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Claude Gueux

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nt des êtres mais les condamnant plus tard. C’est un écrivain engagé dans son siècle. Voici ce qu’il écrit en exergue des Misérables :

« Tant qu’il existera, par le fait des lois et des mœurs, une damnation sociale créant artificiellement, en pleine civilisation, des enfers, et compliquant d’une fatalité humaine la destinée qui est divine ; tant que les trois problèmes du siècle, la dégradation de l’homme par le prolétariat, la déchéance de la femme par la faim, l’atrophie de l’enfant par la nuit, ne seront pas résolus ; tant que, dans certaines régions, l’asphyxie sociale sera possible ; en d’autres termes, et à un point de vue plus étendu encore, tant qu’il y aura sur la terre ignorance et misère, des livres de la nature de celui-ci pourront ne pas être inutiles. »

Dans Claude Gueux, le récit suivra une voie de démonstration afin que le lecteur puisse adhérer à cette vision des choses. Dans notre texte, le narrateur n’est autre que Victor Hugo, témoin et nous prenant à partie. C’est en quelque sorte une parabole pour illustrer ce que Hugo dénonce : la société n’est pas soucieuse des hommes.

Résumé de Claude Gueux :

Claude Gueux, un pauvre homme, vivait avec sa maîtresse et leur fille. Pour avoir volé du pain, afin de nourrir sa famille, il est condamné à cinq années de prison. A Clairvaux, Claude trouve un ami sincère, un véritable compagnon avec lequel il partage ses rations. Il s’agit du jeune Albin : « Une étroite amitié se noua entre ces deux hommes, amitié de père à fils plutôt que de frère à frère. Albin était encore presque un enfant ; Claude était déjà presque un vieillard. »

Mais le directeur des ateliers de la prison centrale de Clairvaux, M.D, par jalousie, sépare les deux hommes. Claude, désespéré mais ne le montrant pas, prie régulièrement M.D de lui rendre Albin. Face à la méchanceté gratuite de M.D qui ne veut pas « rendre Albin » à Claude, celui-ci décide de se venger en le tuant. Il lui donne un ultimatum que le directeur ignorera totalement. Alors, le 4 novembre au matin, il va présenter aux codétenus son projet de vengeance : « «C’est pour tuer ce soir le directeur des ateliers. »

Le soir venu, et après avoir laissé une dernière chance à M.D, sur les conseils de ses camarades, Claude Gueux tue le directeur de trois coups de hache, puis tente de se suicider en se plantant une paire de ciseaux dans la poitrine. Mais il ne réussit qu’à se blesser. Il sera condamné à mort et guillotiné à Troyes. « Il monta sur l’échafaud gravement, l’œil toujours fixé sur le gibet du Christ. Il voulut embrasser le prêtre, puis le bourreau, remerciant l’un, pardonnant à l’autre. Le bourreau le repoussa doucement, dit une relation. Au moment où l’aide le liait sur la hideuse mécanique, il fit signe au prêtre de prendre la pièce de cinq francs qu’il avait dans sa main droite et lui dit :

- Pour les pauvres.

Comme huit heures sonnaient en ce moment, le bruit du beffroi de l’horloge couvrit sa voix. ((((( Le huitième coup n’était pas encore sonné que cette noble et intelligente tête était tombée. »

La caractérisation des personnages

Le narrateur caractérise les personnages de façon directe la plupart de fois et particulièrement pour Claude Gueux ;

1. Claude Gueux : Tout du long du récit, V. Hugo tisse un portrait mélioratif du personnage éponyme, aussi bien physique que moral : « l’ouvrier était capable, habile, intelligent, fort maltraité par l’éducation, fort bien traité par la nature, ne sachant pas lire et sachant penser. Il avait le front haut, déjà ridé quoique jeune encore, quelques cheveux gris perdus dans les touffes noires, l’œil doux et fort puissamment enfoncé sous une arcade sourcilière bien modelée, les narines ouvertes, le menton avancé, la lèvre dédaigneuse. C’était une belle tête. » Le portrait physique de Claude Gueux semble en accord avec la dignité et la gravité du personnage. Cela fait en quelque sorte penser aux idées de Lavater( 1741-1801) et de la physiognomonie qui est une science ayant pour objet la connaissance du caractère d’une personne d’après sa physionomie. Tout au long du récit, on sent que le personnage a du charisme, qu’il a de l’ascendant sur les autres détenus alors que M.D ne paraît en comparaison qu’un bien triste histrion, qui hurle pour se faire respecter. A la fin du récit, lors de son procès, Claude Gueux nous frappe également par ses qualités oratoires et la force de ses images. Enfin, il restera digne jusqu’au bout, même devant la guillotine.

2. Le directeur des ateliers : M.D ; d’après les expressions qui caractérisent son portrait, nous avons à faire avec un tableau dévalorisant de M.D : « un homme bref, tyrannique, obéissant à ses idées, toujours à courte bride sur son autorité ; d’ailleurs dans l’occasion, bon compagnon, bon prince, jovial même et raillant avec grâce ; dur plutôt que ferme ((((( bon père, bon mari sans doute, ce qui est devoir et non vertu ; en un mot, pas méchant, mauvais… » Le portrait est long et il se termine par une métaphore intéressante : « Voilà donc ce qu’était le directeur des ateliers de la prison centrale de Clairvaux. Voilà de quoi était fait le briquet avec lequel la société frappait chaque jour sur les prisonniers pour en tirer des étincelles. » Et la métaphore du briquet et de l’étincelle est même filée puisque l’on trouve à la suite : « L’étincelle que de pareils briquets arrachent à de pareils cailloux allume souvent des incendies. ». Ici, on comprend que par M.D, il y aura un « incendie » qui va se produire. Pour ce qui est de la vision d’ensemble du portrait, on se rend compte, qu’au contraire de Claude Gueux, le narrateur caractérise M. D de façon indirecte, c’est-à-dire par son comportement. Le portrait est dur et très sévère, c’est un homme sans conscience, sans amour des hommes, égoïste et cruel. Il se conduit avec Claude Gueux de façon inique et inhumaine en ne lui rendant pas son ami Albin et en lui donnant pour seule explication un « parce que » insupportable : « Claude prit doucement le pan de l’habit du directeur.

- Mais au moins que je sache pourquoi je suis condamné à mort. Dites-moi pourquoi vous l’avez séparé de moi.

- Je te l’ai déjà dit, répondit le directeur, parce que. »

3. Albin : le personnage d’Albin peut se résumer par son nom, aussi bien physiquement que moralement. En effet, Albin vient du latin albus, qui signifie « blanc ». Et l’on peut voir que la qualité morale associée au blanc est la pureté ; Albin est un être pur, bon, généreux : « un jeune homme, pâle, blanc, faible, vint se placer près de lui. ((((( Albin avait vingt ans, on lui en eût donné dix-sept, tant il y avait encore d’innocence dans le regard de ce voleur… ».

Axes de lecture

La critique de la justice :

Dans ce récit, V. Hugo se présente comme un écrivain engagé dans son temps. Le narrateur a un point de vue éloquent. Il s’agit d’un parti pris contre la justice, surtout lors du procès de Claude Gueux. En fait, les représentants de la loi sont montrés comme ayant peur : « le procureur du roi avait encombré la salle de toutes les baïonnettes de l’arrondissement. » est-il écrit lors de la description du jour du procès. Le président menace en vain les témoins et compagnons de Claude qui refusent de témoigner. Seul l’accusé réussit à les convaincre. D’autre part, la vision qui est donnée de la justice, par le biais de réquisitoire du procureur rassemble en fait une suite de clichés. Le narrateur le montre par sa désinvolture (en utilisant le terme « etc. » : « Messieurs les jurés, la société serait ébranlée jusque dans ses fondements, si la vindicte publique n’atteignait pas les grands coupables comme celui qui, etc. ») et son

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