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Commentaire de l'excipit de l'Assommoir - Zola

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Par   •  10 Octobre 2018  •  Commentaire de texte  •  2 641 Mots (11 Pages)  •  6 187 Vues

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Commentaire – L’Assommoir, Emile Zola : Excipit

Introduction

Le XIXème siècle est marqué par la Révolution industrielle et les changements importants qu’elle engendre dans la société. Cette période voit le renforcement d’une classe bourgeoise et l’émergence de nouvelles fortunes importantes mais également l’avènement d’une classe ouvrière vivant dans la misère et marquée par les conditions de travail difficiles et l’alcoolisme. C’est dans ce contexte que s’inscrit l’œuvre de Zola, membre fondamental du mouvement naturaliste en littérature. A travers son œuvre gigantesque, Les Rougon-Macquart, il cherche à dépeindre de manière réaliste, voire presque scientifique, la réalité de la société de son temps à la fois sous son meilleur jour mais également dans tout ce qu’elle sous-entend de laid. Outre la visée naturaliste de Zola, son œuvre est également influencée par les travaux darwinistes qui gagnent en popularité à son époque et, notamment, par la théorie de la sélection naturelle qui veut que, dans les sociétés modernes, les « moins aptes » disparaissent au profit des « dominants ».

C’est dans ce contexte qu’est publié, en 1872, l’Assommoir. Septième roman de la série des Rougon-Macquart, cette œuvre naturaliste a pour héroïne une blanchisseuse : Gervaise Macquart. Ce roman retrace sa vie et raconte sa déchéance progressive de ce personnage à la fois du point de vue social, physique et mental. L’extrait que nous allons étudier ici se situe au chapitre XIII du roman. Il s’agit de l’excipit de l’Assommoir qui décrit dans les moindres détails la fin de vie miséreuse de Gervaise.

On peut ici se demander dans quelle mesure la déchéance de Gervaise est utilisée par Zola pour dénoncer la misère dans laquelle vit le peuple au XIXème siècle.

Pour répondre à cette question, nous nous intéresserons tout d’abord à la fin tragique et inéluctable de Gervaise. Nous verrons dans un second temps comment cet extrait, au-delà d’un simple texte naturaliste, à une véritable portée dénonciatrice.

  1. Une mort tragique mais inéluctable

Ce qui frappe dans cet extrait est, tout d’abord, la dimension tragique et inéluctable de la mort de Gervaise. En effet, à travers un tableau froid et qui se veut réaliste, Zola cherche à souligner la destinée tragique de Gervaise qui, jusqu’à la fin, vivra dans la souffrance.

  1. Un tableau réaliste et froid de la déchéance de Gervaise

Fidèle à la tradition naturaliste, le tableau peint par Zola de la déchéance de Gervaise se veut réaliste et objectif. Il décrit, dans cet extrait, les moindres détails de la fin de la vie de Gervaise. Pour se faire, il fait appel à plusieurs techniques, déjà utilisée tout au long de son œuvre.

On note tout d’abord une gradation dans la déchéance. Ainsi, les verbes utilisés dans cet extrait montrent le parcours progressif de Gervaise vers la misère et le dénuement le plus total : « elle dégringolait plus bas, acceptait les dernières avanies, mourait un peu de faim tous les jours » (ligne 1-2). En outre, cette impression de déchéance totale est renforcée par la description de conditions de vie dégradantes. Ayant tout perdu, Gervaise « mangeait quelque chose de dégoutant » (ligne 4-5) et elle avait « les os glacés » (ligne 9). Le champ lexical de la pauvreté est également présent tout au long du texte : « le ventre vide » (ligne 9), « elle s’en allait de misère » (ligne 14). D’autre part, cette impression d’une femme miséreuse est renforcée par l’utilisation de la négation qui montre aux lecteurs que Gervaise n’est plus définie que par ce qu’elle n’a pas : « elle ne mangerait pas » (ligne 4), « la terre ne voulait pas d’elle » (ligne 9-10), etc. Enfin, l’utilisation d’un langage familier voire cru (« elle creva » ligne 15) renforce la violence de la description de la fin de vie de Gervaise ainsi que l’impression d’assister à une scène réaliste qui aurait été racontée par un témoin de la scène.

Tous ces éléments combinés nous montrent la déchéance d’une femme qui finit sa vie dans le dénuement le plus total. Toutefois, au-delà d’une description réaliste de la misère d’une ouvrière, cet extrait est également la conclusion d’une destinée annoncée comme tragique dès le départ.

  1. Une destinée tragique

La fin de Gervaise semble n’être que la conclusion logique d’une vie semée d’embûches. La destinée de Gervaise, qui est de mourir dans le dénuement et l’indifférence générale, apparait, dans cet extrait, comme inéluctable.

Cela est souligné, tout d’abord, par le rythme très lent du texte ainsi que par l’usage de marqueur temporels donnant l’impression aux lecteurs que la déchéance de Gervaise s’étale sur une période longue : « dura ainsi pendant des mois » (ligne 1), « petit à petit » (ligne 12), « mourrait un peu tous les jours » (ligne 2). En outre, alors que la déchéance globale de Gervaise apparait comme lente, progressive et prévisible – puisqu’elle est décrite sur tout un paragraphe – la dimension tragique de la vie de Gervaise est renforcée par sa chute sociale qui, à l’inverse, semble rapide. En effet, cette chute sociale est symbolisée, en l’espace de quelques phrases, par le mouvement vertical descendant qui la fait quitter sa « chambre du sixième » (ligne 6) pour un « trou sous l’escalier » (ligne 7).  

Cet extrait nous donne ainsi l’impression que Gervaise est physiquement et symboliquement dans une impasse : coincée dans « son trou », sa vie lui échappant « petit à petit, morceau par morceau » (ligne 12), Gervaise semble conditionnée par son milieu et sa situation et destinée à mourir seule et dans la misère. Pire encore, si sa déchéance est décrite précisément, sa mort ne semble être qu’un détail dans cet extrait.

  1. La mort de Gervaise : visible mais passée sous silence

L’extrait ici étudié est, en effet, paradoxal du point de vue de la mort de Gervaise. En effet, le thème de la mort est présent tout au long du texte : Gervaise « mourrait un peu de faim tous les jours » (ligne 2), « elle ne songeait seulement pas à se jeter du sixième sur le pavé de la cour pour en finir » (lignes 10-11). La mort est également personnifiée et devient une allégorie : « la mort devait la prendre petit à petit » (lignes 11-12). Toutefois, malgré la disparition progressive du personnage de Gervaise, sa mort est, quant à elle, passée sous silence : on sait que Gervaise « creva » (ligne 15) mais on ne sait pas de quoi. Le lecteur n’a pas l’opportunité de comprendre de quoi Gervaise est morte et doit se contenter de savoir qu’elle a été découverte « déjà verte » (ligne 17). L’absence de description de la mort de Gervaise s’explique, tout d’abord, par la dimension naturaliste de l’Assommoir. En effet, dans cette œuvre, Zola cherche à retranscrire la vie de son héroïne de manière réaliste comme si il assistait à la scène. L’auteur n’étant pas omniscient, et Gervaise ayant fini sa vie seule, le lecteur ne peut donc pas savoir de quoi, quand et comment elle est morte. Toutefois, au-delà de la dimension naturaliste de cet extrait, l’absence de mort de Gervaise renforce la dimension violente de sa fin de vie. En effet, la description de la misère dans laquelle elle a fini sa vie montre sa déchéance sociale alors que l’absence de description de sa mort efface son existence même.

Dans cette première partie, nous avons vu que l’excipit de l’Assommoir peint un tableau réaliste et tragique de la fin de vie de Gervaise. Le lecteur assiste à sa déchéance prédestinée sans pouvoir, pourtant, faire le deuil de ce personnage grâce à la description de sa mort. Toutefois, au-delà d’une simple description de la violence à laquelle est soumise Gervaise avant de mourir, on peut voir dans cet extrait une véritable critique de la société du XIXème siècle et, plus particulièrement, de la situation dans laquelle vivaient les ouvriers de cette époque.

  1. Un texte dénonciateur

La fin de vie de Gervaise et sa mort est une manière, pour Zola, de dresser un portrait assassin de la société du XIXème siècle. A travers cet excipit, c’est à une critique de l’alcoolisme, de la misère du peuple et de l’indifférence de la société à laquelle le lecteur assiste.

  1. Une critique des ravages de l’alcool

La première critique adressée par Zola dans cet excipit est celle des ravages de l’alcool. En effet, si le thème de l’alcoolisme n’est pas aussi présent dans cet extrait que dans d’autres passages de son œuvre, il est tout de même fait mention de l’addiction à l’alcool de Gervaise. Ainsi, et bien que Gervaise soit dans une misère totale, on voit que son vice passe avant le reste et que « dès qu’elle possédait quatre sous, elle buvait et battait les murs » (lignes 2-3). En outre, les conséquences graves de l’alcoolisme apparaissent ici comme dénoncés de manière implicite. En effet, cet excipit est l’occasion pour le lecteur de comprendre les conséquences graves de l’alcoolisme et, plus particulièrement, de la déchéance physique et mentale à laquelle il peut aboutir. Ainsi, à cause de son alcoolisme, Gervaise semble perdre la raison (« elle devenait idiote » ligne 10) et Zola semble expliquer sa mort annoncée par les excès de sa vie (« mais la vérité était qu’elle s’en allait […] des ordures et des fatigues de sa vie gâtée » (lignes 14-15). En outre, on voit que l’alcool fait perdre toute sa dignité à Gervaise puisqu’elle accepte toutes les humiliations pour pouvoir satisfaire son vice et survivre (« on avait parié qu’elle ne mangerait pas quelque chose de dégoutant ; et elle l’avait mangé, pour gagner dix sous » lignes 4-5).

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