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La foi au Moyen-Âge

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Par   •  10 Mai 2023  •  Dissertation  •  4 318 Mots (18 Pages)  •  215 Vues

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La foi au Moyen-Âge

Introduction (Théophile Le Strat) :

“L’unité de l’Eglise est manifeste grâce à un devoir d’obéissance unanimement accepté.“ Cette citation Jacques Paul, médiéviste contemporain, met en exergue la nécessité de l’Eglise à faire taire les mouvements dissidents afin d’assurer sa survie. Reconnue religion d’Etat le 28 février 380 par l’Empereur romain Théodose 1er, il faut attendre les années 1050 pour que les pontifes romains affirment que le monde se confond avec l’Eglise. Autrement dit, on considère alors que la christianisation de l’occident est parachevée. Ainsi, il est capital pour les ecclésiastiques de poursuivre l’élaboration d’une culture chrétienne pour renforcer l’indivisibilité des fidèles. Un désir de solidarité si important que, suite à la Réforme protestante, on emploie alors le terme “catholicisme“ emprunté au grec ancien katholikos et signifiant universel pour définir l’héritage de l’idéal médiéval du christianisme.

En Europe, l’hagiographie, récits de la vie de saints, joue un rôle majeur en accordant à chaque peuple un héraut: Grégoire de Tours pour les Francs (VIe siècle), Isidore de Séville pour les Wisigoth (VIIe siècle). Des histoires qui exaltent la passion des martyrs et qui octroient à chacun une incarnation de la foi. En France, la stabilité de l’Eglise repose également sur la notion de société d’ordre qui s’inscrit dans la continuité de l’époque franque. En effet, entre 476 et 987 (avènement de Hugues Capet), les contemporains distinguent les clercs des laïcs, eux-mêmes séparés entre laïcs combattants et laïcs non-combattants. Cet héritage est consacré au XIIe siècle par le décret de Gratien, livre référence du droit canonique au Moyen-Âge, ce dernier  différencie les clerici élus par Dieu qui manifestent leur dévouement par la tonsure des laïci qui vivent au temporel. Les appellations oratores (Clergé), bellatores (noblesse), laboratores (Tiers-Etat) doublent cet écrit en accordant des missions précises à chaque ordo (ordres), respectivement prier Dieu et encadrer les fidèles; faire la guerre, détenir les armes et protéger le inermes (clercs et non-nobles) et subvenir aux besoins des membres des deux autres ordres. Si la manière de nommer les ordres évolue, leur hiérarchie subsistent avec une prééminence des clercs qui composent le premier ordre, puis des nobles, membres du second et enfin ce qui est amené à devenir le Tiers-Etat, ordre par substitution inférieur au reste. Cette société, installée par les religieux, pérennise la place de l’Eglise dans une société fondée sur une vision chrétienne. Selon les auteurs ecclésiastiques Adalbéron de Laon ou Gérard de Cambrai, elle est “voulue par Dieu“ et la complémentarité des fonctions permet d’atteindre une parfaite harmonie, semblable à la société céleste.

 A partir du règne de Louis VII (1137 - 1180), la France prend le surnom de “petite fille de l’Eglise“. Les francs incarnent, à la manière des hébreux, le nouveau peuple élu qui accomplit la volonté de Dieu sur Terre. Dans son écrit sur les croisades, Guibert de Nogent, écrivain et théologien du XIe et XIIe siècle, utilise la formule “Gesta Dei per Francos“ : l’accomplissement des desseins de Dieu par les Francs. La dynastie capétienne jouit d’un privilège sans égal et la France semble en osmose avec la chrétienté et les dogmes de l’Eglise. Une harmonie mythifiée qui connaît de multiples heurts. En effet, entre le XIIe et le XIIIe siècle  on assiste à l’affirmation du pouvoir royal qui interroge l’autorité du Pape sur les questions de justice. C’est le règne de Saint-Louis (1226 - 1270) qui marque l’apogée de la royauté française, le Roi n’a pas de supérieur au temporel, son pouvoir s’impose à tous et s’exerce de manière directe sur ses sujets. Initié par Louis VI, le gallicanisme a permis au roi d’asseoir de manière définitive son autorité sur le Clergé qui doit répondre aux obligations du souverain. De plus, l’Eglise souffre d’un relâchement des mœurs, tant bien des laïcs empreints à la simonie (trafic de choses sacrés) que du Clergé qui souffre du nicolaïsme (dépravation des moeurs du Clergé qui refusent notamment d’observer le célibat). Enfin, certains dissidents critiquent la pratique religieuse au sein du royaume qui, selon eux, et à l’instar du reste du monde, a été corrompu et s’oppose aux idéaux du Christ. Ces derniers sont souvent associés dans les écrits au Catharisme ou autre mouvance “hérétique“ ou “dualiste“ par les hauts dignitaires ecclésiastiques. Par conséquent, il est nécessaire de comprendre :

        En quoi l’unité de l’Eglise est-elle peu à peu remise en cause par des mouvances hétérodoxes au sein d’un XIIe et d’un XIIIe siècle pourtant profondément croyant ?

        Pour cela, nous étudierons dans un premier temps un Royaume de France tourné vers la foi : l’omniprésence du Clergé dans l’encadrement des fidèles, l’association entre la Couronne et l'Église et la pratique religieuse des laïcs. Puis, nous nous intéresserons aux critiques faites à l’égard des institutions ecclésiastiques par l’exemple du Catharisme : la manifestation d’un conflit temporel, spirituel et militaire.

I- La France, “fille aînée“ de l'Église (Théophile Le Strat)

  1. Le Clergé : ordre omniprésent dans l’encadrement des fidèles

        Comme évoqué précédemment, le terme Clergé représente l’ensemble des membres de l’Eglise à qui sont confiés des offices particuliers. Il s’agit d’un ordre privilégié qui détient donc des leges privatae, autrement dit des lois privées qui octroient des avantages exclusifs à un individu ou à un groupe d'individus. Le terme de clerc est donc une distinction juridique qui concerne : les tonsurés, ceux qui détiennent la tonsure, ordre mineur qui consiste à raser une partie de ses cheveux en signe de renonciation au monde, les religieux et les convers, des laïcs entrés au monastère. Parmi les privilèges de clercs on note dès l’époque médiévale des privilèges honorifiques comme le port de la soutane, habit réservé aux ecclésiastiques, ou la possession de titres, Mon Père, Monseigneur… S’y ajoute des privilèges économiques sous la forme d’exemption fiscale et par la perception de la dîme, redevance d’un dixième du revenu dû par tout fidèle à l’Eglise en vertues du Deutéronome (cinquième livre de l’Ancien Testament). Enfin, les clercs détiennent des privilèges juridiques dont le privilège du for soit la faculté pour les clercs à être jugé selon le droit canonique et par les juridictions ecclésiastique, conformément au concile de Latran II de 1139 et au Décret de Gratien. Ainsi, ces privilèges accordés en contrepartie de la mission sacerdotale font du Clergé un ordre influent tant politiquement qu'économiquement. Les congrégations religieuses (Clergé régulier) connaissent un rayonnement et un essor uniques au cours du Moyen-Âge. L’abbaye de Cluny compte à son apogée, au XIIe siècle,  plus de 1000 maisons à travers l’Europe et jouit des prouesses architecturales gothiques et du travail d’ornementation des murs et des ouvrages liturgiques par les artistes de l’époque. Néanmoins, l’état de clerc implique le respect de multiples obligations. Des obligations morales comme l’exemplarité et la dignité à chaque instant, le respect de la chasteté, ou la connaissance du latin. Des injonctions nécessaires à l’exercice de leurs fonctions. En effet, les clercs, principalement les membres du Clergé séculier qui vivent dans le siècle au contact des fidèles, ont “charge d’âme“. Ils doivent instruire et transmettre la foi aux paroissiens pour les guider vers le Salut. Par conséquent, en dépit des critiques et de l’évolution des mœurs ecclésiastiques, l’ordre demeure omniprésent dans le quotidien des chrétiens tout au long du XIIe et XIIIe siècle. Au temps d’Innocent III, pape élu le 8 janvier 1198, on estime que tous les habitants de la chrétienté occidentale, à l’exception des juifs, ont reçu le sacrement du baptême. De plus, le royaume est divisé en de nombreuses paroisses, subdivision du diocèse, elles sont premiers lieux d’encadrement des fidèles, et assurent une stabilité dans l’organisation de la masse religieuse. Le réseau des paroisses constitue un maillage territorial qui permet à l'Eglise de maintenir un contact permanent avec ses fidèles, placés sous la tutelle du curé. Ces délimitations géographiques matérialisées par l’édifice de l’église se révèlent utiles quant à la perception de la dîme, le chef de la paroisse sait qui est rattaché à son église et qui il doit imposer. La paroisse est également au cœur de la vie des laïcs et rythme au travers des sons de cloches (prémisses de l’horloge), des messes dominicales et des fêtes religieuses. L’ecclesiastique est d’autant plus proche des pieux, qu’il est chargé d’assurer la confession annuelle. Finalement, par leur savoir, les clercs sont les intermédiaires directs entre Dieu et les fidèles par la lecture des textes sacrés. Leur érudition les distingue de la majorité des sujets qui par leur “inculture” ne peuvent, par eux-même être au fait de la révélation chrétienne. Toutefois, en plus des membres du Clergé, les habitants du Royaume de France peuvent s’appuyer sur un roi “très chrétien” pour parvenir au bien commun.

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