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Le Confiteor De l'Artiste Commentaire

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n, ensuite un plaisir et un lieu, de manière inversée. Se trouvent associés en effet les fins de journées et la douleur d'un côté, un grand délice et le ciel et la mer, de l'autre. -> Le temps et les lieux, captés par la sensibilité humaine, sont sources de sensations et d'inspiration.

Celui qui parle évoque l'extérieur à travers une l'atmosphère particulière de l'automne. Cette saison est souvent évoquée par Baudelaire lorsqu’il médite sur le temps et la condition humaine. L'extérieur est aussi présent dans l'ensemble des termes qui expriment l'infini du ciel et de mer : "immensité du ciel et de la mer", "horizon", "houle". Mais dans ce poème l'évocation de l'extérieur n'est pas là pour recréer un cadre : le poète veut souligner la manière dont les éléments présentés influent sur la sensibilité et touchent profondément l'affectivité. L'intérieur est rendu par tout un lexique des sensations, des perceptions et des sentiments : "pénétrantes, douleur, sensations, délice, solitude, isolement". Ce vocabulaire appartient au champ lexical de l'intimité, comme précisé précédemment. Les sensations exprimées appartiennent à des domaines opposés : douleur et plaisir de la douleur, charme de la solitude (signalée fois par les termes solitude et isolement). La relation intérieur/extérieur apparaît donc complexe et douloureuse.

Dans les deux premières strophes, le poète rappelle, les plaisirs que lui procurent certains moments et certaines rêveries au cours desquels il se trouve en harmonie avec ce qui l'entoure : "toutes ces choses pensent par moi, ou je pense par elles" : l'accord entre le poète et le monde extérieur est profond et réciproque. "sans arguties, sans syllogismes, sans déductions" montre que cette relation se fait simplement, comme naturellement. Le monde apparaît ici comme idéal. Le monde qui l'entoure et qu'il capte de manière sensible - toucher, vue ‑ offre à l'artiste un échange non seulement de sensations mais une pensée, ce qui lui permet de les comprendre et de décrypter un univers de correspondances sensibles et intellectuelles.

2. L'impossibilité de retranscrire la beauté de la nature avec des mots

La dernière strophe est à mettre en parallèle avec la première strophe. Dans chacune en effet, la nature occupe une place privilégiée. Cependant, le lecteur assiste à un retournement de situation entre le début du poème où la nature est idéalisée ("Grand délice"...) et le poète est en harmonie parfaite avec elle et la fin du poème où la nature est présentée comme un être "sans pitié" une "rivale toujours victorieuse". La nature est personnifiée. On pourrait également remarquer que dans le début du poème, la nature et sa beauté sont comprises et ressenties par Baudelaire, alors que dans la fin du poème nous pouvons ressentir une incompréhension. Dans la dernière strophe, des termes négatifs, traduisant des sentiments violents, comme : "consterne, exaspère, révoltent, souffrir, frayeur, vaincu".

Cela amène Baudelaire à un dilemme : "faut-il éternellement souffrir, ou fuir éternellement le beau ?".

Le poème est construit sur une évolution qui retrace les étapes de la création esthétique, depuis le sentiment d'une symbiose possible et sensible avec le monde jusqu'à celui d'une atteinte impossible.

La quête de la beauté débouche inéluctablement sur la douloureuse impuissance créatrice : comment rendre avec des mots humains la beauté et l'harmonie profonde perçues intuitivement ?

Baudelaire confesse ici son échec dans la quête de déchiffrer le monde qui l'entoure et de le retranscrire avec des mots -> confession = connotation religieuse. Cela donne de l'importance à cette quête artistique de la beauté en la comparant à une religion.

3. Le poème : un outil pour déchiffrer le monde

Ce poème est caractérisé par des effets de reprises lexicales qui constituent un écho : "intensité", "immensité", "trop intenses", "insensibilité". Rapprochements de mots proches et de même nature grammaticale : "musicalement et pittoresquement".

Ce poème, bien que en prose, est également caractérisé par des effets de rythmes : la seconde exclamation "Ah ! pénétrantes jusqu’à la douleur !" est un décasyllabe, "sans arguties, sans syllogismes, sans déductions" constitue un groupe ternaire, "Ah ! faut‑il éternellement souffrir", qui s'inscrit dans une structure en chiasme répétant éternellement, est également un décasyllabe, tout comme "Nature, enchanteresse sans pitié" et "Cesse de tenter mon désir et mon orgueil" est un alexandrin.

L'ensemble du poème est associé à la notion de rythme. Il ne s'agit pas ici d'une régularité qui serait donnée par la succession de vers régulier mais d'une souplesse particulière de la prose, dans laquelle les énumérations évitent les heurts et créent une impression de sinuosité musicale et harmonieuse des phrases.

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