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Et la mer et l’amour de Pierre de Marbeuf

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Par   •  9 Mai 2025  •  Dissertation  •  988 Mots (4 Pages)  •  19 Vues

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Et la mer et l’amour de Pierre de Marbeuf

Introduction :

Le poème « Et la mer et l’amour » est un sonnet écrit par Pierre de Marbeuf, poète du XVIIᵉ siècle rattaché au mouvement baroque. Dans ce texte, Marbeuf tisse une analogie filée entre deux éléments naturels puissants et imprévisibles : la mer et l’amour. Tous deux sont présentés comme des forces fascinantes mais surtout destructrices, capables de submerger l’être humain, de façon littérale comme symbolique.

Nous allons voir comment Marbeuf construit cette comparaison en structurant le poème autour de cette double menace, tout en jouant sur les images fortes, les antithèses, et les sensations contrastées.

Tout d’abord, nous allons voir comment cette analogie se déploie, s’intensifie, puis se retourne dans une chute finale surprenante.

I. Premier quatrain : Une alliance fatale entre mer et amour :

Le poème s’ouvre sur une affirmation directe :
« Et la mer et l’amour ont l’amer pour partage. »
Le jeu de mots sur « amer » : il désigne à la fois le goût salé de la mer, et la souffrance ressentie dans l’amour. Dès ce premier vers, Marbeuf lie ces deux éléments par une racine commune, un langage à double sens, caractéristique de l’esthétique baroque.

Le deuxième vers répète et renforce cette idée :
« Et la mer est amère, et l’amour est amer. »
On note une anaphore de "et", un parallélisme syntaxique, et surtout une rime interne entre « mer » et « amer ». Cette régularité donne au vers une dimension presque incantatoire.
La répétition insiste sur l’universalité de cette douleur : tout amour, toute mer, semble contenir une forme d’amertume.

Le troisième vers introduit une première image de perte et de danger :
« L’on s’abîme en l’amour aussi bien qu’en la mer. »
 Le verbe « s’abîmer » évoque à la fois une chute dans les profondeurs et une déchéance morale ou émotionnelle. L’amour, comme la mer, engloutit, perd, déstabilise.

Enfin, le vers 4 conclut cette strophe sur une double impossibilité :
« La mer fut sans rivage, et l’amour sans remède. »
L’un est infini, l’autre incurable. La mer n’a pas de limite géographique, et l’amour ne connaît pas de solution.
Marbeuf installe ici un climat de fatalité : qu’on y entre par la mer ou par l’amour, on en sort blessé, ou pas du tout.

II. Deuxième quatrain : La double violence – physique et morale

Les vers suivants prolongent cette comparaison, mais en accentuant la violence de ces deux forces.
« La mer dévore l’homme, et l’amour l’âme fêle. »
On retrouve ici un champ lexical de la destruction. La mer agit sur le corps (elle dévore), l’amour agit sur l’âme (il la fêle). Le verbe « fêle » est subtil mais puissant : il désigne une fissure, une cassure interne, invisible mais irréversible.

Au vers 6, la dimension élémentaire s’élargit :
« L’un par l’autre souvent a été consumé. »
Le mot « consumé » introduit le feu, et suggère que la mer et l’amour se détruisent mutuellement, ou se renforcent dans la destruction. On commence à entrevoir une confusion des éléments, (baroque).

Le vers 7 ajoute un exemple humain :
« Car l’amour périssant souvent l’homme a noyé. »
Ce vers marque un retournement tragique. L’amour, en disparaissant ou en s’effondrant, provoque la noyade – non pas par l’eau, mais par le chagrin. Le lien entre les deux forces se fait plus psychologique.

Enfin, le vers 8 agit comme une pause réflexive :
« Et tel est entre eux deux un étrange rapport. »
Le mot « étrange » souligne le mystère de cette ressemblance, mais aussi que c’est un mystère inquiétant. Le poète nous invite à réfléchir à cette analogie qui, sous ses airs logiques, révèle une réalité chaotique.

III. Les deux tercets : Confusion, poursuite et chute finale

À partir du vers 9, le poète entre dans une phase plus intime et plus métaphorique.
« Car l’eau salée entre en nos cœurs par l’amour. »
L’image est saisissante : l’eau de la mer, cette eau salée pleine de douleur, pénètre l’être intérieur à travers l’amour. Il s’agit presque d’une invasion sensorielle du sentiment.

Le vers suivant offre une oxymore frappante :
« Et la mer est en feu, et l’amour est en larmes. »
Ce vers croise les éléments : la mer brûle, l’amour pleure. L’opposition entre eau et feu est abolie. C'est typique du baroque : les lois naturelles sont bouleversées pour mieux exprimer la violence des passions.

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