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Ronsard - Second livre des Amours

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le tout d’abord par la structure même du sonnet. En effet, un sonnet traditionnel doit observer une rupture sémantique entre les quatrains et les tercets. Ici, nous observons que les quatrains sont consacrés au comparant et les tercets au comparé, grâce à la structure binaire explicite « Comme… », vers 1, « Ainsi… », vers 9. Ensuite, nous voyons que la rose a bien des points communs avec une jeune fille : sans être totalement personnifiée, elle est caractérisée par un vocabulaire plutôt réservé à un être humain : « jeunesse », au vers 2, « grâce » et « amour », au vers 5, « languissante » et « elle meurt » au vers 8. Ces mêmes éléments caractérisent la femme aimée (« en ta première et jeune nouveauté », vers 9, « beauté », vers 10, « t’as tuée », vers 12, par exemple), rapprochant ainsi encore le comparant et le comparé. [Phrase conclusive paragraphe I1] La femme est la rose.

[Phrase introductive paragraphe I2] Ce qui, en premier lieu, est remarquable chez cette femme, comme chez la rose, c’est sa beauté. En effet, ce poème d’amour se présente évidemment comme un éloge à la femme aimée. [Analyse et interprétation des procédés] La comparaison à la rose, tout d’abord, est laudative, en ce qu’elle connote la beauté, mais aussi par sa mise en valeur : le terme « rose » est mis en attente à la fin du premier vers, répété à la rime dans « arrose », repris à la rime du dernier vers. Cela montre bien son importance, la considération que le poète a pour elle. On trouve pour l’éloge de la femme, mêlé à l’évocation de la rose, un champ lexical mélioratif (…). On remarque que la rose (la femme) est objet de l’admiration, d’abord de son entourage, à qui elles prodiguent leur aura bienfaisante : objet exclusif du regard au vers 1 (« Comme on voit… la rose ») : on note l’emploi de l’indéfini qui prouve l’attrait universel que « la » rose provoque, elle-même déterminée par un article défini, qui l’isole, la promeut, elle prodigue sa grâce et protège l’amour aux vers 5-6. On note ici une certaine sensualité, évoquée par la convocation des sens de la vue et de l’odorat, celui-ci mis d’autant plus en valeur par l’encadrement du vers 6 par les termes « embaumant » et « odeur ». La femme comme la rose bénéficient aussi d’une aura qui s’étend à l’univers entier : le « ciel », vers 2, est personnifié, éprouvant des sentiments humains, « jaloux » ; « l’Aube », vers 3, dont la majuscule semble indiquer que l’on fait référence à la déesse (« l’Aurore aux doigts de roses », nous dit Homère), semble être au service de la rose ; enfin, au vers 10, « la Terre et le Ciel », diptyque qui nous montre cette aura universelle, sont eux aussi en position d’infériorité, surpassés par la beauté de la femme (« honoraient ta beauté »). [Phrase conclusive paragraphe I2] Ainsi, le poète célèbre la beauté de la femme, qui touche non seulement son entourage (vers 6), mais l’univers entier.

[Phrase introductive paragraphe I3] Cette beauté est intimement liée à la jeunesse de la femme aimée. [Analyse et interprétation des procédés] Dès le premier vers, au sein de la comparaison avec la rose, est évoqué le « mois de mai », qui connote à la fois la nouveauté, avec le renouveau du printemps, et l’amour. De même, à deux reprises, la jeunesse et la beauté sont intimement liées : au vers 2, elles sont associées par l’épithète « belle jeunesse » ; aux vers 9-10, elles le sont encore, à la rime (« nouveauté » / « beauté »). Le thème de la jeunesse, ailleurs exprimé par le champ lexical assez redondant (…), est aussi lié à la vitalité : « première fleur », au vers 2, rime avec « vive couleur ». Mais on remarque surtout que la jeunesse possède un caractère éphémère : deux fois, le poète répète l’adjectif ordinal « premier » (vers 2 et 9), toujours associé à cette jeunesse, la fixant comme un instantané. [Phrase conclusive paragraphe I3] La jeunesse semble donc être une caractéristique qui condense en elle le destin de la femme, belle et trop tôt disparue, et la pensée du poète, rivée sur ce constant du caractère éphémère de la vie.

[Mini-conclu de partie I] Dans ce sonnet, le poète semble donc vouloir faire l’éloge de l’être aimé, dont il exalte la beauté fragile et éphémère, à peine née et aussitôt ravie.

[Mini-intro de partie II] En effet, on remarque qu’à ce thème de l’amour perdu se joint une réflexion sur la brièveté tragique de la vie.

[Phrase introductive paragraphe II1] La composition du sonnet, le choix même de cette forme brève, semble propice à rendre compte de la brièveté de la vie et à décrire ce passage rapide de la vie à la mort. [Analyse et interprétation des procédés] On note la même composition dans les deux quatrains et le premier tercet : les deux quatrains décrivent d’abord la vie de la rose et réservent les deux derniers vers à sa mort ; le premier tercet consacre deux vers à la vie de la femme et un vers à sa mort. Dans le tercet particulièrement, le passage de la vie à la mort est très rapide : la vie est évoquée dans une proposition temporelle, à l’imparfait, qui a une valeur durative, avant d’être interrompue et presque reléguée au second plan, par la mort évoquée au passé composé dans la principale. Dans les quatrains, on garde le présent à la fois général et narratif pour la vie et la mort, ce qui donne l’impression que la mort fait déjà son œuvre au sein même de la vie. [Phrase conclusive paragraphe II1] Vie et mort sont intimement liées.

[Phrase introductive paragraphe II2] En effet, tout au long du poème, alors même qu’il décrit la vie, la mort pèse déjà sur la rose ou la femme, révélant l’aspect tragique de la vie. [Analyse et interprétation des procédés] Là encore, la composition du poème est révélatrice : il alterne deux vers sur la vie et deux vers sur la mort. Les vers 1 et 2 évoquent l’apparition de la rose, de la vie, tandis que les vers 3 et 4 montrent déjà une menace sur cette vie : le « ciel » est « jaloux », et à la césure du vers suivant, comme « jaloux » l’était au vers 3, on trouve les « pleurs » de l’Aube. C’est-à-dire qu’au moment même où la rose est à son apogée, on a déjà des signes de mort. Dans les vers 7 et 8, l’évocation de la mort est explicite, s’opposant aux vers 5 et 6 ; là encore, la rose est en proie aux éléments de l’univers, l’eau et la pluie, cernée entre ces deux forces opposées, avec une violence certaine (« battue » « excessive »). [Phrase conclusive paragraphe II2] Ainsi, dès sa naissance, au sein même de sa jeunesse, la rose – la femme – étaient menacées par la mort.

[Phrase introductive paragraphe II3] Ronsard va même encore plus loin : la vie n’est pas seulement menacée, jalousée, elle est condamnée. Vivant, on est déjà mort. [Analyse et interprétation des procédés] Même dans les vers chantant la vie, on a déjà des signes de mort. Au vers 5, est employé le verbe « repose », répété à la rime au vers 11, cette fois-ci, bien dans le sens de mort ; de même, on peut penser à une syllepse au vers 6, pour « embaumant ». Enfin, de manière explicite, la figure mythique du destin, la Parque, au vers 11, montre qu’à tout moment, la mort peut frapper, que notre vie est sans cesse aux mains de ce destin qui choisit quand il veut d’en couper le fil : l’acte de mort est un acte d’agression (« t’a tuée »), décidé. [Phrase conclusive paragraphe II3] Ainsi Ronsard met bien en œuvre dans ce poème la pensée épicurienne de la mort déjà présente dans la vie.

[Mini-conclu de partie II] Au-delà de regretter l’être aimé trop tôt disparu, Ronsard montre que la vie en général est brève et menacée par la mort, que ce soit « feuille à feuille » ou brutalement.

[Mini-intro de partie III] Cependant, le poème ne se termine pas sur ce seul constat assez noir, mais propose une issue, par le chant poétique.

[Phrase introductive paragraphe III1] En effet, ce poème est avant tout un poème d’amour. [Analyse et interprétation des procédés] Alors même qu’il dit la mort de la femme, il est un moyen d’encore s’adresser à elle, et de lui dire, de vivre encore, son amour. Registre dominant, le lyrisme apparaît d’abord à travers les images : la comparaison avec la rose, avec les connotations que nous avons décrites plus haut, réfère à la tradition bucolique, attachée au lyrisme. Aux images et aux connotations, s’ajoutent les sonorités et le rythme, qui font du poème un chant, qui rend compte, au-delà des mots, par les sensations, de l’amour exprimé : des allitérations en [m] du vers 1, la répétition des sonorités en [ar] dans le rythme binaire au vers 6, les rythmes binaires des vers 2, 5, 9 et 10, rendent compte de la douceur et de l’harmonie de cet amour. Enfin, le lyrisme permet un nouvel échange, à la fois intérieur et proclamé, entre le « je » et le « tu », ainsi que nous le voyons dans les deux tercets. [Phrase conclusive paragraphe III1] Ainsi, le chant poétique est le moyen de célébrer l’amour.

[Phrase introductive paragraphe III2] Par là même, il tend à immortaliser l’amour et l’être aimé. [Analyse et interprétation des procédés] La comparaison avec la rose, avec les connotations que nous avons décrites plus haut, permet aussi d’immortaliser cet amour. En effet, on voit que le poème ne débute

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