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Voyage Au Bot De La Nuit. Fin

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nts. On comprend donc pourquoi il n'a plus rien à imaginer (…) sur la mer. D’ailleurs il emploie un terme péjoratif , mon trimbalage, pour rendre compte de l’expérience difficile et pénible qu’à été son voyage.[ cf le nom de Bardamu (barda + mu)]. L’extrait ne constitue donc en rien une ouverture mais bien une clôture, comme le confirme les références au titre du roman : évocation du voyage + au bout qu’on était arrivés. Bardamu affirme sa désillusion à l’épreuve de la réalité. En témoignent les nombreuses formes négatives et l’utilisation du passé composé, du plus que parfait, qui sont les temps d'un passé révolu.

2) Le sentiment d’une impasse

Tout le début du texte file la métaphores de l'impasse, de la fuite illusoire : j’avais beau essayer, me perdre pour ne plus me retrouver, je revenais sur moi-même, le monde était refermé !. Bardamu assimile son parcours géographique et humain : le voyage qu’évoque l’horizon est aussi le parcours d’une vie : pour ne plus me retrouver devant ma vie, je la retrouvais partout : la répétition souligne le caractère vain des efforts et la stérilité d’un parcours qui n’a offert aucune échappatoire. Le voyage ne permet pas de s'oublier et ramène inéluctablement à l'idée de sa mort : au bout qu’on était arrivés ; espace et temps se confondent : c’est la jeunesse qu’on redemande comme ça sans avoir l’air… B dénonce cet espoir fallacieux d’un renouveau grâce à l’irréel du présent : faudrait pouvoir recommencer la musique, sous-entendu pour mieux réussir sans doute. Bardamu est revenu de ces illusions : A d'autres ! La formule empruntée au langage familier signifie : "à d'autres, pas à moi" (dans le sens "on ne me la fait pas à moi !"). En effet, son voyage est présenté comme une souffrance : recommencer équivaudrait à aller chercher davantage de chagrin ; mon trimbalage à moi ; D’abord pour endurer davantage j'étais plus prêt non plus. Cette lucidité désespérée s’exprime par des phrases courtes, ce sont des réflexions amères ponctuées de points d'exclamations et de suspension.

En outre, si Bardamu tire de son expérience personnelle le constat que son voyage ne l’a mené nulle part, il suggère également un cycle qui sera perpétué par les suivants : A d’autres ! + le glissement du pronom je au collectif on. B s'élève à une méditation sur la destinée humaine en général. A travers la métaphore du voyage, c'est la condition humaine qui est jugée désespérée.

3) Bardamu, un anti-héros dont la vie est un échec

B compare alors son destin à celui de R : j’avais même pas été aussi loin que Robinson moi dans la vie !… Evaluer son existence à l’aune de celle de son défunt compagnon le pousse à se déprécier : Combien il m’en faudrait à moi des vies pour que je m’en fasse ainsi (…) ? Il tire de ce bilan de sa vie la conclusion répétée d’un échec : j'avais pas réussi en définitive ; C'était raté ! (…) B concède que ça allait peut-être un peu mieux qu’il y a vingt ans, on pouvait pas dire que j’avais pas fait des débuts de progrès mais on observe combien il minore cette appréciation : peut-être un peu ; des débuts de progrès, comme le confirme la suite de la phrase : mais enfin c’était pas à envisager que je parvienne jamais moi, comme Robinson, à (…) : B considère globalement qu'il n’a pas réussi. La formule est ambiguë, elle pourrait désigner ce que l’on entend habituellement par « réussir dans la vie » : un accomplissement professionnel, financier et affectif qui, certes, lui ont fait défaut, mais on s'aperçoit très vite que ce n'est pas de cet échec dont il parle.

II UNE REVERIE BURLESQUE [d’un comique extravagant, reposant sur un décalage entre la grandeur et la trivialité]

1) Une idée plus forte que la mort

B associe la réussite au fait d'acquérir, comme Robinson, une seule idée bien solide qui aide à affronter la mort. On voit que les qualificatifs auxquels il recourt pour traduire son admiration et son envie donnent de la matérialité à cette idée : de la résistance solide et surtout un volume : grosse est répété 3 fois, par comparaison avec [sa] grosse tête, et plus loin encore : me remplir la tête avec une seule idée. Le mot idée envahit le texte (7 occurrences) pour consacrer la supériorité de Robinson dans une sorte d’éloge funèbre : une belle idée, magnifique. B lui oppose une description péjorative de sa propre situation : Les miennes d’idées elles vadrouillaient plutôt dans ma tête avec plein d’espaces entre (…) : le pluriel est dévalorisant, tout comme le verbe familier, qui dénigre l’instabilité. Une comparaison, matérielle elle aussi, s’ajoute pour sanctionner avec insistance ces défauts : c’était comme des petites bougies pas fières et clignoteuses (…). La syntaxe de cette phrase est ambiguë : à trembler toute la vie au milieu d’un abominable univers bien horrible… On peut comprendre que ce sont les flammes vacillantes des idées qui tremblent, mais aussi qu’avoir des idées de cette sorte est « un coup à trembler » de peur. Quoi qu’il en soit, faute d’une idée bien commode pour mourir…B est condamné à cet abominable univers bien horrible (cf. les procédés de redoublement qui insistent sur la difficulté de vivre). Le thème de la mort, omniprésent tout au long des aventures de B, est ici rendu plus sensible encore par l’assassinat-suicide de son alter ego, Robinson. B déplore avec insistance d’être privé de cette idée plus grosse que toute la peur qui était dedans [=dans sa tête] : pour évacuer de sa tête l’idée de la mort et le délivrer de son effroi, il y faudrait une idée plus forte que tout au monde ; une superbe pensée tout à fait plus forte que la mort, à l’instar de Robinson.

2) Une envolée lyrique sur un monde idéal

B s'imagine alors doté de cette idée et se laisse entraîner dans un délire : il décrit au conditionnel un monde différent, monde rêvé où le ciel, la terre et la mort ont des majuscules qui leur donnent une grandeur mystique. En effet, B se plait à imaginer que grâce à cette idée la vie retrouverait un sens : la vie ne serait plus rien elle-même qu'une entière idée de courage qui ferait tout marcher. Ce monde idéal serait donc aussi le domaine de l’amour : on en aurait tellement, par la même occasion, par dessus le marché (…) Le terme est répété, et renforcé par une mention de la tendresse. La Mort elle-même serait apprivoisée, resterait enfermée dedans. La majuscule la personnifie, de même que l’insulte la garce, et la formule finirait par s’amuser (…) aussi elle, avec tout le monde. C’est d’une mort humanisée que rêve donc B : C’est ça qui serait beau ! Qui serait réussi ! Le mot fait écho aux tourments de B, hanté par l’idée de l’échec de sa vie. Le narrateur nous a davantage habitués à décrier la réalité qu’à faire preuve de lyrisme et à céder ainsi à l’utopie, mais le désarroi où le plonge la mort de Robinson, et surtout les derniers mots, la fièvre après tout, expliquent cet accès d’imagination. En outre, le § participe bien à l’épilogue en rappelant toutes les souffrances que le roman a détaillées : B rêve d’un monde qui serait la correction de celui qu’il a d’abord découvert sur le front, puis tout au long des années : un monde débarrassée de ses fléaux, la peur de la mort et la férocité humaine.

3) L'héroïsme, un idéal dégradé

Selon

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