Les 30 Glorieuses

e masse : la population a désormais plus facilement accès aux biens de consommation courante : chacun à une voiture, une maison individuelle. Ceci traduit un phénomène de moyennisation social, c’est-à-dire l’émergence d’une vaste classe moyenne, s’accompagnant d’une réduction des clivages sociaux : cette classe moyenne est principalement constituée de professions intermédiaire, de certains cadres, d’employés puis d’ouvrier plus qualifié : c’est la « constellation social » d’Henri Mendras.

L’étude de l’Insee sur l’évolution de la population active selon la catégorie socio-professionnelle en France de 1975 à 1995 confirme cette tendance : On observe effectivement une montée des effectifs des employés de 1.7% en moyenne par an, des professions intermédiaire de 1.9% et des cadres et professions intellectuelles supérieures de 3.6% en moyenne par an.

Au contraire il y a une tendance à la baisse chez les ouvriers (surtout chez les ouvriers non qualifiés, chez les artisans, commerçants et chefs d’entreprise puis chez les agriculteurs exploitants. Ceci confirme bien la montée de la classe moyenne.

Ainsi les trente glorieuses ont provoqué des transformations positives dans le travail. Mais, à partir des années 80, avec la crise économiques, le marché subit des transformations plus négatives pour la population active :

En effet, la crise économique a entrainé des transformations sur le marché du travail : il s’agit du chômage et de la précarisation. Le chômage fait son apparition dans les années 80 car avec la crise économique les entreprises connaissent des baisses de leurs profits, celle-ci décident alors généralement d’économiser sur la main d’œuvre : les entreprises embauchent moins et il y a de nombreux licenciements. Les plus touché par le chômage sont les travailleurs moins qualifiés, car les entreprises valorisent davantage les travailleurs avec plus de qualifications et de diplômes. Les travailleurs non qualifiés ou peu qualifiés deviennent inutiles aux entreprises et sont donc le plus souvent au chômage.

Quant à la précarisation des emplois, celle-ci est souvent due aux politiques de flexibilité dans le travail mises en place pour lutter contre le chômage, consistant à baisser les salaires et à faire varier le temps de travail. Les emplois précaires sont des emplois typiques, différents de la norme mise en place pendant les Trente Glorieuses (emplois à temps plein et en CDI, c’est –à-dire à durée indéterminée). Ces emplois sont des emplois en CDD (contrat à durée déterminée), des stages ; des intérims ou des emplois à temps partiel volontaire. Ils placent leurs occupants dans une situation d’insécurité économique telle qu’ils peuvent rapidement se retrouver au chômage, et les revenus sont généralement faibles. Ceci a donné à une dualisation du marché du travail avec un marché primaire dans lequel on retrouve les emplois typiques à revenu correct, et un marché secondaire avec des emplois précaires.

Ainsi, la France a connu de grandes mutations dans le travail après les Trente Glorieuses.

En France on a assisté après 1975 de grands bouleversements dans le milieu du travail. Ces mutations ont eu des conséquences au niveau social, car elles ont eu une forte influence sur l’évolution des conflits sociaux.

Les transformations dans le domaine du travail ont eu une influence considérable sur les conflits en France. Dans un premier temps nous montrerons l’effet de ces transformations sur les conflits liés au travail, puis nous verrons que les conflits de nos jours sont plus centré sur le domaine social.

Les transformations dans le milieu du travail ont eu comme conséquence une baisse des conflits du travail. Les actions collectives (c’est-à-dire actions intentionnelles par un ou plusieurs groupes sociaux pour défendre leurs intérêts) liées aux relations du travail telles que les grèves, les manifestations, l’occupation des locaux de l’entreprise (sit-in) ont fortement diminué.

Ceci se voit bien dans l’étude de Dares sur l’évolution du nombre de jours de grève dans le secteur privé, publié dans « Premières Informations » en septembre 1999 : on remarque qu’en 1975, le nombre de journées individuelles non travaillées s’élève à 4000000, tandis qu’en 1998, il n’y q plus que 500000 journées non travaillées. La diminution de jours de grève entre 1975 et 1998 q été très importante. Ceci montre bien un affaiblissement des conflits du travail. Les transformations sur le marché du travail ont aussi contribué à cet affaiblissement des conflits : le développement du chômage à fait faire les revendications des ouvriers, car ceux-ci subissent la pression des patrons et craignent de se retrouver au chômage. Ils seront donc moins susceptibles de s’engager dans les actions collectives/ ceci va d’ailleurs conduire certains travailleurs à se replier sur soi et à adopter des comportements plus individualistes comme par exemple le comportement de passager clandestin en cas d’action collective, refusant d’y participer pour ne pas subir une perte de revenus et éventuellement profiter des bénéfices si l’action collective atteint son objectif : ceci renvoie à la thèse d’Olson. Le développement des emplois précaires affaiblit aussi les conflits car la segmentation du marché du travail entre les travailleurs précaires et les non précaires peuvent conduire à la baisse de l’identité collective, c’est-à-dire la conscience de classe chez Marx : le sentiment d’appartenance à un groupe. Ceci est défavorable à la mobilisation sociale.

D’une façon générale, on remarque donc une baisse des conflits du travail. Les conflits ne disparaissent pourtant pas. En réalité, ils évoluent vers un autre domaine : le domaine social.

En effet, on peut considérer qu’avec la hausse du niveau de vie et l’accès à la consommation depuis les trente glorieuses, les besoins matériels des individus