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Un Article De Journal

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é des installations au risque d'inondation. Après la tempête de décembre 1999, où l'eau était entrée à l'intérieur de la centrale du Blayais (Gironde) et avait failli provoquer un accident majeur, l'ASN avait réévalué les protections contre des raz de marée plus puissants que ceux envisagées dans les années 1970. C'est ainsi que la centrale de Gravelines avec ses six réacteurs est dotée d'«ouvrages de protection permettant de respecter une cote de sécurité légèrement supérieure à 9 mètres», comme l'indique François Godin, responsable de la division de Douai de l'ASN. Cette marge de sécurité va-t-elle de nouveau être révisée et sur quels critères alors qu'aucune recherche sur les tsunamis qui ont pu frapper les côtes atlantiques dans le passé n'a encore été menée en France, contrairement à ce qui a été fait en Grande-Bretagne ?

Quel impact pourrait avoir une grosse vague en fonction du plateau continental et de la montée annoncée du niveau de la mer ? «Le réchauffement climatique change la donne, reconnaît le président de l'ASN. Des événements extrêmes qui se produisaient tous les mille ans le long des côtes reviennent maintenant tous les cents ans.» À défaut de se prémunir contre un tsunami, l'ASN se cale plutôt par rapport à un cumul d'événements extrêmes comme une forte marée, une tempête et de forts coups de vent.

• Le vieillissement des centrales

L'ASN a donné fin 2010 pour la première fois son feu vert pour prolonger la vie d'un réacteur trentenaire de dix ans supplémentaires. Il s'agissait de Tricastin 1. La décision pour Fessenheim 1 est attendue dans les prochaines semaines. Pour autant, ce feu vert n'est pas un chèque en blanc, a prévenu mercredi André-Claude Lacoste. Si des enseignements tirés du Japon l'exigeaient, les décisions qui s'imposent - fermeture d'un réacteur - seraient prises. Les experts ont décelé depuis plusieurs années que certains organes, l'âge aidant, montrent des signes de corrosion. C'est le cas des générateurs de vapeur. Or, une nouvelle fois, EDF s'est fait taper sur les doigts pour avoir tardé à changer cette pièce majeure à la centrale du Bugey.

• La gestion d'un accident

Après l'accident de Fukushima, le gouvernement japonais a décidé l'évacuation des populations dans un rayon de 20 kilomètres autour de la centrale. Depuis le début, l'ASN répète que c'était la bonne mesure à prendre. «Je ne suis pas sûr» qu'en France une telle évacuation serait menée dans les mêmes conditions qu'au Japon, a confessé André-Claude Lacoste. Depuis cinq ans, le Codirpa (Comité directeur pour la gestion de la phase post-accidentelle d'un accident nucléaire) planche sur la gestion d'un accident nucléaire. «On s'est aperçu qu'en cas d'accident il pouvait y avoir des rejets de longue durée et que, dans ce cas-là, le confinement des populations ne cadrait pas. Il faut mieux envisager une évacuation immédiate» , explique Jean-Luc Lachaume, directeur adjoint de l'ASN, qui souligne néanmoins que les décisions pourraient être prises au cas par cas. Ce n'est pas la même chose de faire évacuer les rares habitants demeurant autour de la centrale du Blayais que ceux de l'agglomération dunkerquoise. Des discussions sont en cours avec le ministère de l'Intérieur qui pourraient aboutir à une modification des plans particuliers d'intervention (PPI).

• Le confinement des piscines

Les piscines de combustibles usés qui jouxtent les réacteurs sont elles aussi potentiellement très dangereuses. Fuku¬shima l'a rappelé. Si l'eau n'est plus refroidie comme cela a été le cas la semaine dernière au Japon, les assemblages peuvent se trouver hors d'eau, être attaqués et relâcher de la radioactivité directement dans l'atmosphère car les piscines, contrairement aux réacteurs, ne sont pas confinées. «Nous n'avons pas attendu Fukushima pour nous pencher sur cette question, admettait la semaine dernière Thomas Houdré, de l'ASN. À la différence des réacteurs japonais, les piscines d'EDF sont dans des bâtiments séparés, résistants aux séismes mais pas confinés. La piscine de l'EPR, en chantier à Flamanville, est la seule à être protégée par une enceinte. À défaut de demander le confinement des piscines des 58 réacteurs d'EDF, l'ASN va regarde de près si leur système de refroidissement peut être garanti, même en cas de dommages aussi graves que ce qu'a subi Fukushima.

• Et si un incident nucléaire devait se produire sur notre territoire ? Pour parer à cette situation, des exercices et des simulations «grandeur nature» se déroulent tous les dix-huit mois autour de nos 58 centrales.

Les sirènes retentissent, trois fois une minute, espacées de cinq secondes. La ville de Gravelines, dans le Nord, se fige. On connaît ces hurlements: c'est une alerte nucléaire. Dans la centrale voisine, le système de refroidissement de l'un des réacteurs pose problème. Louise Pardo sait ce qu'elle a à faire. Elle gare sa voiture et gagne le bâtiment le plus proche, la boulangerie. Elle voit bientôt passer des véhicules de pompiers, puis de CRS et de gendarmes. Ils portent des combinaisons étanches et respirent de l'oxygène. Ils viennent pour faire respecter le périmètre d'isolement qui a été défini: afin d'empêcher les personnes éventuellement contaminées par la radioactivité d'en sortir, elles seront dirigées vers des structures de décontamination; mais aussi pour empêcher que des personnes saines n'y entrent. Ils le savent, des parents, des fils et filles vont tenter d'aller chercher leurs enfants, leur père, leur mère. Il faudra les convaincre de faire demi-tour, d'aller s'enfermer et d'écouter la radio. Ils veilleront aussi à ce que les lieux désertés ne soient pas pillés.

Pour l'heure, le réseau téléphonique est saturé, et Louise Pardo ne parvient pas à joindre son mari. Sans doute est-il à l'abri au bureau. A la préfecture de Lille, on a formé une cellule de crise à laquelle participent la police, les gendarmes, les pompiers et la Protection civile. Le Samu et la Croix-Rouge sont venus en renfort, au cas où il y aurait des blessés. Les forces de l'ordre déployées sur le terrain rapportent minute par minute les informations recueillies aux autorités préfectorales. On applique le plan particulier d'intervention (PPI) défini pour chaque installation nucléaire française. Il prévoit qui sont les acteurs du déploiement ainsi que les mesures à prendre pour confiner ou évacuer.

Dans la salle des commandes de la centrale de Gravelines, on a décidé de stopper le réacteur. «ARRÊT D'URGENCE»: le message s'affiche en orange sur les tableaux de contrôle. Des ingénieurs, des techniciens cherchent à résoudre le problème. Le réacteur, bien qu'arrêté, continuera à produire de l'énergie durant plusieurs heures. Son cœur est en surchauffe. La gaine de protection risque de se fissurer. On ordonne l'évacuation dans un rayon de 10 kilomètres autour du site. Les enfants de l'école voisine sont évacués en priorité. Les radios diffusent l'information. La tension monte. Louise Pardo se trouve dans le périmètre concerné. A quelques dizaines de mètres, le parking évacué par les forces de l'ordre se transforme en héliport de fortune, sur lequel atterriront les hélicoptères de secours pour d'éventuelles victimes. Enfermée dans la boulangerie depuis plusieurs heures maintenant, Louise pense à ses pastilles d'iode qui sont restées dans un tiroir, chez elle. Puis la sirène a retenti: trente secondes ininterrompues, c'est le signal de fin d'alerte. Le système de refroidissement a été réparé.

Plus de mille incidents ont été recensés l'an dernier

Cela est une fiction. Mais qu'en est-il, en réalité, de nos centrales, dont certaines sont construites en zone sismique ou inondable? A l'heure où le Japon vit son plus grave accident nucléaire, les Français s'interrogent. Décidé dans les années 60, le choix du tout-nucléaire a conduit le pays à accueillir, derrière les Etats-Unis, le deuxième plus grand parc nucléaire au monde. Et 80 % de notre électricité proviennent aujourd'hui de la fission de l'atome. Mais selon l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN), plus de 1000 incidents ont été recensés l'année dernière. Nos 58 réacteurs sont-ils donc si sûrs?

«Ils sont conçus pour une sécurité optimale, explique Bernard Bigot, administrateur général du Commissariat

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