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Arrias, les Caractères, La Bruyère : analyse

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Par   •  16 Juin 2023  •  Lettre type  •  1 900 Mots (8 Pages)  •  217 Vues

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Arrias, les Caractères, La Bruyère : analyse

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[pic 2] commentairecompose.fr/arrias-la-bruyere/

Par Amélie Vioux

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Voici une lecture linéaire de l’extrait « Arrias » issu des Caractères de La Bruyère.

Arrias, La Bruyère, introduction

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La Bruyère est un célèbre moraliste du XVIIème siècle dont l’oeuvre s’inscrit dans le classicisme.

Dans les Caractères publiés en 1688, Jean de La Bruyère dresse une série de portraits satiriques qui présentent des contre-modèles pour la société classique portée vers les valeurs de mesure, de modération et de civilité.

(Voir ma fiche de lecture complète des Caractères de La Bruyère)

Le XVIIème siècle est en effet marqué par le modèle de l’honnête homme, qui incarne la mesure et la civilité. Le modèle au XVIIème siècle qui résume toutes ces valeurs est celui de l’honnête homme.

Le portrait d’Arrias se situe dans la section « De la société et de la conversation » des Caractères.

Problématique

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Comment La Bruyère fait-il d’Arrias un contre-modèle de l’honnête homme et à travers lui, le contre-modèle d’une société qui préfère l’artifice à la vérité ?

Arrias

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Arrias a tout lu, a tout vu, il veut le persuader ainsi ; c’est un homme universel, et il se donne pour tel : il aime mieux mentir que de se taire ou de paraître ignorer quelque chose. On parle à la table d’un grand d’une cour du Nord : il prend la parole, et l’ôte à ceux qui allaient dire ce qu’ils en savent ; il s’oriente dans cette région lointaine comme s’il en était originaire ; il discourt des mœurs de cette cour, des femmes du pays, de ses lois et de ses coutumes ; il récite des historiettes qui y sont arrivées ; il les trouve plaisantes, et il en rit le premier jusqu’à éclater. Quelqu’un se hasarde de le contredire, et lui prouve nettement qu’il dit des choses qui ne sont pas vraies. Arrias ne se trouble point, prend feu au contraire contre l’interrupteur : « Je n’avance, lui dit-il, je ne raconte rien que je ne sache d’original : je l’ai appris de Sethon, ambassadeur de France dans cette cour, revenu à Paris depuis quelques jours, que je connais familièrement, que j’ai fort interrogé, et qui ne m’a caché aucune circonstance. » Il reprenait le fil de sa narration avec plus de confiance qu’il ne l’avait commencée, lorsque l’un des conviés lui dit : « C’est Sethon à qui vous parlez, lui-même, et qui arrive fraîchement de son ambassade. »

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Annonce de plan linéaire

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La Bruyère fait d’Arrias le contraire de l’honnête homme du XVIIème siècle (I) et critique à travers lui une société fondée sur le paraître et l’artifice (II).

I – Arrias, le contraire de l’honnête-homme

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(De « “Arrias à tout lu » à « jusqu’à éclater » ”)

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A – Arrias : l’anti-portrait d’un honnête homme

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(La première phrase)

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Dès la première ligne, le présent de l’indicatif semble se couper de l’ancrage énonciatif pour prendre une dimension de vérité générale : Arrias est un personnage type qui représente un caractère.

En effet, La Bruyère place d’emblée son personnage dans le registre satirique avec l’hyperbole « “Arrias a tout lu, a tout vu” », ce qui l’inscrit dans la démesure et l’excès, des vices opposés à l’idéal classique.

La première phrase est saturée par le champ lexical de la tromperie qui met en évidence le masque que porte le personnage : « “persuader », « se donne pour tel »,

  • mentir », « paraître” ».

Ce champ lexical permet à La Bruyère de dénoncer le caractère théâtral d’une société qui fonde tout sur le paraître.

  • travers la phrase « “c’est un homme universel” », La Bruyère dénonce la démesure d’Arrias qui se confond avec Dieu, ce qui est disproportionné.

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Cette démesure ne pouvait que déplaire au lecteur du XVIIème siècle influencé par l’esthétique classique et le modèle de l‘honnête homme.

La démesure d’Arrias se retrouve le comparatif de supériorité « “Il aime mieux mentir que de se taire ou de paraître ignorer quelque chose” » qui valorise le vice (« “mentir”« ) au détriment de la vertu « “se taire”« ).

B – Un portrait en action

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  • partir de la deuxième phrase, Jean de La Bruyère met le portrait d’Arrias portrait en action.

Il invite de lecteur à « “la table d’un grand”« . Pour le lecteur du XVIIème siècle, une telle scène s’inscrit dans la tradition satirique du repas ridicule (déjà moqué par le poète latin Horace dans Satires 8 et par Boileau dans la Satire III en 1665).

Le sujet de discussion est « “une cour du Nord” », ce qui est très éloigné des préoccupations des français au XVIIème siècle.

L’allitération en (p) et en (l) suggèrent le ton péremptoire d’Arrias et le flot de parole qui vient prendre tout l’espace de la conversation : “« Il prend la parole, et l‘ôte à ceux qui allaient dire ce qu’ils en savent” » .

L’irréel du passé « “ceux qui allaient dire ce qu’ils en savent ”» montre qu’Arrias n’est pas dans une conversation mais dans un monologue, ce qui est une faute de goût et de bienséance au XVIIème siècle.

La conversation est un art véritable, qui relève du savoir vivre et de l’urbanité. Méconnaître ses règles de mesure, de discrétion, de civilité éloigne Arrias du portrait idéal de l’honnête homme.

C – Arrias monopolise la conversation

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La Bruyère continue d’utiliser le registre satirique pour tourner Arrias en dérision.

Tout d’abord, l’anaphore du pronom personnel « il » sature la longue phrase, mettant en valeur le narcissisme d’Arrias qui veut être l’acteur principal de ce dîner : «“ il prend la parole (…) il s’oriente (…) il discourt (…) il récite (…) il les trouve et il en rit ”».

Ces répétitions transforment Arrias en pantin dont les actions sont presque mécaniques.

Le champ lexical de la parole (« “parole », « dire », « discourt », « récite » « contredire ”») souligne la monopolisation de la parole.

Alors qu’Arrias n’est jamais allé à la « “cour du Nord” » évoquée au dîner, qui est une

  • région lointaine”« , il en parle « “comme s’il en était originaire”« . La conjonction

  • comme si » révèle la tromperie d’Arrias qui dissimule la vérité.

3/6

L’énumération « “mœurs de cette cour, des femmes du pays, de ses lois et de ses coutumes” » est ironique car elle reproduit la structure des récits de voyages qui partaient de l’observation pour analyser les coutumes des pays.

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