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Pourquoi l'Europe a conquis le monde

Fiche de lecture : Pourquoi l'Europe a conquis le monde. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoires

Par   •  21 Février 2024  •  Fiche de lecture  •  2 160 Mots (9 Pages)  •  54 Vues

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Présentation de la référence

- Jean-Pierre Chrétien, « Pourquoi l!Europe a conquis le monde », magazine l’Histoire n° 302, oct. 2005, p. 54-61

- Jean-Pierre Chrétien est un historien français né le 18/09/1837 à Lille, spécialiste de l'Afrique des Grands Lacs.

Agrégé d’histoire, chercheur depuis 1973 puis directeur de recherche en histoire de l'Afrique au CNRS, il a enseigné à l'École normale supérieure du Burundi (Unesco) et à l'Université Lille III.

Il a dirigé de 1986 à 2001 le laboratoire de l'Université Paris I intitulé « Mutations africaines dans la longue durée (Mald), qui s'est ensuite fondu dans le Centre d'études des mondes africains (CEMAf), où il poursuit son activité.

Il est l'un des fondateurs de la revue Afrique et Histoire.

Certains de ses travaux ont été salués par ses confrères historiens, tel son ouvrage L'Afrique des grands lacs - Deux Mille Ans d'histoire (2000).

Contenu de la référence

Dans l!article qui fait l!objet de la réalisation de cette fiche de lecture, Jean-Pierre Chrétien répond aux interrogations de l’historien et journaliste Michel Winock sur la question de la colonisation mondiale au XIXème siècle par les Européens.

Vers la fin du XIXè siècle, les principales puissances européennes se livrent dans une conquête de l’Afrique et de l’Asie dans un climat de rivalité. En très peu de temps, nous assistons à une prise de pouvoir d’une partie du monde vers une autre qui est asservie: c’est ce que l’on appellera le temps des empires ou impérialisme. C’est l’analyse de ce phénomène qui fait l’objet de cet article.

I. Éléments déclencheurs - Les 3C de Livingstone : Commerce, Civilisation, Christianisme

A. Commerce ou les facteurs économiques

L'Europe subit une crise importante à partir du milieu des années 1870, ce qui entraîne une recherche de nouveaux marchés et de nouveaux fournisseurs de matières premières pour relancer et encourager l’économie et le commerce. C’est dans cette optique que les grandes puissances européennes se lancent à l’assaut des Pays qui vont être colonisés. Nous avons dans l’article l’exemple de l’Inde qui, fortement exploitée par les Anglais pour sa production de coton, se retrouve complètement anéantie dans sa propre production. Les motivations économiques sont moteur de la colonisation au point qu!au début du XIXe siècle, on arrive à développer un système de culture obligatoire à Java qui servira d!inspiration à beaucoup d!autres empires (Ceci, avec la colonisation de conquête et peuplement, va complètement à l’encontre des idéologies libérales). Cette nouvelle façon d’exploiter les terres des colonies bouleverse l'agriculture vivrière paysanne qui en Afrique est quasiment entièrement remplacée par des plantations de café, de thé, de coton, de palmiers à huile. En Asie, le thé de l'Inde ou l'hévéa d'Indochine sont la démonstration de ce phénomène.

B. Civilisation ou les facteurs scientifiques et technologiques

Les Européens sont persuadés d’avoir une civilisation supérieure aux autres Pays extra européens,

ils considèrent donc de leur devoir d’en faire bénéficier les autres populations.

Une phrase de Jules Ferry représente très clairement cette vision: « Il faut dire ouvertement que les races supérieures ont un droit vis-à-vis des races inférieures. Je répète qu'il y a pour les races supérieures un droit, parce qu'il y a un devoir pour elles. Elles ont le devoir de civiliser les races inférieures » (28 juillet 1885).

Dans les colonies, les Européens apportent certes des transformations : la construction de routes, de chemins de fer, de ports maritimes, plus tard l'introduction du camion, la création de nouvelles villes et cela non pas pour améliorer la vie des populations locales mais plutôt pour acheminer plus facilement leurs marchandises.

Le domaine de la santé est également touché: nous assistons à la la fondation d’hôpitaux et des recherches sont déployées pour lutter contre le paludisme, les épidémies, la maladie du sommeil etc (surtout pour leur propre santé). Cependant, cela permettait d’avoir un prétexte supplémentaire pour justifier la colonisation.

Enfin, ces changements affectent également l’éducation : une partie des enfants est scolarisée dans les écoles primaires tenues par des missions. Par l’intermédiaire de l’école et de l’administration, la langue de la Métropole se diffuse dans les colonies.

C. Christianisme ou les facteurs idéologiques

À la question « Qu'est-ce qui a déclenché ce mouvement lourd de l'histoire ? », Jean-Pierre Chrétien met en évidence le paradoxe entre la doctrine libérale qui domine la première moitié du XIXè siècle, selon laquelle l’époque des colonies n’a plus d’avenir, et ce qui se passe en réalité : l’argument moral contre la colonisation selon lequel l'âge de l'esclavage et de la traite est révolu, n’est pas suffisant face au souhait de puissances européennes de perpétuer l'expansion économique, maritime, commerciale. Les libéralisâtes soutenaient également le marché libre (free trade), en opposition au système mercantiliste qui prônait l'enrichissement des nations au moyen d'un commerce extérieur protégé (colonies qui ont des relations commerciales uniquement avec le Pays colonisateur). En effet, on assiste à une grande contradiction car « On va voir les des défenseurs de la liberté, de l'émancipation, du progrès, des droits de l'homme, justifier, au nom même de ces valeurs, des interventions politico-militaires dans ce qui va devenir des colonies ».

Un exemple de cette situation contradictoire est la la conférence de Berlin de 1885. Elle avait avant tout pour objectif pour le chancelier Bismarck d'assurer la liberté du commerce, la liberté de la navigation sur les grands fleuves africains, le Niger, le Congo qui faisaient entrevoir à cette date de leur immense richesse. On avait aussi des objectifs humanitaires : supprimer la traite, supprimer l'esclavage, tout ce qu'apportait la civilisation. Il n'était absolument pas question d'appropriation de territoire et certainement pas dans tout cet immense bassin du Congo. Or, c'est pourtant ce qui s'est passé dans les années suivantes: les rivalités européennes ont fini par s’éteindre et se traduire à l’échelle mondiale, parfois avec des situations qui frôlent l’accident diplomatique.

Un autre élément digne d’attention pour sa contradiction est la diffusion de la religion. En effet, en dépit de la laïcité déclarée sous la III République, le fait religieux reste un moteur idéologique absolument essentiel. Depuis l!Occident, le regard porté sur les peuples colonisés était déterminé par leurs croyances. En conséquence, le sens commun européen percevait l!avancée du christianisme comme une avancée de la civilisation. Pourtant, sur le terrain, le pragmatisme a dominé, pouvoir colonial et missions ont eu des attitudes diverses vis-à-vis des religions locales, qui ont pu être niées, combattues, tolérées ou encadrées selon les cas.

II. Modalités de la colonisation

D. Évolution du concept de colonisation

Tout d’abord, Jean-Pierre Chrétien parcourt l’évolution du concept de colonisation, qui dans l’antiquité indiquait un déplacement de populations dont le but était de créer dans des régions lointaines des cités à l’image de la mère patrie. Le terme évolue à partir du XVIè siècle, où il désigne les nouvelles implantations occidentales (majoritairement espagnoles et portugaises) principalement dans le Nouveau Monde et dans des formes moindres en Afrique et en Inde. Cette organisation trouve les bases de son fonctionnement sur l’exploitation d’Hommes et terres selon la doctrine de l’exclusivité. Ces conquêtes sont souvent menées sous prétexte d’évangélisation des populations locales moyennant des violences physiques et morales. À cette époque il y a plus ou moins égalité de connaissances technologiques entre les populations colonisatrices et colonisées, ce qui ne sera pas du tou les cas lors des colonisations du XIXè siècle, où le décalage sous différents aspects (militaire, technologique, économique... ) est plus que remarquable.

B. Modèles Anglais et Français

Pendant longtemps a été divulguée une présumée opposition de façons de coloniser entre le « modèle anglais » de l’indirect rule (dont l’avantage était de réduire la présence coloniale nécessaire à administrer un territoire) et le « modèle français » qui avait plutôt l’aspiration de former « de petits français » (qui sera la même tendance suivie par les Belges).

Dans les

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