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rcas, se refusant à être complice d'un pareil crime, révèle à tous l'effrayante vérité et le subterfuge d'Agamemnon pour tromper sa fille et éloigner Clytemnestre. Et c'est alors le magistral «Il l'attend à l'autel pour la sacrifier» qui tombe comme une saisissante prise de conscience de toute l'horreur de la pièce, et que suivent les cris : «Lui !» - «Sa fille !» - «Mon père» - «Ô ciel, quelle nouvelle». Outré que l'on ait abusé de son nom pour faire tomber Iphigénie dans un piège, Achille assure à la mère éplorée : «Votre fille vivra, je puis vous le prédire.» Agamemnon, se voyant démasqué, plaide misérablement sa cause devant Iphigénie, qui lui adresse de tendres reproches, et devant Clytemnestre qui n'épargne pas les injures. Il décide de faire évader les deux femmes. Mais, jalouse, Ériphile ne veut point renoncer à la mort de sa rivale et va dénoncer les projets de fuite à Calchas.

À l'acte V, Iphigénie, arrêtée alors qu'elle quittait Aulis, se résigne à la mort. Encore une fois Achille a pris des mesures pour la défendre de la cruauté de Calchas ; il la supplie de le suivre. Elle s'y refuse avec beaucoup de dignité. De son côté, la reine fait montre d'une douleur presque extravagante, qui lui fait dire : «Oui, je la défendrai contre toute l'armée.» Iphigénie lui fait ses adieux, et s'éloigne pour satisfaire aux exigences des dieux. Après que la reine indignée a appris de la bouche de sa suivante qu'Ériphile a embrassé le parti du devin Calchas et dénoncé Iphigénie au moment de sa fuite, Arcas vient annoncer qu'Achille s'emploie de tout son pouvoir à retarder l'instant du sacrifice. Enfin le coup de théâtre attendu permet à l'œuvre de finir dans une apothéose ; Ériphile a été reconnue comme une autre Iphigénie, fruit d'un mariage clandestin entre Thésée et Hélène, de telle sorte que l'oracle qui désignait pour victime «une fille du sang d'Hélène» s'éclaircit désormais. Pressée de faire un choix, l'armée la désigne au coup fatal. Elle devance le sacrificateur et se tue elle-même, laissant à leur joie Iphigénie, Clytemnestre et Achille.

Commentaire

S'inspirant des données de la tragédie d'Euripide, Racine revenait au mythe grec, après quatre pièces historiques. Mais la pièce est plus qu'un simple retour : elle représente l'irruption du sacré dans le cadre de la tragédie rationaliste française. Non que la dimension humaine soit absente : Iphigénie est toujours le lieu de l'affrontement des trois passions cardinales de la tragédie moderne, l'ambition (Agamemnon, Ulysse), la vengeance (Ériphile), l'amour (Iphigénie-Achille face à la passion jalouse d'Ériphile) ; tout possède une explication rationnelle, y compris le miracle final qui voit le sacrifice d'Ériphile en lieu et place d'Iphigénie. Mais, en même temps, tout se révèle conforme à l'avertissement des dieux, qui, à travers la liberté d'humains victimes de la fatalité de leurs passions, avaient annoncé tout ce qui allait se passer.

On peut regretter que Racine se soit laissé aller à une facilité dramatique en construisant le personnage d'Ériphile, jeune fille inconnue qui, par un quiproquo destiné à justifier un «deus ex machina» se révèle à la fin l'Iphigénie que la volonté divine appelait au sacrifice. En fait, Ériphile constitue la clé de la pièce, et ce sur un double plan.

D'une part, Ériphile et Iphigénie constituent le dédoublement d'un même personnage. De là un jeu subtil de distinctions et de ressemblances, dont on peut pousser l'analyse fort loin : elles sont liées parce qu'elles ne sont qu'une ; tout les sépare en apparence, tout les rapproche en vérité, comme l'indique clairement leur relation amoureuse respective avec Achille. Or, si elles s’opposent très exactement comme la nuit et le jour, c'est que, pour la pensée rationaliste française, Iphigénie ne peut être sacrifiée que si elle est coupable.

D'autre part, Ériphile permet de répondre à la traditionnelle question : Iphigénie est-elle une tragédie grecque?, en relevant qu'il s'agit d'abord d'une tragédie providentielle. Les dieux connaissent le destin des hommes, et Jupiter n'est pas muet : il suffirait de recoller les bribes de ce qu'il laisse entrevoir aux humains 'à propos de l'identité d'Ériphile. Achille accuse Agamemnon de lire de trop loin dans les secrets des dieux quand il dit qu'Ériphile est «une autre Hélène». Et Clytemnestre ne rappelle-t-elle pas que Calchas, l'interprète des dieux, a dit «mille fois» qu'une fille était née autrefois d'une union clandestine entre Thésée et Hélène, et

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