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L’assassinat d’Hipparque par Harmodios et Aritogiton raconté par Thucydide

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Par   •  1 Octobre 2023  •  Commentaire de texte  •  2 136 Mots (9 Pages)  •  99 Vues

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L’assassinat d’Hipparque par Harmodios et Aritogiton raconté par Thucydide

Athènes au Vème siècle est vue aujourd’hui comme le berceau de la démocratie. Mais avant que ce régime de gouvernement n’apparaisse, la cité Athènes a connu durant l’époque archaïque, comme d’ailleurs la plupart des autres cités grecques, l’oligarchie et la tyrannie. La spécificité d’Athènes aura été de connaître la tyrannie de manière tardive sous le régime du tyran Pisistrate et de ses fils Hipparque et Hippias entre -561 et -508 avant J-C.

C’est l’assassinat d’Hipparque, un des événements clefs de la tyrannie athénienne, que raconte Thucydide dans cet extrait du livre VI de l’Histoire de la guerre du Péloponnèse.

L’auteur Thucydide est né vers -471 avant J-C dans une riche famille aristocratique athénienne, il joue un rôle politique dans la cité avant d’être élu stratège (chef militaire) en -424. Mais il échoue dans ce rôle en ne pouvant empêcher la défense d’Amphipolis face aux Spartiates. Contraint à l’exil, il se consacre alors à la rédaction de son œuvre unique qui retrace la longue guerre du Péloponnèse qui opposa Athènes à Spartes entre -431 jusqu’à la chute d’Athènes en -404.

Le livre VI couvre le début de l’expédition de Sicile survenue en 415-413, et Thucydide fait donc ici un retour arrière pour compter sa version de la fin de la tyrannie des Pisistratides à Athènes. 

Nous nous poserons ainsi la question suivante :

Faut-il voir dans l’assassinat d’Hipparque par les « tyrannoctones » (nom que l’on donne a ceux qui ont tué le tyran) Harmodios et Aristogiton l’acte fondateur de la démocratie athénienne ou, comme semble le suggérer Thucydide, ne s’agit-il que de l’issue fatale d’une simple passion amoureuse, qui néanmoins ne fut pas sans conséquence sur le régime tyrannique ?

Nous pouvons voir que ce texte est ainsi intéressant à plusieurs titres. Il permet tout d’abord de s’interroger sur la nature de la tyrannie athénienne, en offrant une vision nuancée des conséquences pour les athéniens d’un régime qui devint progressivement plus autoritaire. Il permet ensuite de s’interroger sur les causes et la portée de l’assassinat d’Hipparque.

  1. Dans un premier temps, nous analysons la manière dont Thucydide présente la tyrannie, il en donne une vision nuancée
  1. Tout d’abord, nous allons voir l’origine de la tyrannie des Pisistratides

L’histoire que nous raconte Thucydide se situe sous le règne de Hippias et Hipparque, les deux fils de Pisistrate que Thucydide qualifie de « maître de la tyrannie » à la ligne 4. Le mot tyran vient du grec « turannos » qui signifie en effet « maître ».

Cette tyrannie dont l’extrait n’expose pas l’origine est instaurée en -561.

Depuis le début du VIème siècle la société athénienne connaît de profondes évolutions. Solon gouverne à partir de -594. A cette époque Athènes connaît une grave crise agraire et sociale. (D’une part les petits propriétaires n’arrivent plus à être compétitifs face aux grands propriétaires fonciers issus de l’aristocratie.) Endettés, les paysans sont réduits à l’esclavage. D’autre part les soldats, artisans et commerçants qui ne possèdent pas de terre n’ont pas non plus le statut de citoyen. (La citoyenneté reste l’apanage de l’aristocratie qui domine donc la vie publique.) Solon met en œuvre deux réformes majeures destinées à résoudre la crise.

Sa première réforme est l’abolition des dettes.

Sa seconde réforme est l’élaboration d’un système de classes censitaires qui permet au peuple d’accéder aux magistratures, tout athénien peut donc participer à la vie publique, mais selon le niveau de richesse des individus.

Ces réformes ne seront malgré tout pas suffisantes pour éteindre les troubles sociaux et Pisistrate prend le pouvoir avec l’appui du peuple et de certains aristocrates. A son décès ces deux fils Hippias (l’aîné) et Hipparque (le cadet) lui succèdent (lignes 5 et 6).

Le tyran (dans l’histoire grecque) est celui qui dispose d’un pouvoir assuré par la force, et qui se place au dessus des lois. Il ne modifie pas les institutions mais se place au-dessus. C’est ce que décrit Thucydide lorsqu’il écrit à la ligne 20 « Dans l’ensemble, la cité conserva la constitution antérieurement établie », tout en soulignant la volonté de contrôler le système. Ainsi Thucydide souligne à la ligne 22 la volonté des tyrans de placer leurs proches aux postes clefs.

  1. Voyons maintenant que selon l’auteur c’est une tyrannie au service du peuple

Pisistrate a pris le pouvoir avec le soutien du peuple et il tranche les conflits en faveur du peuple. Il impose le partage des terres et il permet aux habitants les plus pauvres d'être mieux écoutés dans l'assemblée. Ses deux fils, Hippias et Hipparque se sont inscrits dans la même ligne comme le décrit Thucydide aux lignes 15 à 19. L’auteur souligne la « valeur et l’intelligence des tyrans » (ligne 17). La phrase « son gouvernement jusque-là n’avait pas accablé la masse du peuple » souligne un souci du peuple, même si la formulation « jusque-là » semble indiquée une situation fragile pouvant basculer à tout moment. La phrase « Les Athéniens n’avaient qu’à leur verser le vingtième de leur récolte » démontre un niveau raisonnable d’impôt sur les récoltes qui peut se comparer au niveau d’un sixième qui était prélevé historiquement et qui avait été l’une des causes de l’endettement des paysans à l’époque de Solon.

Le texte de Thucydide mentionne également les fêtes des Grandes Panathénées (ligne 40) qui furent organisées par Pisistrate sur le modèle des jeux olympiques.

Le propos de Thucydide est donc de nous dépeindre Pisistrate et ses fils comme hommes d’états avisés, menant une politique économique et culturelle habiles, et à l’écoute du peuple. Il est à ce titre intéressant de noter que Thucydide décrit Hippias « d’un abord facile » (ligne 51) pour souligner sa proximité avec les athéniens.

C)Mais nous allons voire que la tyrannie va dériver dans les dernières années avant le renversement du régime

En effet, l’assassinat d’Hipparque marquera un tournant dans la tyrannie. Ainsi Thucydide annonce que « pour les Athéniens, la conséquence fut le durcissement de la tyrannie qui s’ensuivit » (ligne 80). Il dépeint un régime de terreur imposé par le frère survivant: « Hippias … faisait exécuter nombre de citoyens » (ligne 81).

Thucydide nous montre également un Hippias à la recherche d’alliances dans le souci de ses intérêts personnels plus que ceux de la cité. Ainsi l’auteur nous explique que Hippias va marier sa fille à un héritier de Lampsaque, cité grecque asiatique pour la seule raison de pouvoir s’attirer les sympathies de Darius 1er, le roi de l’empire perse (lignes 77 et 78). Le texte se termine en dépeignant Hippias en traître dans la mesure où une fois renversé il se refugiera auprès du roi Darius et ira combattre les Grecs lors de la fameuse bataille de Marathon, au cours des guerres médiques (lignes 84 à 88).

  1. Dans un second temps, nous allons maintenant analyser les causes, les modalités et les conséquences de l’assassinat d’Hipparque
  1. Commençons par voire les causes de l’assassinat

🡪 Est-ce une simple passion amoureuse ? 

Dès la première phrase, Thucydide annonce que selon lui l’assassinat d’Hipparque n’est pas un assassinat politique mais un crime passionnel. « La tentative téméraire d’Aristogiton et d’Harmodios eut pour cause les hasards d’un amour ». Ainsi l’auteur nous expose l’enchaînement des évènements ayant mené à la mort d’Hipparque. Aristogiton est présenté comme « un citoyen de la classe moyenne » (ligne 7). On peut en déduire que par opposition son amant Harmodios est un aristocrate. Harmodios est décrit comme séduisant, « dans l’éclat de sa jeunesse » nous dit Thucydide (ligne 6). Il est décrit comme intègre puisqu’il ne cède pas aux avances d’Hipparque qu’il dénonce à Aristogiton qui décide en conséquence de renverser la tyrannie (lignes 9 à 11).

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