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"Chant d'ombre" de Senghor

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Par   •  22 Février 2019  •  Commentaire de texte  •  1 957 Mots (8 Pages)  •  1 567 Vues

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SENGHOR, « Femme noire », Chants d’ombre (1945)

Introduction

  • Présentation de l’auteur :

[ Lisez sur internet une biographie de Senghor en repérant notamment son parcours : de sa naissance en pays sérère en 1906 à son départ pour la France en 1928 qui lui permet de poursuivre de brillantes études (on parle souvent de double culture pour Senghor). Cela va lui permettre également de rencontrer Césaire]

Poète sénégalais, Senghor a fondé, avec Aimé Césaire le mouvement littéraire de la négritude, défendant et restaurant la culture africaine dans le monde entier. Il définit lui-même ce mouvement comme étant « la simple reconnaissance du fait d’être Noir, et l’acceptation de ce fait, de notre destin de Noir, de notre histoire et de notre culture ».

Cet engagement poétique l’amena également à s’engager politiquement, en France, puis en Afrique. Ministre de De Gaulle en 1959, il devient, à la faveur de la décolonisation, le 1er président élu du Sénégal en 1960, et ce jusqu’en 1979.

  • Présentation de l’œuvre et du poème :

Chants d’ombre est le 1er recueil poétique de Senghor. Il contient avant tout des souvenirs d’enfance de son pays, accompagnés des difficultés de l’exil (il est venu en France dès 1928 pour ses études) et la nostalgie du pays natal.

« Femme noire » est un extrait de ce recueil. Dans ce poème en verset et en quatre strophes, il reprend le thème traditionnel de la célébration de la femme qui lui permet de faire l’éloge conjoint de son pays.

  • Problématiques : Quelle vision de la femme Senghor déploie-t-il dans son poème ? / Dans quelle mesure la femme est-elle le symbole de la négritude ? / En quoi ce poème est-il un hymne à la négritude ?

[Rq : Pensez bien pour ce poème à parler de verset et non de vers]

Le verset : quand les vers libres comprennent plus de syllabes que l’alexandrin et atteignent la dimension de petits paragraphes, on parle de versets. Les premiers versets de l’histoire de la poésie se trouvent dans la Bible, ce qui implique souvent un thème particulier, fondé sur la célébration de la nature, du monde, etc.

I- La célébration de la femme noire

        1) Eloge de la femme aux différents moments de sa vie

  • Tout d’abord la mère et l’enfant verset 3 : « J’ai grandi à ton ombre ; la douceur de tes mains bandait mes yeux »
  • Puis la jeune fille et l’éveil de l’amour qu’elle provoque chez le poète v.4 et 5 : « … »

- « au cœur de l’été et de Midi » = métaphore temporelle qui signale que le poète s’éveille au sentiment amoureux en pleine jeunesse

- « je te découvre » = indicatif présent (qui rompt avec le passé composé et l’imparfait qui précèdent) souligne l’immédiateté de cette rencontre, immédiateté renforcée par le présentatif « Et voilà ».

- Le verbe « foudroyer » (v.5) associé à la comparaison « comme l’éclair d’un aigle » insiste sur la soudaineté de ce véritable coup de foudre. Le choc du jeune homme découvrant l’amour est renforcé par le jeu des sonorités avec les allitérations en [k] v.4 et 5 « … »

  • L’épouse « aimée » du poète ensuite dans la 2ème strophe :

- la métaphore du « fruit mûr » renvoie à l’âge adulte

- le poète découvre les plaisirs charnels de l’amour : sensualité exprimée à travers les termes « chair, extases, bouche » avec appel au sens du goût. Le sens du toucher est également convoqué à travers le verbe « frémir » et les expressions « caresses ferventes », « sous les doigts du vainqueur ». Cette sensualité est soulignée par les allitérations en [f], [r] et [s]

  • Enfin la femme âgée est évoquée ds la dernière strophe avec l’évocation de la fuite du temps au verset 17 : « ta beauté qui passe » et de la mort à travers une métaphore ds le dernier verset : « … ».

2) Eloge des qualités de la femme

  • Repérer que les 4 strophes débutent par des interpellations qui mettent en valeur le chant de louange qu’adresse le poète à cette femme, qu’il tutoie d’ailleurs « … » = indice d’intimité et de complicité
  • Cette femme apporte calme et réconfort :

- v.3 : intervient le terme « douceur » (pour l’enfant)

- v.12 : métaphore qui assimile la femme à « l’huile », image renforcée par l’utilisation de consonnes que l’on appelle liquides (le son [l] à citer) = idée d’apaisement

- v.15 : la femme est celle qui va rassurer (« s’éclaire mon angoisse »)  repérer le jeu d’antithèse entre « ombre de ta chevelure » et « éclairer », « soleil […] de tes yeux »  femme mystérieuse aux multiples pouvoirs

  • Une femme source de vie

- pour l’enfant au v.3 (allaitement)

- v.18 « … » : elle transcende la mort et s’inscrit ds le cycle de la vie

 Le pouvoir de vie accordée à cette femme encadre le texte = structure cyclique du poème qui souligne cet éternel recommencement

II- De la beauté esthétique à la beauté spirituelle

        1) La beauté physique, charnelle

  • Le terme « beauté » est répété à 3 reprises ds le poème : v.2, 5 et 17 et semble ainsi encadrer l’éloge de la femme noire. Remarquer d’ailleurs l’usage du point d’exclamation au v.2, le seul du poème et qui manifeste un certain enthousiasme
  • Cette beauté est célébrée sous 2 aspects = la couleur et la forme, comme le résume le v.2 : « Vêtue de ta couleur qui est vie, de ta forme qui est beauté »
  • Jeu sur les couleurs avec éloge du noir :

- la couleur noire parcourt tout le poème, du titre aux refrains qui débutent chaque strophe (la couleur étant reprise par l’adjectif « obscure ») + expression « vin noir » v.7

- au v.2, par métaphore le noir est associé à la vie en opposition avec le symbolisme occidental qui associe le noir à la mort + jeu sur l’antithèse entre « femme nue » (v.1) et « vêtue de ta couleur » (v.2) qui met d’autant plus en valeur la couleur

- la beauté du noir ressort par jeu de contraste et de lumière à travers différentes expressions : « les perles sont étoiles sur la nuit de ta peau » (v.13) ; « les reflets de l’or rouge sur ta peau qui se moire » (v.14) ; v.15 « … »  la couleur est magnifiée

  • La couleur noire est également reprise par les termes « ombre ; sombre ; obscure » tout au long du texte, ce qui contribue aussi à créer un certain mystère.
  • Eloge de la forme sculpturale de la femme notamment au v.9 avec l’assimilation au « tam-tam », instrument qui apporte une idée de fermeté, déjà indiquée par « chair ferme » (v.7)

 Cette beauté terrestre semble guider l’homme vers l’amour du Beau (avec une majuscule), c’est-à-dire vers le domaine spirituel

        2) Des évocations sensuelles à l’élévation spirituelle et cosmique

  • Le coup de foudre est évoqué par une image biblique au v.4 : « je te découvre Terre promise, du haut d’un haut col calciné » = allusion à Moïse guidant le peuple juif et découvrant les richesses de la Terre promise (noter l’emploi de la majuscule qui renvoie au nom propre et donc bien à la référence sacrée)

 Ici le poète découvre les plaines verdoyantes de l’amour, en quelque sorte

  • L’ivresse amoureuse v.7 est désignée par « extases » = terme ambigu car il peut revêtir une connotation religieuse en plus de sensuelle.
  • La « savane », métaphore de la peau de la femme, se trouve caractérisée par « ses horizons purs » (v.8)  là encore l’adj. peut renvoyer au domaine du sacré.
  • La voix de la femme devient « chant spirituel de l’Aimée » (v.10) = allusion au chant religieux / la majuscule confère une dimension plus forte et symbolique
  • Dimension cosmique qui va ds le sens de l’élévation spirituelle :

- v.13 « gazelle aux attaches célestes » ; « les perles sont étoiles »

- v.14 « délices des jeux de l’esprit » = plaisir sensuel (« délices ») allié au domaine spirituel (« l’esprit »)

- v.15 le regard devient planète « aux soleils prochains de tes yeux »

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