Introduction au Misanthrope

Au XVIIe siècle, deux grands mouvements littéraires et artistiques vont se développer en opposition l’un à l’autre : le baroque et le classicisme. Le baroque se caractérise par un style marqué par l’excès, l’extravagance, le désordre et les ornements. Il reflète l'instabilité politique de l'époque, notamment à cause des guerres de religion. À l'opposé, le classicisme symbolise l’harmonie, l’ordre et la vérité. Il s’inscrit dans la période de stabilité que connaît la France sous le règne de Louis XIV. C’est également à cette période que le théâtre connaît un véritable âge d’or. Ce genre littéraire a une particularité : il est destiné à être joué sur scène, et non seulement lu. Les pièces sont souvent divisées en actes et en scènes. Contrairement au roman, il n’y a pas de narrateur. Ce sont les personnages qui racontent l’histoire à travers des dialogues ou des monologues. On trouve aussi des didascalies, c’est-à-dire des indications sur les gestes, les émotions, les déplacements ou le décor. Tout cela sert à guider la mise en scène. À cette époque, trois grands dramaturges se distinguent : Corneille, Racine et Molière. Corneille et Racine sont connus pour leurs tragédies, un genre considéré comme très noble à cette époque. Molière, lui, se spécialise dans la comédie.  Né en 1622 et mort en 1673, Molière débute sa carrière théâtrale en 1643 en fondant L’Illustre Théâtre avec la famille Béjart. La troupe sillonne la France pendant une quinzaine d’années, puis revient à Paris en 1659. Cette année marque un tournant, notamment grâce au succès des Précieuses ridicules, qui attire l’attention du roi Louis XIV. Ce dernier devient leur protecteur et leur offre le Théâtre du Palais-Royal. Molière va alors écrire de nombreuses comédies aux styles variés : Dom Juan en 1665, L’Avare, une comédie de caractère en 1668, ou encore Le Bourgeois gentilhomme, une comédie-ballet composée avec Lully en 1670. C’est en 1666 qu’il écrit Le Misanthrope, une grande comédie qui mêle comédie de mœurs et comédie de caractère. Il y met en scène Alceste, un personnage bourru et intransigeant, obsédé par la vérité et le rejet de l’hypocrisie. Il est pourtant amoureux de Célimène, une femme mondaine et manipulatrice. À travers cette opposition, Molière montre l’impossibilité d’un tel amour et dénonce les travers de la société de son temps.

L’extrait que je vais lire se situe au tout début de la pièce. Molière y propose une ouverture in medias res, c’est-à-dire que l’action commence directement, sans introduction.

Dès les premières répliques, les spectateurs sont plongés au cœur d’une dispute entre Alceste, le personnage principal, et son ami Philinte.

À travers cette scène d’exposition, Molière présente non seulement les deux personnages, mais aussi le cadre spatio-temporel et les grandes thématiques de la pièce, en particulier la question de la sincérité et de l’hypocrisie sociale, ainsi que les valeurs d’Alceste, qui s’opposent à celles de Philinte.