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Etude du roman Charlotte de David Foenkinos: En quoi ce rendez-vous montre-t-il la fragilité du personnage ?

Commentaire de texte : Etude du roman Charlotte de David Foenkinos: En quoi ce rendez-vous montre-t-il la fragilité du personnage ?. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoires

Par   •  28 Janvier 2021  •  Commentaire de texte  •  1 359 Mots (6 Pages)  •  1 562 Vues

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LA N°19 / S / Le rendez-vous, Charlotte, David Foenkinos

Charlotte est un roman de David Foenkinos, paru en 2014, qui retrace le parcours d’une artiste : Charlotte Solomon. De la naissance de sa vocation, aux drames familiaux qui émaillent son existence jusqu’à la montée en puissance du nazisme l’empêchant de s’épanouir en tant que peintre et en tant qu’être humain, le lecteur suit cette destinée tragique qui s’exprime dans une importante œuvre autobiographie : Vie ? ou Théâtre ? sur laquelle Foenkinos s’est énormément appuyé pour rédiger son roman. Dans ce chapitre, Alfred a donné rendez-vous à Charlotte à propos de son roman qu’il souhaite qu’elle illustre mais ce dernier, arrivé en retard, se comporte d’une manière discourtoise éveillant la tristesse de la jeune artiste.

Problématique possible : En quoi ce rendez-vous montre-t-il la fragilité du personnage ?

I/ Un rendez-vous opposant deux personnages

a/ L’impatience et l’appréhension de Charlotte

L’appréhension de Charlotte apparaît dès le début de l’extrait. Le rouge à lèvres qu’elle hésite à mettre avant le rendez-vous traduit son anxiété. L’interrogation : « Va-t-il se moquer d’elle ? » (v 2) montre qu’elle est obnubilée par Alfred et par l’opinion qu’il pourrait avoir d’elle. La phrase négative : « Elle ne sait comment il faut faire » (v 5) indique que chercher à être séduisante est inhabituel pour elle et cela la plonge dans une crainte absolue. Un manque de confiance est palpable chez la jeune femme. Le regard qu’elle porte sur elle-même est peu valorisant : « Personne ne la regarde jamais. » (v 7) Une fois arrivée dans le café, son impatience est perceptible : « Assise, ses yeux fixent la grande horloge. » (v 19) apparaissant même comme un peu inquiétante. Son existence entière semble dépendre de ce rendez-vous. Les deux questions rhétoriques (vers 22-23) mettent en évidence la hâte qui l’anime de retrouver Alfred mais également la peur d’avoir été oubliée : « A-t-il oublié ? / S’est-elle trompée de jour ? »

b/ La précipitation et l’impulsivité d’Alfred 

Lorsqu’Alfred arrive enfin, il agit avec précipitation. Plusieurs adverbes traduisent son empressement : « rapidement » (v 25), « instinctivement » (v 27), « déjà » (v 28) et « aussitôt » (v 34) Il prend la parole avant même d’être assis: « il est déjà en train de parler » (v 28). Contrairement à Charlotte qui intériorise ses sentiments, Alfred éprouve le besoin presque vital de formuler toutes ses pensées au risque de décontenancer son interlocuteur. Ses paroles sont, d’ailleurs, à l’inverse de l’héroïne, retranscrites au discours direct : « Je voulais te dire Charlotte » (v 41) comme pour rendre compte de cette nécessité de s’exprimer. Il se comporte de manière impulsive et ne respecte pas les codes sociaux de la rencontre. Son impolitesse est flagrante au vers 34 : « Le serveur apporte sa boisson, qu’il avale aussitôt. » Il semble se souvenir enfin de quelques règles de courtoisie lorsqu’il s’excuse pourtant l’impulsivité reprend le dessus comme le montre la conjonction de coordination : « mais » : « Mais il ne l’écoute pas. » Alors que l’existence de Charlotte semble dépendre de ce rendez-vous, la vie d’Alfred paraît dépendre de Kafka (grand écrivain du XXème siècle né en Autriche-Hongrie) dont il désigne l’œuvre par le substantif : « révélation » (v 41). Il part aussi vite qu’il est arrivé comme le montre la rapidité des vers : « Il se lève et annonce qu’il part / Il attrape au passage me carton à dessins. » v 64-65  L’opposition entre les deux personnages se révèle flagrante, faisant naître la désillusion de Charlotte.

II/ La désillusion de Charlotte

a/ Une immense déception

La déception de Charlotte est des plus grandes. Le rendez-vous avec Alfred était un moment attendu. Elle espérait un véritable échange, une complicité avec cet homme dont elle est amoureuse : « Ce qu’elle veut, c’est plaire à Alfred. » (v 16) Elle a passé des journées entières à peindre pour illustrer son livre et voudrait partager, avec lui, ses créations. Pourtant, le plus que parfait des vers 47 et 48 : « Elle avait prévu des choses à dire, des analyses. / Elle était prête à parler du roman d’Alfred » montre que ce rendez-vous n’est que déconvenue. Charlotte avait imaginé, s’était figurée un autre échange mais cette entrevue a un goût amer. Ce n’est rien autre que, le sentiment de Charlotte est traduit par le narrateur grâce à ce GN péjoratif : « le brouillon d’un rendez-vous. » En effet, l’impulsivité d’Alfred et son monologue sur Kafka désappointent l’héroïne. Les mots qu’il lui adresse sont centrés sur Kafka et témoignent de l’admiration du jeune homme pour l’écrivain : « Si tu lis bien ses livres, tu verras l’étonnement./ De la transformation, de l’arrestation, de lui-même. » (v 44-45) Charlotte demeure interdite face aux paroles d’Alfred. La communication entre les deux personnages est un échec et porte à son paroxysme la désillusion de la peintre. Le vers 46 : « Charlotte ne sait que répondre. » fait écho au vers 50 : « elle est dépourvue de mots ». Charlotte se retrouve spectatrice d’un rendez-vous qu’elle avait idéalisé et observe Alfred, lancé dans un monologue dont elle est exclue. Le regard qu’il daigne, enfin, porter sur son travail, plusieurs minutes après son arrivée, est humiliant : « Il jette un œil rapide au travail de Charlotte./ Puis il dit n’avoir pas le temps d’émettre un avis. » (v 59-60) L’adjectif « rapide » témoigne du manque d’intérêt apparent du jeune homme pour les gouaches de Charlotte alors que pourtant il : « est surpris par l’importance du travail effectué. » (v 53) Il part sans avoir formulé une parole encourageante, réconfortante à l’encontre de la jeune femme qui demeure avec pour seule compagne sa déception : « C’est déjà fini. » Sa désillusion la rend hagarde comme le montre le rythme binaire : v 70 « Charlotte demeure seule, hébétée. » et une tristesse extrême s’empare d’elle visible à travers le CC de cause du vers 76 : « Sa vision se brouille./ A cause des larmes dans ses yeux. »

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