Analyse Hermocrate où les récits qu'on m'a fait de ses funérailles

Analyse de « Hermocrate ou le récit qu’on m’a fait de ses funérailles » de Henri de Reigner

Par Leonardo Bonelli et Viktor Toth

« Hermocrate ou le récit qu’on m’a fait de ses funérailles » est le troisième conte inclus dans « le Trèfle noire », le deuxième volume de La Canne du Jaspe, la collection des contes écrits par Henri de Reigner, auteur et poète symboliste vécu entre le XIXème et XXème siècle.

Introduction sur l’œuvre

Il faut considérer La Canne De Jaspe comme une œuvre unique plutôt qu’une collection des contes. La collocation des volumes et des contes n’est pas aléatoire : « Le Trèfle noir », composé de trois contes, est encadré comment un triptyque de la renaissance par les autres deux volumes, « Monsieur d’Amercœur » et « Contes à soi-même », chacun composé par huit contes.

« Le Trèfle noir » est composé par trois contes : « Hertulie ou le messages », le conte le plus articulé du trois, « Histoire d’Hermagore », et « Hermocrate ou le récit qu’on m’a fait de ses funérailles ». Le nom de chacun des protagonistes des trois contes, qui commencent avec la syllabe « her », dérive par « Hermes », le divinité grecque protecteur des voyageurs. Tous les trois contes ont des personnages qui voyagent : Hermotime, à la recherche de la sagesse amoureuse, Hermagore, pour trouver la terre qu’il avait rêvée et le narrateur de Hermocrate, qui fait un voyage physique et un mentale aussi.

Le conte

Le protagoniste reçoit une lettre annonçant la mort du duc Hermocrate ; il doit ainsi partir pour participer à ses funérailles. Pendant ce voyage le protagoniste (dont nous ne connaissons rien, ni son nom, ni son âge, ni sa relation avec le duc) s'interroge sur la vie et les pensées d’Hermocrate ; il s'immerge enfin dans un environnement aristocratique, miroir de la fausse image du duc aux yeux des étrangers. Le protagoniste trouvera ses réponses dans la lettre que le duc a laissé à son fils, un jeun aristocrate vaniteux ami du protagoniste, découvrant ainsi la vraie nature du duc et le contraste entre son image publique et sa vie intérieure.

Le narrateur

On peut distinguer deux niveaux de narration dans le conte : le premier est domaine du protagoniste, qui raconte les faits à la première personne et qui peut être dit intradiégétique, homodiégétique et autodiégétique (étant partie lui-même des faits qu'il raconte) ; le deuxième parait au moment où Hermocrate prend parole dans la lettre : on a donc deux narrateurs de la même façon, Hermocrate s'insérant dans un deuxième niveau de narration.

Les personnages

On peut identifier quatre personnages principaux : le protagoniste, Hermocrate, Hans et Hudolphe de Haubourg.

Le protagoniste est, paradoxalement, le personnage dont nous savons le moins ; Régnier nous fait comprendre qu'il est par quelque moyen lié au duc et son fils et qu'il connait bien Hudolphe. Il est une personne très réflexive et doué d'un esprit critique qui lui fait interroger et intéresser à la vie d'Hermocrate.

Hans est le fils du duc, un personnage qui sert principalement comme lien entre Hermocrate et le protagoniste ; c'est lui qui donne la lettre au protagoniste.

Hermocrate est le personnage principal du conte, un autre héros aristocratique typique de Régnier, toujours au milieu entre une existence voluptueuse et la tranquillité de l'esprit ; ce qui caractérise sa vieillesse et son retire est la réévaluation des moments les moins héroïques de sa vie, les odeurs, les sons : bien qu'il ait vécu les aventures les plus mémorables, ce sont les petites choses quotidiennes qui lui accompagnent au moment de la mort, critiquant ainsi les désirs matériels.

Hudolphe de Haubourg est une sorte de personnification de l'image publique d'Hermocrate, un homme frivole et voué aux biens matériels ; cela est démontré au moment des funérailles aussi, où Hudolphe s'intéresse aux liens du protagoniste avec Hermocrate et à des problèmes de nature aristocratique.

Les lieux et le temps

La première moitié du conte est en mouvement : le narrateur quelquefois interrompt son flux de pensées sur la vie du duc pour décrire certains environnements traversés par son charriage : un canal ou rivière, un étang, symboliquement triangulaire et avec des obélisques aux angles, et certainement une forêt, une des lieux typiques des contes de Reigner, plein de significations mystérieuses.

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