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Explication du fragment 21 : Portrait de Periandre (étude du discours ironique)

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Par   •  19 Décembre 2022  •  Commentaire de texte  •  1 227 Mots (5 Pages)  •  720 Vues

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Explication du fragment 21 : Portrait de Periandre (étude du discours ironique)

Le texte porte sur la morgue des parvenus et sur leurs prétentions nobiliaires. Il s’agit ici d’un type, le personnage n’ayant aucun trait personnel mais représentant tous ceux de sa classe. Et c’est un portrait satirique, et la parole est ironique : La Bruyère feint d’être du côté de Périandre, de se féliciter avec lui (première partie, avec un effet constant de crescendo : c’est un personnage dont l’importance ne cesse de croître) ou de se lamenter avec lui (seconde partie avec effet inverse de dégonflement). On pourrait se demander ce qu’apporte de plus ce choix de faire coïncider sa parole avec celle de Périandre.

Un portrait de paroles

C’est ce qui frappe d’emblée : il s’agit de critiquer un certain comportement à partir d’un certain langage : le comportement est ramené à une prétention dans les mots :

- Le changement de situation correspond à un changement d’expression : « accorder son amitié »  devient « implorer sa protection » ; voyez aussi les trois termes de plus en plus forts qui marquent sa réussite : « rang / crédit / autorité » ; lui-même se qualifie successivement de « homme de ma sorte » puis « un homme de ma qualité ». Quant à sa demeure elle pose un problème de dénomination : « celle d’un particulier ?  un portique ? un temple ? » Enfin la mésaventure finale vient du langage aussi, mais celui d’un texte écrit (les pancartes) qui disent l’origine de celui qui est mort. Le problème de dénomination se repose alors encore : lui qui est « messire » se trouvera obligé de dire que son père n’est qu’un « noble homme » ou même qu’un « honorable homme ».

On saisit donc que ce qui intéresse La Bruyère c’est la façon dont le langage sert ou dessert l’ascension sociale.

Une énonciation satirique

Cependant tout cela est dit dans une énonciation ironique. Le narrateur feint soit d’admirer Périandre, soit de rapporter ses paroles en le justifiant de parler comme il fait :

- « on ne peut mieux user de sa fortune…etc » ce jugement est aussitôt expliqué. Mais ce qu’on entend n’est manifestement pas ce qu’on attendait d’un moraliste : cette fortune ne sert qu’à la propre glorification de Périandre. Elle lui donne « du rang, du crédit, de l’autorité ». Ainsi on comprend que le jugement énoncé est celui que Périandre porte sur lui-même et qu’en réalité le moraliste entend tout le contraire : « On ne peut plus mal... »

Quant aux propos rapportés directement « homme de ma sorte…etc. » c’est que dans ce siècle le « moi » est haïssable : s’il est possible de dire « homme de sa qualité, il est absolument impossible qu’un homme de qualité dise cela de lui-même (à la première personne) et donc transcrire telle quelle cette parole c’est la condamner implicitement. D’ailleurs ce qui suit « le « il se donne pour tel » traduit cette aberration du langage.

Encore un procédé ironique dans « la demeure est superbe » (comme si c’était avec le regard de Périandre que le narrateur la voyait). Mais elle ne correspond pas à aucun mot parce que c’est une construction aberrante. Ici le locuteur feint l’étonnement et la perplexité (alors qu’il s’agit du péché d’orgueil : un temple voué à son propre culte !)

Même procédé dans la phrase suivante : « il est le seigneur dominant… » donné comme une affirmation mais ce qui suit établit une discordance dans le contexte : en réalité personne ne l’admet : » c’est lui qu’on envie et don on voudrait voir la chute ».

Ce procédé de l’opposition de deux contextes contradictoires se voyait aussi un peu plus haut, dans l’affirmation généralisante « il n’y a personne qui s’oppose… » (= sans exception) alors que juste après le complément « de ceux… » impose une restriction et non des moindres « « à qui il prête…. ou qu’il reçoit à sa table qui est délicate » : on ne fait cas de lui que par intérêt  (argent ou repas choisi)

- dans la seconde partie du texte le narrateur confond encore sa voix avec celle de Périandre, dans une sorte de discours indirect libre « Que son père n’est-il mort… ». Pourtant on a entendu auparavant quelques petites discordances entre les deux voix : « Tout se soutient, rien encore ne se dément… ». Cet adverbe « encore » laisse présager un avenir sombre. De même dans les trois relatives « dans cette grandeur qu’il a acquise, dont il ne doit rien, qu’il a payée », l’éloge apparent (ce n’est pas un vol, il a payé pour cette grandeur) cache aux yeux du moraliste, et donc de son lecteur l’incompatibilité entre le terme de « grandeur » et les termes « acquise, payée » : la grandeur l’est de nature, on ne l’acquiert pas.

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