique ou religieux peut donner les apparences de la « bonne conscience » aux pires horreurs. On entend dans le film La vie est belle un exemple de problème d’arithmétique qui consiste à calculer les économies réalisées en cessant d’aider les personnes âgées grabataires et les handicapés. Comment un jeune allemand éduqué dans ces conditions aurait pu par la suite se révolter contre le sort des juifs ? Les « guerres saintes » permettent de justifier les massacres ou les attentats suicide. Plus près de nous, la publicité transforme souvent nos comportements de façon inconsciente. Elle influence notre façon de consommer en proposant avec insistance des modèles pour s’habiller, manger ou se divertir.

Les progrès de la biologie montrent d’année en année que non seulement nombre de mes qualités ou défauts physiques sont d’origine génétique, mais que mes facultés mentales –donc une partie de ma conscience- échappent à l’éducation ou à mon emprise.

Le champ de ce dont je n’ai pas conscience est donc très large, dans ce cas, comment pourrais-je être entièrement responsable de ce que je suis et de tout ce que je fais ?

Si ma conscience possède des degrés, ma responsabilité aussi. Si la responsabilité consiste à me reconnaître comme l’auteur pleinement responsable de mes actes, je dois en en assumer toutes les conséquences. Mais si je ne suis pas conscient de mes actes puis-je en être responsable ?

Si je n’ai pas connaissance d’une fuite de gaz et que je déclenche une explosion meurtrière en appuyant sur l’interrupteur, je ne suis pas vraiment responsable.

Il s’agit ici d’un simple rapport de causalité. On ne dira pas d'une inondation qu’elle est « responsable » d'une catastrophe car elle en est tout au plus la « cause » et n'a pas de « conscience » : le concept de responsabilité enveloppe bien celui de cause, mais il ne lui est pas réductible. Par contre, le maire qui a autorisé les constructions sur des terrains inondables est le responsable même s’il n’avait pas les connaissances suffisantes pour prévoir le phénomène. Il est responsable juridiquement mais surtout moralement. Il semble ici que la responsabilité morale l’emporte sur la responsabilité juridique parce qu’elle déborde largement du champ de conscience. Le maire n’avait peut-être pas conscience de faire le mal au moment où il a signé le permis de construire, il doit se sentir responsable après la catastrophe. Il s’agit alors d’une prise de conscience rétrospective. De même, le chauffard ivre au moment de l’accident prend toute la mesure de sa responsabilité après les faits.

Lorsque Laurent Fabius disait qu’il se sentait « responsable mais pas coupable » de la politique des dons de sang en France, il voulait montrer (tout au moins il faut l’espérer) que les connaissances scientifiques et son information personnelle ne lui permettait pas de mesurer la gravité de la situation ; il ne niait pas sa responsabilité morale.

Si l’on ne considérait que la responsabilité juridique, on aboutirait comme aux Etats-Unis, qu’à multiplier les procès et les assurances. Si la responsabilité est associée au risque et vécue comme négative, alors élus locaux, médecins et dirigeants en général peuvent être incités à l'inaction. Il faudrait tout définir, tout prévoir. Or, dans le cas des principes moraux, il n'y a pas de limites à instaurer pour se dégager de ses responsabilités.

Les obèses ou les fumeurs qui attaquent en justice McDonald’s ou la Seita, confondent (ou font semblant de confondre) les conséquences de leurs comportements et les causes, qui elles, sont de leur responsabilité. Ils font preuve de mauvaise foi, une manière de nier sa responsabilité. On constate dans ce cas que le terme de « responsabilité » est utilisé négativement. Nous posons ainsi systématiquement la question « qui est responsable ? » à la suite de malheurs, défaites, catastrophes, autrement dit pour « trouver un coupable » et beaucoup moins dans le cas d'événements heureux. Ceci témoigne d'une sorte de

contamination de notre pensée par un mode de raisonnement juridique, très éloigné de la vraie responsabilité.

On ne peut cependant répondre de nos actes dans tous les domaines, sinon la responsabilité nous empêcherait de vivre. C’est peut-être pour cela que nous avons tous une tendance –regrettable, certes- à nous défausser sur les autres, sur la société. Le « c’est pas moi » de l’enfant pris la main dans le sac nous poursuit à l’âge adulte. Surtout, ne pas vouloir être responsable, c’est retourner dans cet état d’enfance, de non responsabilité.

L’inconscience n’est donc pas forcément l’irresponsabilité. Le champ de la responsabilité est plus important que celui de la conscience . Le nier serait me défausser sur les autres (famille, institutions), avec mauvaise foi. Mon champ de conscience, s’il n’est pas toujours assez développé, ne m’est pas donné une fois pour toute, il m’appartient de l’élargir.

Par la curiosité, l’éducation, l’information, je peux arriver à avoir une vision du monde plus globale, à sortir en quelque sorte de moi-même. Inversement, je serai capable de répondre de mes actes devant autrui si j’arrive à en répondre devant ma conscience. Je suis en réalité responsable de mon niveau de conscience.

C’est toutefois un travail de longue haleine. L’homme ne vit pas que de raison : il a des désirs, des passions. Obéir sans cesse à sa raison est difficile car il faut plier son plaisir, sa volonté parfois, au devoir.

Selon

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