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A Mon Frere Revenant d'Italie

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e.

Pauvre Ischia ! bien des gens n’ont vu

Tes jeunes filles que pied nu

Dans la poussière.

On les endimanche à prix d’or ;

Mais ton pur soleil brille encor

Sur leur misère.

Quoi qu’il en soit, il est certain

Que l’on ne parle pas latin

Dans les Abruzzes,

Et que jamais un postillon

N’y sera l’enfant d’Apollon

Ni des neuf Muses.

Il est bizarre, assurément,

Que Minturnes soit justement

Près de Capoue.

Là tombèrent deux demi-dieux,

Tout barbouillés, l’un de vin vieux,

L’autre de boue.

Les brigands t’ont-ils arrêté

Sur le chemin tant redouté

De Terracine ?

Les as-tu vus dans les roseaux

Où le buffle aux larges naseaux

Dort et rumine ?

Hélas ! hélas ! tu n’as rien vu.

Ô (comme on dit) temps dépourvu

De poésie !

Ces grands chemins, sûrs nuit et jour,

Sont ennuyeux comme un amour

Sans jalousie.

Si tu t’es un peu détourné,

Tu t’es à coup sûr promené

Près de Ravenne,

Dans ce triste et charmant séjour

Où Byron noya dans l’amour

Toute sa haine.

C’est un pauvre petit cocher

Qui m’a mené sans accrocher

Jusqu’à Ferrare.

Je désire qu’il t’ait conduit.

Il n’eut pas peur, bien qu’il fît nuit ;

Le cas est rare.

Padoue est un fort bel endroit,

Où de très grands docteurs en droit

Ont fait merveille ;

Mais j’aime mieux la polenta

Qu’on mange aux bords de la Brenta

Sous une treille.

Sans doute tu l’as vue aussi,

Vivante encore, Dieu merci !

Malgré nos armes,

La pauvre vieille du Lido,

Nageant dans une goutte d’eau

Pleine de larmes.

Toits superbes ! froids monuments !

Linceul d’or sur des ossements !

Ci-gît Venise.

Là mon pauvre coeur est resté.

S’il doit m’en être rapporté,

Dieu le conduise !

Mon pauvre coeur, l’as-tu trouvé

Sur le chemin, sous un pavé,

Au fond d’un verre ?

Ou dans ce grand palais Nani ;

Dont tant de soleils ont jauni

La noble pierre ?

L’as-tu vu sur les fleurs des prés,

Ou sur les raisins empourprés

D’une tonnelle ?

Ou dans quelque frêle bateau.

Glissant à l’ombre et fendant l’eau

À tire-d’aile ?

L’as-tu trouvé tout en lambeaux

Sur la rive où sont les tombeaux ?

Il y doit être.

Je ne sais qui l’y cherchera,

Mais je crois bien qu’on ne pourra

L’y reconnaître.

Il était gai, jeune et hardi ;

Il se jetait en étourdi

À l’aventure.

Librement il respirait l’air,

Et parfois il se montrait fier

D’une blessure.

Il fut crédule, étant loyal,

Se défendant de croire au mal

Comme d’un crime.

Puis tout à coup il s’est fondu

Ainsi qu’un glacier suspendu

Sur un abîme…

Mais de quoi vais-je ici parler ?

Que ferais-je à me désoler,

Quand toi, cher frère,

Ces lieux où j’ai failli mourir,

Tu t’en viens de les parcourir

Pour te distraire ?

Tu rentres tranquille et content ;

Tu tailles ta plume en chantant

Une romance.

Tu rapportes dans notre nid

Cet espoir qui toujours finit

Et recommence.

Le retour fait aimer l’adieu ;

Nous nous asseyons près du feu,

Et tu nous contes

Tout ce que ton esprit a vu,

Plaisirs, dangers, et l’imprévu,

Et les mécomptes.

Et tout cela sans te fâcher,

Sans te plaindre, sans y toucher

Que pour en rire ;

Tu sais rendre grâce au bonheur,

Et tu te railles du malheur

Sans en médire.

Ami, ne t’en va plus si loin.

D’un peu d’aide

...

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