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Commentaire Médée

Commentaire de texte : Commentaire Médée. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoires

Par   •  1 Février 2023  •  Commentaire de texte  •  1 518 Mots (7 Pages)  •  228 Vues

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Le commentaire : entraînement - corrigé

[introduction] Médée est la première tragédie de Corneille, dramaturge de l'époque classique. Jouée

pour la première fois en 1635, elle retrace la fin tragique de l'histoire d'amour entre Médée et Jason.

Médée, répudiée par Jason, ivre de colère et de jalousie, empoisonne sa nouvelle femme Créuse et

tue ses propres enfants. L'extrait étudié est la scène 5 de l'acte V, scène de dénouement de la pièce.

Médée apparaît au balcon, éprise de vengeance, et laisse éclater sa victoire devant un Jason

impuissant. Nous allons nous demander comment ce dénouement tragique permet à Corneille de

faire de Médée l'incarnation de la vengeance. Pour cela, nous verrons dans un premier temps que ce

dénouement est celui d'une tragédie. Nous étudierons ensuite la violence qui caractérise

l'affrontement entre les deux amants, avant d'étudier la façon dont est représentée la vengeance dans

cette scène.

[première partie] L'extrait étudié est un dénouement de tragédie particulièrement spectaculaire.

[première sous-partie] Tout d'abord, le dénouement est tragique dans la mesure où la mort est

présente sur scène pour achever la pièce. Médée a mis ses projets d'infanticide à l’œuvre. Elle

annonce à Jason, dès sa première tirade : "Ce poignard que tu vois vient de chasser leurs âmes, / Et

noyer dans leur sang les restes de nos flammes." Elle avoue donc avoir égorgé ses enfants. Le

champ lexical du meurtre est présent pour souligner le registre tragique : "poignard", "chasser leurs

âmes", "sang", "tombeau". Le dénouement vient clore la pièce en restant conforme à l'action et au

caractère des personnages. Il s'agit de plus de la fin de l'histoire d'amour entre Médée et Jason,

comme le souligne la périphrase "ces gages de nos feux". Ce qui restait de leur amour, ici

métaphorisé par le feu, a disparu. La vengeance est consommée dans la mesure où le but de Médée

semble être de ne plus voir Jason dans ses enfants : ils "ne feront plus pour moi / De reproches

secrets à ton manque de foi". Ils ne pourront plus rappeler à Médée, par leur ressemblance physique,

la trahison de Jason. Le sort de chaque personnage est fixé puisque les enfants sont morts, Médée

s'en va célébrer sa victoire, laissant Jason seul sur scène avec son désespoir. La scène permet enfin

la catharsis, conformément au but d'une tragédie : ici, le public ressent de la crainte vis-à-vis du

personnage de Médée, ainsi que de la pitié, tant pour la mort des enfants que pour Jason.

[deuxième sous-partie] Le dénouement est aussi particulièrement spectaculaire. On peut remarquer

cet aspect dès la première réplique de Médée. En effet, elle emploie à plusieurs reprises des termes

du champ lexical de la vue : "lève les yeux", "reconnais ce bras", "tu vois". Il s'agit d'exhiber la

vérité aux yeux de Jason, de lui montrer ce qu'elle a fait. Ainsi, on peut qualifier Médée de véritable

monstre (étymologiquement, le nom "monstre" vient du verbe latin monstrare qui signifie

"montrer"). Médée se dévoile et dévoile son crime. Corneille fait ici le choix d'une mise en scène

spectaculaire, comme le précise la didascalie qui précède la dernière réplique de l'héroïne : "en l'air

dans un char tiré par deux dragons". Il s'agit d'une mise en scène impressionnante, qui correspond à

la mode du théâtre à machines au XVIIe siècle. Ce type de théâtre était joué avec de nombreux

changements de décors, de costumes et nécessitait une importante machinerie. Le dénouement

choisi par Corneille s'appuie sur ces techniques pour mettre en valeur la victoire finale de Médée.

Ce dénouement particulièrement impressionnant permet à Corneille de clore sa pièce. Mais l'aspect

tragique de cet extrait est renforcé par la violence des propos qui sont échangés entre les deux

protagonistes.

[deuxième partie] Nous allons maintenant voir comment l'ultime confrontation des amants laisse

éclater une violence hors norme.

[première sous-partie] Dans un premier temps, les deux personnages laissent éclater leur haine. Les

deux anciens amants emploient, pour se désigner l'un l'autre, des apostrophes violentes. Médée

qualifie Jason de "perfide", de "parjure" et de "lâche", mot mis en valeur par sa position en tête de

vers, de phrase et de tirade. Jason, quant à lui, lance une réplique cinglante, sous forme de phrase

averbale, simplement construite sur deux jurons, juxtaposés, dans lesquels explose sa rage :

"Horreur de la nature, exécrable tigresse !". Le premier groupe de mots rapproche Médée du

monstre, de l'être surnaturel et infâme. Le second procède par métaphore : la tigresse est choisie

pour qualifier la cruauté de Médée. L'adjectif insiste sur le mépris et le dégoût ressentis par Jason. Il

se débat, comme tout héros tragique. On peut repérer au fil de ses tirades une tentative de révolte,

une montée de la tension. Après avoir insulté Médée, il s'indigne et reprend courage dans sa

deuxième réplique : l'exclamation "quoi !", le choix du verbe "oser", l'utilisation de la modalité

interrogative, montrent qu'il se dresse contre le pouvoir écrasant de Médée, dans un dernier sursaut

de courage. Il reprend la métonymie de la première tirade de Médée, "le bras", sur un ton frondeur :

"ta brutalité pense encore échapper à mon bras irrité". Il désire se venger en évoquant une "peine"

pour son ancienne compagne. Il reprend cette idée dans sa dernière réplique grâce aux termes :

"supplice", "punisse", "répondra" au sens de "rendre justice". Jason est animé par cet esprit de

vengeance et se montre digne d'un héros épique, comme l'attestent ces expressions : "ah ! c'en est

trop souffrir", "prompt supplice", "sus, sus, brisons les portes, enfonçons la maison". Cette

exaltation sera cependant de courte durée puisque Médée s'envole dans son char, le laissant seul,

sans possibilité de vengeance.

[deuxième sous-partie] Médée montre, en effet, sa supériorité tout au long de l'extrait. Elle est

supérieure scéniquement, car elle est placée "en haut", comme l'indique la didascalie du début de la

...

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