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Constructivisme

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souhaitable entre eux.

Enfin, les constructivistes critiques se distinguent des partisans de la Théorie Critique par le fait qu’ils ne se réfèrent ni à Gramsci ni à l’Ecole de Francfort, et rarement au marxisme, et ne partagent pas leur objectif central d’émancipation. A la différence de ces derniers, ils sont souvent moins réticents à se référer à certains concepts postmodernes, et à des penseurs comme Michel Foucault et Jacques Derrida, mais acceptent explicitement ou implicitement une forme de fondationnalisme. Ils font ainsi preuve d’une ouverture au dialogue avec ces derniers qui semble impensable pour les partisans du constructivisme dominant. Ils sont donc beaucoup mieux placés que les tenants du constructivisme dominant pour occuper non pas une « voie moyenne » illusoire mais la meilleure place pour maintenir le débat entre postpositivistes et positivistes.

Etudes de sécurité du constructivisme critique:

Si les constructivistes critiques prennent délibérément leurs distances avec les idées avancées par Katzenstein, en ignorant généralement celles d’Adler et Barnett, ils s’engagent directement dans un débat beaucoup plus élaboré avec les travaux issus de ce que l’on appelle l’Ecole de Copenhague. Critiques et sympathisants reconnaissent tous la contribution de l’Ecole de Copenhague. Ainsi, Steve Smith présente ses travaux comme « l’un des développements les plus intéressants dans l’étude contemporaine de la sécurité » et Bill McSweeney, malgré ses critiques, affirme que l’analyse méthodique des chercheurs de ce courant « a contribué de manière importante à notre compréhension du caractère relationnel [de la sécurité] et des insuffisances de sa définition étroite ».

En cherchant à renouveler la pensée de la sécurité, l’Ecole de Copenhague a introduit en particulier trois idées qui ont attiré l’attention des constructivistes critiques : celle d’une conception élargie de la sécurité, celle de la sécurité sociétale et celle de la sécurisation. Evidemment ces trois notions sont intimement liées, mais nous les séparerons ici pour les besoins de l’analyse.

Au cœur de la conception élargie de la sécurité de l’Ecole de Copenhague, on trouve quatre idées centrales. Premièrement, la sécurité doit être étudiée à la fois comme une pratique et un processus. Deuxièmement, la sécurité a des règles qui lui sont propres, et on ne doit donc pas confondre questions de sécurité et problèmes politiques. Troisièmement, les objets référents de la sécurité sont toujours des collectivités, et en premier lieu l’Etat. Enfin, quatrièmement, on peut appliquer la logique de la pratique de la sécurité à des domaines non strictement militaires.

Les constructivistes critiques font preuve d’insatisfaction à l’égard de leurs idées sur plusieurs pointsEn premier lieu, ils attaquent Wæver, Buzan et al. pour leur stato-centrisme, qui n’est que peu atténué par l’idée d’une division entre sécurité nationale et sécurité sociétale.

Quant à McSweeney, qui tend à être une exception parmi les constructivistes critiques sur ce point, il opte pour une vision de la sécurité qui prend l’individu comme ultime objet referent. Cela dit, il les rejoint en prônant une conception ouverte de la sécurité, qui rejette l’idée des cinq secteurs proposée par l’Ecole de Copenhague. Pour McSweeney, il faudrait une définition large de la sécurité qui tienne compte des besoins humains, qui comprenne les dimensions négatives et positives de la sécurité et qui mette l’accent sur la relation entre communautés, collectivités, Etats et individus comme source de sécurité ou d’insécurite.

Malgré sa tentative de distinguer cinq secteurs qui peuvent faire l’objet de mesures de sécurité, l’Ecole de Copenhague, et surtout Wæver, opte finalement pour une ontologie binaire, entre sécurité étatique ou nationale, qui touche la souveraineté, et la sécurité sociétale, qui concerne avant tout la question de l’identite. La notion de sécurité sociétale est sans aucun doute celle qui a soulevé les critiques les plus acerbes contre les travaux de l’Ecole de Copenhague. Elle mérite d’être examinée de plus près et cela d’autant plus qu’elle a évolué depuis sa première formulation chez Buzan, qui voyait les menaces à la société surtout du point de vue de la sécurité de l’Etat. Les menaces principales provenaient des migrations et des identités en concurrence à l’intérieur ou à l’extérieur d’une sociéte.

Tout en accueillant favorablement l’ idée d’étendre la conception de la sécurité à la société, les constructivistes critiques manifestent un malaise évident vis-à-vis du concept de sécurité sociétale, tel qu’il est défini par Wæver, malgré l’évolution de sa pensée à ce sujet.

Les reproches les plus sévères à l’égard de ce concept viennent de McSweeney, qui rejette la conception de la société de l’Ecole de Copenhague comme « objectiviste et durkheimienne (...), qui a pour résultat une conception quasi-positiviste de l’identité », où on présente la société comme ayant une identité unique et qui n’indique aucun critère qui permettrait d’arbitrer entre les prétentions d’identités concurrentes. Michael Williams vient à la rescousse de l’Ecole de Copenhague en affirmant que ceux qui accusent celle-ci de prétendre que la société a une seule identité passent à côté de la « radicalité » de sa « compréhension de la sécurité », car elle est très consciente du fait que le processus de sécurisation mène à la déclaration d’une « forme monolithique et réifiée de l’identité »125. La lecture du concept de sécurité sociétale de l’Ecole de Copenhague proposée par Williams n’est manifestement pas partagée par les partisans du constructivisme critique.

Bigo se méfie aussi du concept de sécurité sociétale et l’utilisation que l’on risque d’en faire. Il note, en premier lieu, qu’aux Etats-Unis en particulier, la notion de sécurité sociétale est devenue synonyme de sécurité intérieure et de menaces non militaires126. Et de façon générale, il existe un vrai danger que l’on justifie « le principe d’une stratégisation de la sécurité intérieure, en donnant aux militaires l’argumentaire qui leur manquait », danger d’autant plus réel que les divers professionnels de la sécurité ne font pas de distinction entre sécurité interne et externe127. Mais Bigo garde ses critiques les plus sévères pour la décision de Wæver et ses collègues de désigner l’identité comme l’objet référent de la sécurité sociétale. Il fait remarquer que c’est sur cette question qu’internationalistes (c’est-à-dire, partisans de la distinction

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