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Commentaire Literaire Sc 7 L'Atelier De Grumberg

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er la joute verbale entre Hélène et Léon qui s'affrontent devant le presseur et Simone, à cause de l'acte de décès.

En effet, il y a dialogue assez violent entre Léon et sa femme comme nous le montre la didascalie « criant » (l-61). D'abord révoltée à cause de ce papier, Hélène use beaucoup de la ponctuation expressive dans ses propos : « Mort à Drancy ! Mort à Drancy ! » (l-61) ; ensuite « Lis jusqu'au bout ! » (l-53) ; enfin les points de suspension dans la réplique « Pourquoi ?... » (l-78) vont trahir les sentiments d'Hélène qui est désespérée et alarmée. Elle insulte grâce à l'oxymore « Pauvre idiot » (l-64) son mari qui n'a pas l'air de la comprendre.

Néanmoins, cette extrait montre une sorte de pseudo-dialogue où les personnages ne se comprennent pas bien. Le passage est jonché de questions oratoires comme l'expression de Léon : « Tu crois que c'est la première fois que je vois un acte de décès ? » (l-57-58). Ici Léon utilise un ton assez ironique et méprisant pour montrer une sorte de supériorité et pour dire qu'il a certainement plus de « vécu » que sa femme. La didascalie : « il ricane et hoche la tête » (l-59) traduit encore une fois le ton de celui-ci. On sait cependant que les personnages viennent d'univers assez antithétiques : Hélène s'est réfugiée en zone libre alors que son mari, lui s'est caché et terré, sous l'occupation. Ensuite, on remarque à la ligne 70, un système hypothétique : « s'ils sont simplement morts à Drancy, ou à Compiègne, ou à Pithivier, qui se souviendra d'eux ? ». Hélène émet une hypothèse, mais ne parle pas de ce qui est, de la réalité, mais de ce qui pourrait être. Cependant, les personnages utilisent un langage familier comme le suggère les expressions : « Pauvre idiot » (l-64), ou « Ya rien qui te choque ? » (l-56). Nous remarquons aussi qu'il y a une parataxe : « c'est un atelier ici, on est là pour travailler » (l-100) qui montre que c'est une scène oralisée par manque de liens logiques.

Cet extrait relate cependant la colère d'Hélène face à l'oubli et à l'inexplicable. Elle est hantée par l'idée que ce passage dans l'histoire de l'humanité puisse tomber dans l'oubli.

Tout d'abord, Hélène élève un malaise moral, en effet, elle reproche à l'Etat de mentir à ses sujets : il y a une ellipse (l-67) qui insiste sur l'aspect « officiel » de la situation, « -tribunal de la Seine... Greffier... Juge... enregistré le... certifié le... ». L'anaphore de « pourquoi » (l-76) suppose qu'elle est tourmentée et affectée par les paroles de l'Etat. Ensuite l'adverbe « simplement » est particulièrement mis en valeur par un rythme décroissant (l-70). Nous relevons encore un aspect anaphorique : « Alors personne n'est parti là-bas, personne n'est jamais monté dans leurs wagons, personne, n'a été brûlé » (l-68). Cette anaphore traduit la colère de la femme de Léon qui insiste sur le « mensonge » de l'Etat sur la Shoah et ne reconnaît rien.

De plus, elle est prise de colère lorsqu'elle ne voit pas mentionnés les camps d'exterminations dans l'acte de décès du mari de Simone. C'est donc une colère profonde et personnelle. La conjonction de coordination « mais » (l-64) insiste et renforce l'idée que la parole de l'Etat est mensongère. Hélène a donc peur du négationnisme et du silence. Grumberg rend compte de cette impression grâce à la didascalie « criant » et grâce aux négations : « personne n'est jamais monté dans leurs wagons, personne n'a été brûlé ». On peut dire que dans ses répliques, il y a une abondance de ponctuation expressive. Hélène utilise donc le registre polémique dans ce passage.

Pour terminer nous montrerons qu'il y a deux visions totalement différentes sur le devoir de mémoire et de la commémoration. Ce texte est donc à visée argumentative.

Hélène apporte énormément d'importance sur le fait qu'il ne faut pas oublier cet épisode de l'histoire. Elle y fait référence (à son propre devoir) grâce au futur simple employé dans les répliques : « Et ses enfants, comment ils sauront ? » (l-89), « Qui se souviendra d'eux ? » (l-72). Elle veut absolument que les « enfants » des victimes soient au courant de ce qui s'est réellement passé. Hélène use d'un vocabulaire très cru sur les déportés : « wagons », « brûlés », « jeté vif dans les flammes ». Ce vocabulaire a pour résultat de montrer la vrai violence des camps. Rythmes et sonorités s'allient pour marquer cet éclat artificiel, et pour montrer une scène dynamique et vivace. Ensuite, nous remarquons un chiasme que prononce Hélène : « Bien sûr avec toi moins on sait mieux on se porte » (l-94) qui souligne son agacement envers son mari, Léon. Elle utilise un rythme ternaire de « n' » (l-68-70) qui évoque un semblant d'ordre dans le désordre général.

Or, Léon apporte une vision autre que celle de sa femme. Il veut tout oublier, ne pas revenir en arrière et passer à la suite. Il se tourne donc vers le futur. Nous pouvons constater qu'il y a le champ lexical du silence comme dans les didascalies : « à voix basse » (l-73) et « après un silence, entre ses dents » (l-98) qui renforce l'idée que Léon veut se taire face à la vérité. L'article indéfini « un » qui est répété plusieurs fois, « Un papier, c'est un papier » (l-79) ajoute une impression d'imprécision dans les propos de Léon. Il emploi cependant l'impératif, pour faire taire Hélène, « Ne hurle pas comme ça » (l-100), il veut évacuer un passé douloureux en éprouvant un sentiment paradoxal de la culpabilité. Léon utilise une allitération du son « -iers » dans un rythme ternaire : « des dossiers, des fichiers, des papiers » (l-85) et contribue encore une fois à

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